Publié le 24 Février 2012

Half Asleep - Subtitles for the silent versions

Beauté grave

Half Asleep ? C'est une histoire qui remonte à 2002, quand Valérie Leclercq — qui signe paroles, musiques et arrangements — et sa sœur Oriane décident de passer des enregistrements sur cassette à celui d'un vrai disque, qui sort l'année suivante sous le titre palms and plums. Je manque apparemment une étape, mais j'attrape au vol (we are now) seated in profile, sorti en 2005. Sans doute l'un des disques que j'écoute le plus en ces temps. Je l'inscris dans ma courte liste rétrospective des disques de l'année 2005...juste derrière Steve Reich, et quelques monuments de ce début de vingt-et-unième siècle ! C'est une histoire qui remonte à la préhistoire...de ce blog, avant sa création en février 2007. Puis j'ai attendu. En mai 2011, Subtitles for the silent versions est dans les bacs. Je l'écoute, vite, et mal, déçu, pris par d'autres écoutes, d'autres préoccupations. Je le laisse dormir. Je le reprends voici peu, et je sombre, sous le charme. Envoûté, à nouveau, au point de l'écouter en boucle, comme enfermé dans cet univers intime, mélancolique, intense, beau. Il y a d'abord la voix de Valérie Leclercq, au grain très doux, grave, mais à peine, où l'on entend toujours le souffle : voix idéale pour les mélodies en demi-teintes, les atmosphères brumeuses, irréelles, voix des ballades entêtantes des grandes chanteuses folk. Servie par sa guitare ou son piano, qui dessinent des lignes mélodieuses, aux enlacements subtils : quelques motifs répétés, prolongés en échappées rêveuses, ponctués de contrepoints délicats, de trouvailles tout en finesse, aérés de moments de quasi silence. Autour d'elle, selon les titres, sa sœur qui la double dans des parties vocales troublantes, parfois avec une autre voix encore dans des a capella qui font songer à la musique vocale anglaise des anthems ou des musiques domestiques à la bouleversante simplicité. Ici ou là, le grave d'un trombone, la viole de gambe ou la clarinette de Colleen (Cécile Schott), une basse, flûte ou des percussions discrètes : des soulignements, des surgissements de texture qui correspondent toujours à une montée émotionnelle. Il ne s'agit jamais d'étourdir l'auditeur : chaque instrument est à sa place dans ces tissages patients qui sont autant de captation de l'ineffable sous l'évidence du chant, sa pureté tenue. Beaucoup de pièces commencent par une introduction méditative, à l'écoute de l'instrument soliste, de sa voix, avant que la voix humaine ne surgisse comme son prolongement naturel.

   Le développement se fait alors par paliers, par cercles d'une somptueuse douceur : la musique est ensorcellement, charme, comme, exemplairement, dans "The Bell", le second titre. La voix souffle un chant-caresse, un chant-capture, rejointe par elle-même et quelques traits de flûte veloutée, sur une mélodie jouée par un piano lumineux et grave, dans un mouvement d'une irrésistible lenteur, une marche extatique au bord du rien. J'en frissonne encore. Et tout le disque est ainsi. "The Fifth stage of sleep", juste après, est une merveille rêveuse, une plongée dans les différents cercles du sommeil, aux origines de la vie. Ce qui n'exclut pas des remontées vigoureuses, comme dans "For God's sake, let them go !", sorte d'illumination autour du feu dévorateur dans une transparence onirique qui meurt avant de renaître pour se fracturer le long de plaintes obsessionnelles démultipliées. La viole de gambe magnifie "De deux choses l'une", la voix serrée contre la guitare qui dit avoir vu vaciller soudainement des coteaux tranquilles sous la pression d'une vague : allusion au tsunami qui a ravagé le Japon ? au tremblement de terre de Haïti ? Ce qui bouleverse, c'est cette gravité qui force l'attention tout au long des mots égrenés, ce constat désabusé : « Now it seems the grimmer is the deed / The more lightly my feet carry me / But will you still comfort me ? / Knowing i still yearn for relief ». Face à l'effroyable, il faut convoquer la beauté : suit le très bref et incantatoire instrumental "Ceres Pluto eris",  au piano, dont la fin sonne comme du Alain Kremski.  

