Psykick Lyrikah - Jamais trop tard

Publié le 17 Décembre 2013

Psykick Lyrikah - Jamais trop tard

Des lumières sous la pluie (2004), Acte (2007), Vu d'ici (2008), Derrière moi (2011), et maintenant Jamais trop tard...La ligne claire des titres, pour commencer, un tracé qui est aussi un peu de mon histoire de blogueur...

Meph. - Parce que tu t'es enflammé dès le premier disque déniché dans les bacs de ta radio.

Dio. - Oui. Il y avait la pochette, déjà, à la fois sombre, illuminée, au graphisme alambiqué. J'ai été attiré tout de suite. Et la première écoute a été une révélation. Un rap tellement différent, sensible et brûlant...

Meph. - Lyrique, en somme, dans le sens le plus noble.

Dio. - En effet. J'ai chroniqué avec enthousiasme chaque étape. J'ai vu Arm et Olivier Mellano en concert, je les ai rencontrés.

Meph. - Des gars bien, chaleureux et simples... Mais dis, tu es en train de nous entraîner dans une histoire édifiante ? Tu vas faire pleurer tes lecteurs, et puis tu ne dis pas tout...

Dio. - C'est drôle que ce soit toi...

Meph. - Quoi ?

Dio. - Dans le rôle du confesseur...

Meph. - J'adore prendre les bonnes âmes en flagrant délit de péché ! Ne détourne pas la conversation, accouche...

Dio. - Tu es dur avec moi !

Meph. - Je te rappelle à ta vocation de chroniqueur. Dire toute la vérité...

Dio. - Rien qui me déplaise plus que la critique négative !

Meph. - Tu permets que j'éclate de rire ? Quand tu te lances dans le disque, tu l'écoutes en entier, comme les autres fois.

Dio. - C'est vrai. Je suis pris par les paroles, l'énergie, la puissance de la vision. Voilà, « Des éclats de vie dans les yeux / Frapper les anges, les démons / Tu fuiras les deux / Récrire mieux les rêves et les histoires », c'est un programme formidable, auquel je souscris à nouveau sans réserve.

Meph. - Après "La minute qui suit", c'est "Invisibles", « Fantôme à nouveau, invisible, à crever les bombes / Y voir dans la pluie, le brouillard », avec la participation d'Iris.

Dio. - Excellent, comme d'habitude. Une musique qui nous explose à la gueule, apocalypse à l'horizon, rythmique puissante, zébrures. Le sang qui bout à l'écouter.

Meph. - Un début selon notre cœur !!

Dio. - J'ai un peu plus de mal avec "Jamais trop tard", le vocodeur lourdingue...

Meph. - Pauvre chéri qui n'a rien compris, c'est la voix des hommes-machines .

Dio. - Je veux bien, mais cette vision binaire...là, je décroche, je suis loin de ce combat qui me rappelle les plus mauvais films américains.

Meph. - J'ai cru reconnaître John Cale au début de "Décembre", superbe échantillon, suivi par un texte comme on aime : « J'ai gardé l'horizon pour moi / Ressenti le vent d'ailleurs / Ce qu'on pourra, c'est épouser demain / Le faire briller à sa valeur » et plus loin « Au creux des roches, sentir la pierre / Nourrir le feu avant de le perdre et qu'il ricoche », un désespoir et un combat « sans baisser les bras », croire encore au monde malgré tout...

Dio. - Le grand Arm, le cœur gros comme une étoile en feu, « Pourtant le cristal brillait », le regard tourné vers le ciel, le sens du temps qui nous désarme, des formules qui font mouche : « J'écrirai le sang pour fuir les drames flous", Christ d'un monde perdu...

Meph. - Et tu voulais garder ça pour toi ? Tu appelles ça une critique négative ?

Dio. - Surtout que j'aime bien "l'Interlude rouge", gauchement mélancolique.

Meph. - Ta délicatesse se braque ensuite ?

Dio. - C'est vrai que "Le souffle" me laisse partagé : trop de machines, un univers sous le signe de l'enfer et de la haine...

Meph. - Moi, j'adore !

