Christina Giannone - Zone 7

Publié le 23 Février 2022

Christina Giannone - Zone 7

   Les mauvaises langues diront qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil musical. Je le leur accorde volontiers. Il n'empêche que j'aime bien cet album, auquel je reprocherai plutôt ses courtes trente-et-une minutes. J'aurais aimé entendre d'autres zones... Christina Giannone ne manque pourtant pas de souffle. Ses fresques atmosphériques ont grande allure.

   Cette new-yorkaise crée des mondes sonores qu'elle considère comme des portails de nos expériences vécues, en marge ce que nous connaissons. Trois titres, dont celui retenu pour le disque, réfèrent à des "zones", lieux indéfinis quelque part au fond de nos consciences. Le premier renvoie à un "(pour) toujours", et le troisième, le plus long avec ses dix minutes serait un voyage stratosphérique...intérieur si l'on suit son propos. Toujours est-il que cette musique sombre est emportée par un souffle, disais-je, une fièvre, qu'elle est balayée par des vents cosmiques de particules, des oscillations. Il se passe quelque chose, les énergies strient l'espace, se vaporisent en rideaux de fumées. Écoutée à fort volume, elle a un relief étonnant, comme une sculpture vibrante qui traduirait des batailles invisibles. C'est son côté épique qui me frappe et me séduit, sa radicale noirceur qui, loin d'inciter au pessimisme, nous donne l'idée de forces vives au seuil d'un inconnu mystérieux. N'y cherchez pas des expérimentations, Christina Gianonne utilise les synthétiseurs et l'électronique avec une volontaire simplicité : les volutes sont amples, lentes, denses, saturées de drones, elles nous immergent, nous emmènent, elles sont comme l'émanation d'une transcendance familière partout répandue, jusqu'au fond de nous. Laissons-nous emporter, c'est si pur, pour un baptême d'azur noir.

Paru fin janvier 2022 chez Room40 / 5 plages / 31 minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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