Kazuya Nagaya - Microscope of Heraclitus Reworks
Publié le 14 Avril 2021
Le compositeur japonais Kazuya Nagaya crée des compositions immersives en utilisant des cloches de bronze, des gongs et des bols chantants. Depuis son premier disque Utsuho en 1999, il a collaboré avec des moines bouddhistes pour des remixes avec le DJ Plastikman. Je le découvre indirectement à l'occasion de la sortie de cet album de remixes tirés de Microscope of Heraclitus, paru en 2018 chez le même label Indigo Raw.
Six remixes : six collaborations avec des artistes de la scène électronique. Il en résulte un disque un peu inégal, mais qui ne manque pas d'attrait. Le remix du titre éponyme par Murcof est un bijou ciselé qui développe une atmosphère mystérieuse de ferveur sombre. Transparences, résonances, grondements lointains : l'Orient transcendé par une électronique fine.
"Gravity", remixé par Coco Francavilla, joue plus sur une séduction facile, frôlant la mièvrerie avec une mélodie emphatiquement ralentie, mais en cours de route, on lui pardonne à moitié, il parvient à une certaine grandeur à coups de claviers déchaînés. Sans doute le point faible du disque, quand même. "Crossing Water", retravaillé par Michael Gary Dean, est plus réussi, parvenant à placer un piano assourdi dont on entend les marteaux, comme chez Nils Frahm et quelques autres. Le titre dégage une vraie mélancolie, une langueur veloutée. Ezekiel Hagar propose un "Rabbit Whispers Buddha" plus proche de l'original en gardant des cloches, des gongs, qu'il sertit dans des textures ambiantes raffinées, des nuages particulaires de drones. Musique austère, qu'on imagine bien sonoriser des temples inconnus à l'abandon dans des jungles inextricables, qui aurait pu servir de bande sonore à la dernière partie Apocalypse Now. Un grand moment ! Eviltapes nous donne un "The Buddha and the Rabbit" surgissant de bruits de forêts, avec un mystérieux diseur murmurant. La musique est d'une luxuriance trouble, discrètement hantée. Partout des bols chantants (ou des cloches) résonnent, sur un fond de broderies électroniques énigmatiques, troué de silences que vient rompre la voix comme une incantation. Les quatre dernières minutes se muent en quasi techno ouatée, frangée de claviers miroitants. Assez envoûtant ! Le disque se termine avec "Heretic Bibliography" par Mirus : superbe atmosphère sépulcrale et lumineuse à la fois, au rythme tribal et délicat, pour nous perdre à jamais !
Mes titres préférés : 1) Murcof, Ezekiel Hagar et Mirus. 2) Eviltapes et Michae Gary Dean
Paru en avril 2021 chez Indigo Raw / 6 plages / 45 minutes environ
Pour aller plus loin
- album en écoute et en vente sur bandcamp :