     À partir de l'extraordinaire "Mars (your nails and teeth)", à l'étonnante introduction à plusieurs voix tournant autour d'un seul couplet, suivie d'un triple décollage au piano, à la flûte alto et aux voix, deux voix masculines de gorge se surajoutant, le disque atteint des sommets rares. Beau duo avec Julian Angel sur "The Grass divides as with a comb", parsemé de moments flamboyants, et les voix s'élèvent, angéliques et suaves, dans un incroyable final éthéré. Je fonds totalement avec "Sea of Roofs", cette mélodie magnifique au piano, ce chant murmuré, ces cymbales miraculeuses, cette attention à ce qui appelle. Beauté désolée, poignante, un thrène très noble et digne : si loin du divertissement, de l'oubli auquel nous pousse la consommation d'informations-à-très-vite-effacer-je-vous-prie. Et "Personnalité H", quelle audace d'écrire aujourd'hui une telle polyphonie, un véritable motet, dans l'esprit des meilleurs morceaux de  Robert Wyatt ! Suivi d'une adaptation inspirée d'un fragment de poème d'Emily Dickinson, presque neuf minutes d'une folk ambiante qui s'enflamme et tourbillonne (je pensais alors à Phelan Shepard). Pour finir, un duo à la Lewis Caroll entre les deux sœurs sous le titre "[Une histoire d']astronautes-marins-pêcheurs", l'une exhortant l'autre à ne pas ruiner les illusions des hommes, l'autre se dénigrant tout en regardant avec une certaine ironie le monde qui l'environne. J'aime cette musique, parce qu'elle n'a pas peur d'affronter les zones d'ombre, qu'elle le fait avec pudeur et en même temps avec une détermination calme. De là sa beauté vraie, essentielle. Je comprends que gravite dans son cercle Matt Elliott, aux musiques si sombres et prenantes, engloutissantes au point qu'elles m'effraient parfois, elles. Ici, la chaleur de la ou des voix, la limpidité des lignes mélodiques, nous sauvent de la déréliction. Parce que l'humanité est là, dans les souffles et les timbres, la retenue et les élans, le soin attentif aux détails d'accompagnement, loin des artefacts et des recettes. Un des grands disques de 2011...et je suis sûr qu'il m'accompagnera bien au-delà.

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Paru en 2011 chez We are unique ! Records / 13 titres / 58 minutes

Pour aller plus loin

- le site d'Half Asleep : j'adore leur biographie facétieuse...

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 20 avril 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Pop-rock - dub et chansons alentours

Publié le 18 Février 2012

Mathias Delplanque - Passeports

    Premier article consacré à mes trouvailles par l'intermédiaire des réseaux sociaux, une manière de dénicher des artistes indépendants, expérimentateurs passionnés qui ont décidé de prendre leur destin artistique totalement en main. Mathias Delplanque, musicien de Nantes, travaille sous différents noms depuis les années quatre-vingt-dix dans le domaine des musiques électroacoustiques à base d'enregistrements de terrains. Passeports, son huitième album sous son propre nom, interroge les relations entre espace et musique, entre le son et son espace. Partant de sons captés dans des gares, des ports, des zones de transit, il les transporte chez lui, les rejoue dans les différentes pièces de sa maison. Il sont ainsi mixés avec les bruits domestiques.

