Slagr - Linde
Publié le 23 Mars 2022
Sixième album du trio norvégien Slagr, Linde est un album simple, qui repose d'un monde surchargé d'informations, de technologies, de bruits. Pas de logiciel ni d'électronique ici. Trois musiciens amoureux de leur(s) instrument(s) : Anne Hytta au violon Hardanger (variante norvégienne du violon, présentant en plus des quatre cordes habituelles, quatre ou cinq cordes sous-jacentes pour la résonance) ; Katrine Schiøtt au violoncelle ; Amund Sjølie Sveen au vibraphone et aux verres accordés. Huit titres paisibles, harmonieux, sensibles, à l'image de la signification du nom du trio, "slagr" signifiant "air" ou "mélodie". Les compositions prennent leur temps, égrènent des ritournelles intemporelles, certaines venues du folklore, donnant à l'auditeur des moments sereins de contemplation.
Le premier titre, "Glimmerskyer" signifierait "nuages de mica". Sur une trame répétitive de vibraphone et de verres accordés, le trio propose une musique folk contemporaine de très belle allure. Musique doucement envoûtante, colorée par un violoncelle langoureux et un violon... micassé ! Un air qu'on n'oublie pas, qui s'insinue jusqu'à l'âme. Suit "Tåke" ("Brouillard") : violon brumeux, violoncelle jouant avec retenue un air traditionnel, puis les verres accordés et leurs à-plats résonnants réveillent le violon qui s'envole brièvement avant une coda alanguie. "Søvniøs" ("Endormi") revient à une trame obsédante au vibraphone, rythmée par des frappements d'archets. Le violoncelle dans les graves explore les alentours du sommeil, il apaise toutes les craintes. Le temps peut passer, il n'est plus que douceur, joie mélodique pure. Le titre quatre, "Etterglød" ("Rémanence"), ressemble à une berceuse cristalline sur fond de cordes tremblées. Presque mièvre ? Presque, oui, au bord de l'inconscience, avec deux dernières minutes si délicates qu'ils sont pardonnés ! "Kime" joue avec de frêles résonances au bord du silence : titre magique, en apesanteur. Et "Legende" qui le suit tisse une toile élégante, aux ajours vibrants. L'harmonie, ce mot a un sens chez eux, chez ces artisans du beau son. C'est une veillée au coin du feu, l'heure de s'abandonner à une heureuse mélancolie. Des farfadets réveillent des sons sur "Linde" : verres frottés frétillants, cordes rêveuses... Une courte berceuse pour finir, c'est le sens du huitième titre, "Voggesang" : un brin élégiaque, mais discrète bien sûr, pour endormir petits et grands.
De la musique pour adoucir les mœurs en ces temps barbares, comme cela fait du bien ! Sans grande théorie, pour le plaisir de (ré)sonner ensemble.
Paru en mars 2022 chez Hubro Music / 8 plages / 40 minutes environ
Pour aller plus loin :
- album en écoute et en vente sur bandcamp :