Dio. - Je n'en doute pas ! En même temps, il y a de belles formules, une urgence hallucinée, des fragments d'une autobiographie ardente : « J'ai suivi les étoiles un soir sans retoucher ma voix / Laissé la lune m'enlever tout ce qui s'est tu en moi / J'aboierai cette nuit, cette fois comme toutes les autres », c'est Arm le Magnifique !

Meph. - " Les Marches de l'enfer" est de la même veine, en plus poussif...

Dio. - C'est que les marches sont dures à descendre, je suis aussi un peu distant, peut-être parce qu'entre temps j'ai écouté Mendelson, son triple album, je pense en particulier à "L'Échelle sociale". "Le soir pour toi", plus calme, à fleur d'émotion pourtant, ne me convainc pas musicalement, l'ambiance jazzy me paraît factice, inappropriée, et là, pour revenir à Mendelson, il faudrait une vraie unité de composition, une ligne électro-pop plus serrée, moins d'esbrouffe...

Meph. - La fin de ce titre est calamiteuse, non ?

Dio. - Ben oui, ça flotte dans le ouaté, ambiance lounge...Et puis "L'Interlude gris", ces sirènes et ces ronronnements...

Meph. - Dis-le, ce que tu regrettes...

Dio. - La guitare d'Olivier Mellano, créditée sur quatre titres, ne s'entend pas vraiment, noyée sous ce déluge machinique, alors je le dis, je regrette "Acte", le duo parfait entre la voix d'Arm et la guitare d'Olivier.

Meph. - Et que penses-tu de la grande messe rappeuse "Aux portes de la ville", titre choral avec les voix d'Al Benz et Almereyda ? Je te sens sur les charbons ardents...

Dio. - En farouche individualiste, ces allégeances tribales, ce culte des balafres et de l'espèce des guerrriers au mieux me fait sourire. Je reste aux portes...Quant à "Mon visage", la musique est inaudible, une succession de clichés, une mauvaise fête foraine !

Meph. - C'était dur à venir, mais tu finis par cracher le morceau !

Dio. - "La ligne rouge " n'arrange rien, c'est confus, lourd mortel. Je préfère encore les musiques industrielles !!

Meph. - C'est un peu mieux pour "Jour quinze", quand même...

Dio. - Oui, parce que la voix d'Arm est en avant, la ligne est plus claire. J'attends la suite avec mes oreilles d'amoureux déçu, je dis ça pour paraphraser Arm. Qu'il écarte tout ce fatras, qu'il nous assène tous ses mots dits, avec un ou deux chouettes musiciens pour souligner le propos, il n'a besoin de rien d'autre. Une guitare électrique fulgurante, pourquoi pas un piano ou un violoncelle, et on pleurerait d'une telle beauté...

Meph. - Avec la participation de Peter Broderick, le tout mixé par Nils Frahm ?  T'es un sacré rêveur, est-ce que ça serait encore du rap ?

Dio. - On se moque de l'étiquette, si elle colle à la musique pour l'aplatir. De l'épure, pas de la caricature !

Meph. - Alors, ton verdict ?

Dio. - Non mais, pour qui me prends-tu ?? Il n'est jamais trop tard pour rebondir, dit le proverbe dronésien (ici, clin d'œil appuyé).

Meph. - Je le dis à ta place, critique ectoplaste : la première moitié, ça va, ça brûle ; la seconde, rien ne va plus, on nous enfume. Tu as acheté le disque, tu l'as diffusé...

Dio. - Oui, bien sûr...c'est Arm, quand même ! Et rien à dire sur le livret, avec tous les textes, un visuel sobre, impeccable !

Meph. - Pour un peu, je dirais...Amen ! Au fait, il y a un trou dans ta discographie : tu as manqué "Acte II", paru en juin 2012, deuxième production du duo selon ton cœur...

Dio. - Mea culpa. Tu me fouetteras bien cette nuit ?

Meph. - Une vidéo de ce disque tu mettras sur ton blog pour ta pénitence !!

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Paru chez Ulysse Productions / Yotanka en 2013 / 14 titres / autour de 45 minutes

Pour aller plus loin

- Un extrait de "Acte II" pour me faire pardonner mes méchancetés. Exactement ce qu'on aime chez lui, et le grand Olivier...

 

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 28 juillet 2021)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Pop-rock - dub et chansons alentours

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