    Il en résulte un album dense, prenant, combinant poussières sonores et drones. Rien d'aride ou de tristement prosaïque dans ce voyage. Chacune des sept plages, titrées "Passeports" de 1 à 7, est une plongée dans l'épaisseur d'un lieu devenu méconnaissable parce que littéralement traversé. Le train qui brinquebale sur les rails nous emmène plus loin que prévu, enveloppé de vecteurs sonores, porté par une aura luminescente. Comme si l'invisible, l'inaudible se manifestait enfin. Le musicien est magicien qui réenchante le quotidien en en révélant les sousbassements, l'extraordinaire beauté radieuse. La fin de "Passeport 2 (Lille) devient un hymne aux transports, croisant bruits d'avions et drones étincelants qui sonnent comme un orgue. Le titre suivant, à base de sons captés à Dieppe, prend les allures d'une mini-symphonie pour trompes de navire qui se mettent à onduler, à se croiser dans un ballet somptueux enrichi de voix, de cris de mouettes.

   Vraiment un choc que cet album beaucoup plus varié qu'on aurait pu s'y attendre, travaillé en finesse avec un sens remarquable des atmosphères : à chaque fois, on est embarqué, surpris par la qualité des textures, les pulsations subtiles qui animent ces paysages immenses. Car on respire dans ces espaces ouverts sur le rêve, parcourus de frémissements mystérieux, d'une vie sourde et douce. Aux antipodes de la musique industrielle, Mathias Delplanque nous entraîne dans un monde flottant. Chacune de ses plages est l'équivalent contemporain d'une ukiyo-e, une estampe sonore raffinée invitant à la méditation, à l'apaisement. Splendide !

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Paru en 2010, collaboration entre le label portugais Cronica et Bruit clair / 7 titres / 50 minutes

Pour aller plus loin

- le site de Mathias Delplanque

Trouvé sur son site :

« Nous sommes comme des aveugles dans une ville inconnue. Nous errons dans ses rues mais revenons bien des fois sur nos pas avant d’arriver au but. Je vois quelques ruelles qui ne mènent nulle part. Mais de nouvelles combinaisons apporteront peut-être la lumière. Un homme ne peut rien inventer qu’un autre ne puisse résoudre ».

Extrait du film  Manuscrit trouvé à Saragosse  de Wojciech J. Has (Discours de Don Pedro chez le cabaliste).

   J'adore et le livre de Jan Potocki, et le film que Has en a tiré...

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 20 avril 2021)

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Publié le 16 Février 2012

Douwe Eisenga - House of mirrors

   Beau titre qui touche juste pour ce nouvel album du compositeur minimaliste néerlandais Douwe Eisenga. Les amateurs de Douwe y retrouveront des pièces déjà enregistrées, réarrangées pour la formation de chambre italienne La Piccola Accademia degli Specchi, qui réclamait au compositeur des morceaux pour son répertoire. Douwe Eisenga a connu Matteo Sommacal, le directeur artistique de l'Ensemble, par l'intermédiaire d'un réseau social,  ayant vite perçu la convergence de leurs approches. La Piccola Accademia compte deux pianistes, une flûtiste, une saxophoniste, un violoniste et une violoncelliste.

   Le minimalisme aime les variations, on le sait. Faire le plus avec le moins. Alors, la même idée peut être déclinée pour deux pianos —comme dans The Piano Files, pour quatuor de saxophones — comme dans Music for Wiek, ou pour ensemble de chambre, ici, ce qui est d'ailleurs fréquent aussi bien dans la tradition classique en général. Là où les grincheux protestent et font les dédaigneux, c'est que cette école musicale aime la simplicité, au moins apparente. Le cœur d'une pièce peut se réduire à quatre ou cinq notes, combinées en motifs proches, répétés, décalés, inversés, tronqués, augmentés : la complexité est seconde, dans l'agencement. D'où la métaphore : toute composition minimaliste un peu étendue est une maison des miroirs. Certains sont agacés, surtout s'ils écoutent d'une oreille distraite. Les aficionados, dont je suis — vous l'aurez remarqué ! —, se régalent, se délectent, se prélassent avec volupté dans ces rêts serrés, fascinants. Et ici, me direz-vous ?

