Maninkari - L'Océan rêve dans sa loisiveté (Deuxième session)

Publié le 24 Mars 2018

Maninkari - L'Océan rêve dans sa loisiveté (Deuxième session)

   Les frères Charlot, Frédéric et Olivier, proposent une seconde session de L'Océan rêve dans sa loisiveté, initialement sorti en 2014. C'est une authentique musique de transe, improvisée à l'aide de multiples instruments ; alto, violoncelle, cymbalum (instrument à cordes frappées de la famille des cithares), zurna (instrument de la famille des hautbois), synthétiseurs pour Frédéric, santour, cymbalum, marimba et synthétiseurs pour Olivier. Une belle alliance d'instruments traditionnels et contemporains, d'acoustique et d'électronique. Nous sommes en Orient, nous sommes ailleurs, chez les Soufis, dans des confréries mystiques immémoriales. Chaque improvisation flotte dans le temps, puissamment rythmée par des percussions lancinantes, dans une ambiance de rituel mystérieux. La troisième commence avec un jeu subtil de percussions diaphanes qui se répondent, s'enrichissent de sons cristallins, de vagues harmoniques. Je suis assez surpris que des musiciens comme ces deux-là ne soient pas plus connus que d'autres à la mode. L'atmosphère est grandiose, extatique, comme dans une cathédrale en pleine lévitation. Quand on écoute au casque à fort volume, c'est une splendeur ! La quatrième improvisation superpose pulsation rythmique et oscillations frénétiques des cordes. L'espace est comme déchiré, illuminé par un concentré de zébrures. Le santour et le cymbalum rayonnent sur la cinquième, toute en transparences augmentées par les synthétiseurs, comme une onde magique se répandant sur l'univers. Ambiance soufie pour la sixième, rythme effréné, réverbérations énormes, on est charrié dans un torrent puissant parcouru d'éclairs, sous-tendu par un grondement sourd. Avec la septième, on se repose un peu. L'ambiance se fait méditative, marquée par le jeu du bodhram-tar, des boucles insistantes, un échelonnement harmonique chatoyant en arrière-plan . Vous l'aurez compris, chaque improvisation a sa couleur propre, mais s'insère parfaitement dans un cycle parfaitement maîtrisé. Maninkari développe une musique visionnaire d'une extraordinaire richesse sonore, une musique qui a du souffle, qui vit, qui se moque de toutes les étiquettes. On les sent vibrer, ces deux-là, et on vibre à les écouter, sans jamais s'ennuyer, parce qu'il n'y a pas de recette, ils sont branchés sur le cosmos, en symbiose. Écoutez la neuvième improvisation, la plus longue, qui vaut bien des ragas. Quelle jubilation, quel divin emportement, on voudrait que cela ne finisse pas !

   Un océan de beauté ! Un chef d'œuvre !

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Paru en septembre 2017 chez Zoharum (label polonais de musique expérimentale, ambiante etc.) / 9 plages / 56 minutes environ.

Très belle couverture et illustration intérieure d'Olivier Charlot.

Pour aller plus loin :

- l'album en écoute et plus :

- Une des improvisations du duo :

(Liens mis à jour + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 28 septembre 2021)

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