Tom Lönnqvist - Aria

Publié le 17 Février 2022

Tom Lönnqvist - Aria

   Nocturnes crépusculaires

   Après Noir sorti en juin 2021, le finlandais Tom Lönnqvist sort un deuxième album à nouveau chez Mille Plateaux. Le titre surprendra, s'agissant d'une musique techno minimale. Pourtant, une aria, c'est  « une mélodie de chant généralement continu chantée par une seule personne, accompagnée d'un instrument ou d'un petit nombre d'instruments. » La mélodie est tenue par l'orgue en nappes flottantes, brumeuses, voyez la belle pochette. Mélodie monochrome, avec une note prolongée comme dans le premier titre, "Mauritum", piquetée par le martèlement techno puis envahie de poussières électroniques. Tout retourne au gris. "Monterey" déploie une techno plus radicale, mais bientôt une étrange douceur nimbe le paysage habité d'incidents sonores lovés dans le brouillard d'orgue. Tom Lönnqvist est le peintre musical de la nuit polaire, "Kaamos" en finlandais, d'où une esthétique se refusant aux séductions faciles.

   Indéniablement moins flamboyant que Noir, Aria est plus intériorisé, en demi-teintes, jouant avec une monotonie ascétique comme dans "Serima", le troisième titre. Le remixe du titre 1 proposé par Simona Zamboli en quatrième position vient réchauffer ce début assez glacial par ses outrances, ses stridences. L'espace est déchiré, haché, des voix caverneuses se font entendre comme si nous étions dans l'antre des démons. Haute tension réjouissante ! Et le titre éponyme revient à une brume hypnotique chargée de pluie électronique, l'orgue en retrait dans une aura crépusculaire : c'est de toute beauté, d'une beauté presque diaphane sur laquelle dansent des bribes mélodiques, si bien que je pense soudain, malgré le dépouillement du finlandais, à un artiste comme Pantha du Prince et à sa musique suavement carillonnante. "Hain" est une somptueuse ode à l'indistinction, à l'effacement, le battement techno se fondant dans les nappes d'orgue imprégnées de drones, crépitantes d'étincelles étouffées sur la fin. Avec "Lia", retour à "Mauritum", en plus austère encore, implacable dans sa lenteur peuplée de tournoiements électroniques.

De belles fresques épurées, vibrantes de lumière intérieure.

Paru en janvier 2022 chez Mille Plateaux / 7 plages / 41minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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