     Le disque s'ouvre sur le superbe "Motion", avec une belle attaque caracolante des deux pianos, bientôt reprise par les autres instruments : dynamique irrésistible, cercles langoureux escaladés tour à tour par un ou deux instruments qui se tiennent alors sur la crête, brèves suspensions comme des respirations dans le crescendo énergique. La "Passacaglia", après cet allegro, est un andante suave aéré par les phrases mélancoliques des pianos, les notes filées des cordes. Basée sur une sonate du compositeur néerlandais d'origine allemande Christian Ernst Graf (1723-1804), "La Musica del Giorno" prend la forme d'une danse enjôleuse, à l'exubérance proprement charmante : la musique nous enferme dans les développements de ses volutes, ne nous laissant aucun répit. "L'Atlante delle Nuvole" retravaille les thèmes de "Cloud Atlas" (pour deux pianos sur The Piano Files) mais aussi de Music for Wiek : chaleur du saxophone aux lignes sinueuses, piano sobrement percussif, flûte aux cercles veloutés, violoncelle calme et grave, violon en tant que rotor de cette sarabande irréelle, d'essence baroque au fond, tout en entrelacs, en reprises et envolées brumeuses ou miroitantes.Le plus long morceau avec ses seize minutes, "Kick", fait la part belle aux deux pianos dans son introduction d'un peu plus de trois minutes, marche légèrement claudicante, clapotante, épaulée par la flûte et le saxophone, avant un brutal emballement, ce tournoiement fou qui donne le vertige, toute la musique de Douwe tourne autour de cet emportement, cette entrée dans la ronde infernale et brillante, suivie de phrases ralenties dans l'attente pressentie d'une nouvelle irrésistible accélération. La vie est une succession de tours de manège plus ou moins rapides : pas question de descendre en route, si bien que l'on peut ressentir comme une panique à l'écoute de cette musique qui ne laisse guère le temps du doute. Sa douceur séductrice est au service d'une énergie au fond authentiquement violente, à laquelle on peut rester, cela m'arrive encore, extérieur : on écoute le manège tourner, étranger à cette férocité trop bien rodée, démultipliée jusqu'à la nausée. Le titre éponyme, en italien, donne la même impression en version courte : la majesté grave des phrases de violoncelle est laminée par la chevauchée épuisante. Vous voilà étonnés ? Je ne donne pas dans le dithyrambe, souvent homme varie : j'aimais hier, moins aujourd'hui ? Mais c'est surtout dû à ce que j'appelle l'effet Glass. Le minimalisme tourne parfois...en rond, se répète trop prévisiblement. Hier, j'extrayais le meilleur. Aujourd'hui, mon oreille est caustique, j'ai du mal à rentrer dans la ronde, sauf pour l'excellent "Motion". En somme, un disque agréable, non sans beautés, mais moins convaincant que les deux précédemment chroniqués : musique plus habile qu'habitée, trop narcissique à la longue ?  

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Paru en 2011 chez  Zefir Records / 6 titres / 56 minutes.

 

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

   Au passage, un coup de chapeau au label Tzadik fondé par John Zorn, et une pensée pour l'œuvre de Madge Gill (1882-1961), femme qui se disait inspirée par un esprit bienfaisant, "myrninerest", titre de l'album d'Ikue Mori auquel j'ai pensé en voyant un grand dessin sur un rouleau de calicot dans l'exposition "L'Europe des Esprits, La Fascination de l'occulte, 1750-1950", qui vient de s'achever au musée d'art moderne de Strasbourg (pour aller s'installer je crois à Berne : monumentale et superbe exposition !). En regardant cette œuvre (ci-dessous), je me dis qu'elle n'est pas sans rapport avec le minimalisme : multiplication en miroir de visages identiques ou quasiment, aspect labyrinthique de la composition, motifs répétés, décalés, horreur du vide, impression de tournoiement. Le dessin n'est pas daté, mais serait antérieur à 1958. 

