Midori Hirano - Minor Planet
Publié le 11 Octobre 2016
Née à Kyoto, Midori Hirano a étudié le piano dès le plus jeune âge. Elle a quitté le Japon pour Berlin où elle réside actuellement. Après avoir signé des musiques pour des films, des vidéos ou des spectacles de danse ainsi que plusieurs albums entre 2006 et aujourd'hui, elle sort sur le label berlinois sonic pieces son premier disque, Minor Planet.
La particularité de ses compositions est sa manière d'enrober les notes de piano d'un halo de sons électroniques et de terrain, créant une atmosphère veloutée, légèrement trouble. Dès "By the window", le monde semble perçu à travers une fenêtre embuée : la musique flotte au gré des douces ondulations des bribes mélodiques développées en boucles sur un fond de claviers.
L'effet s'intensifie sur "Night Travelling" : épais brouillard, piano plus lointain qui semble se dématérialiser, se fondre dans un nuage de sons eux-mêmes très irréels. On songe alors à certaines compositions d'Harold Budd. On marche doucement sur les traces des "Rabbits in the path" du titre suivant. La terre est meuble, tout pourrait peut-être s'effondrer tant les terriers s'entrecroisent sous nos pieds. Ne sont-ils pas, ces lapins, en train de danser pataudement dans la poussière qui monte au détour du chemin, là, enfin là plutôt, car on ne discerne que de vagues contours ? "Two Kites" est hanté par des sons erratiques en avant du piano cotonneux dont les accents se réduisent à de courtes phrases mélodiques brisées, revenant inlassablement à un point de départ s'éloignant. La pièce se termine avec le mystère de pas, de déplacements à peine audibles. Nous sommes loin d'ici.
Le ton change avec "She Was There". La musique s'est rapprochée. Nous y sommes, sur cette planète mineure. Les couches électroniques se croisent, pulsent fort, accompagnées de déchirures intenses, d'orages magnétiques. "Haiyuki" voit le bref retour du piano, porte-parole des esprits de l'autre monde, cette fois serti dans une électronique vive qui l'efface et que viennent ponctuer une énigmatique ponctuation grave, puis des picotements en rafales irrégulières, des sons éclatant dans l'espace. Indéniablement un excellent titre ! Mais "Rolling Moon" est tout aussi réussi, témoigne d'une belle maîtrise des matériaux électroniques. Sur un continuum, les textures se boursouflent, germent, créant un univers sonore absolument fascinant en perpétuelle métamorphose. C'est d'une grande beauté, avec quatre minutes hypnotiques, envoûtantes, pour finir cet album... que certains trouveront un peu court.
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Paru en septembre 2016 chez sonic pieces / 7 titres / 35 minutes.
Pour aller plus loin :
- le disque disponible et en écoute partielle (quatre premiers titres) sur bandcamp :
(Liens mis à jour + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 12 août 2021)