Madge Gill, Encre de Chine sur calicot

Madge Gill, Encre de Chine sur calicot

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 20 avril 2021)

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Publié le 8 Février 2012

Jefferson Friedman - Quartets / Chiara String Quartet + Matmos

   Né en 1974 dans le Massachusetts, Jefferson Friedman appartient à cette génération de compositeurs contemporains évidemmment doués, couverts de prix, qui ne craignent pas de transporter la musique classique ailleurs, forts d'une implication dans des formations diverses, a priori éloignées du champ académique. C'est ainsi qu'il a travaillé avec des groupes de rock alternatif comme Shudder to think . New Amsterdam Records  a publié voici quelques mois deux de ses trois quatuors à cordes, interprétés par le Chiara String Quartet, accompagnés de deux remix par le duo de musique électronique Matmos, dont j'ai déjà signalé l'excellente collaboration avec So Percussion.

   L'album s'ouvre avec le quatuor n°2, de 1999. Le premier mouvement, d'une belle énergie,  emporte l'auditeur pour le déposer sur des plages de beauté irréelle, rêveuses, avant de le reprendre peu après dans son allegro puissant, tout en coups d'archet décidés. Le second montre d'emblée une richesse de coloris étonnante : lent et méditatif, il entrelace langoureusement les diverses voies des cordes, crée un climat de mystère avec ses brusques silences, ses reprises somptueuses soutenues par un violoncelle dans les graves. Le talent mélodique de Friedman éclate dans les thèmes envoûtants, déployés avec un sens rare des variations. Le dernier mouvement est éblouissant : pizzicati, cordes vibrantes dans les passages échevelés du début. Et puis un grand apaisement, un chant d'une incroyable pureté, le violon qui décolle dans des aigus fragiles, de belles virgules collectives, et une manière de nous reprendre dans un final endiablé. Le remix N°1 de Matmos offre un beau prolongement à ce quatuor, soulignant à plaisir son côté luxuriant, énigmatique, par des surgissements, des invasions intrigantes de percussions bondissantes, de stries sonores foisonnantes. Le titre "A Bruit secret Mix" témoigne d'une osmose intelligente avec la musique de Friedman, qui a travaillé avec le duo aussi sur un de leurs albums..

      Le quatuor n°3 présente une brève introduction tempétueuse, à la beauté rageuse, crissante, tout en enroulements virtuoses, prélude à un long second mouvement de plus de dix-sept minutes, extatique ou brillant. Un étonnant duo d'amour entre le violon et le violoncelle irradie au cœur de cet "Act" sa suavité langoureuse, le violon à nouveau envolé dans les aigus pour tisser une sorte de comète de cheveux d'ange qui se mettent à partir en vrilles acides, rejoints par l'autre violon, l'alto et le violoncelle dans un finale nerveux, farouche : pas question de tomber dans la mièvrerie avec Friedman ! L'oreille nettoyée par ce ballet, le troisième mouvement, "Epilogue / Lullaby", peut déployer sa merveilleuse berceuse. Sur un rembourrage de graves, l'équivalent de la tampura dans les ragas indiens, le violon évolue avec une indicible grâce pour une danse très lente, quasi immobile, sur le fil diaphane d'aigus prolongés. Matmos a échantillonné quelques passages de ce quatuor pour son deuxième remix, "Floor Plan Mix". Il met en valeur sa nervosité, mais aussi ses transparences, en ajoutant des sons de cloches, de gongs qui multiplient les plans. Des textures granuleuses, striées, en élargissent les fractures secrètes, si bien que leur travail nous entraîne de béance en béance, dans les sous-sols inquiétants des harmoniques refoulées. Belle recréation !

   Un disque idéalement singulier pour réconcilier amateurs de quatuors et fanatiques de paysages électroniques élaborés. Puristes, laissez-vous envahir par l'impureté !

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Paru en 2011 chez New Amsterdam Records / 8 titres / 63 minutes

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 15 avril 2021)

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