Lawson & Merrill - Signals

Publié le 29 Juillet 2022

Lawson & Merrill - Signals

   David Margelin Lawson et David Merrill, ingénieurs du son et stylistes sonores, se sont rencontrés il y a longtemps déjà pendant des sessions d'enregistrement aux studios CityVox de New-York. Ils partageaient des goûts musicaux voisins : un intérêt passionné pour la musique électronique du milieu du vingtième siècle et des compositeurs comme Morton Subotnick, Éliane Radigue ou Steve Reich. Toutefois, ce n'est que récemment qu'ils ont commencé à partager des idées et à collaborer. Signals est le premier fruit de leur travail commun. Ils présentent l'album comme des "peintures soniques sculptées".

      Les instruments ? Toute une palette allant d'anciens synthétiseurs analogiques ou modulaires de collection à des ARPs et des Moogs modernes.

   L'album compte cinq titres assez longs, entre six et seize minutes. Une ample "Morning Meditation", le plus long titre, étire une toile ambiante chatoyante aux nuages de drones changeants, qui permet de déployer les couleurs et les timbres des différents synthétiseurs. Une manière de rompre avec le quotidien sous pression de nombre de nos contemporains, et par conséquent de se baigner dans ce flux magnifique et paisible.

   "A Day at the Beach" sculpte davantage les textures. Sur fond intermittent de vagues profondes surgissent des motifs mystérieux, les battements sourds d'oiseaux inconnus. Il y a un petit côté Tangerine Dream (celui des premiers disques) dans ce mini opéra au seuil de l'étrange, ces lentes volutes répétées dans un crescendo dramatique. On appréciera le contraste entre matières graves, épaisses, et surgissements striés d'aigus rayonnants. De toute beauté !

     L'eau, chuintante en pluie micro fine : c'est le début de "Rivière", pièce reichienne à la pulsation irrésistible. Les synthétiseurs combinent vives approches percussives et robes colorées, parfois froissées. Après un brève accalmie autour de dix minutes, la pulsation revient, enrichie d'un substrat de drones majestueux et de voix synthétiques - on les avait brièvement entendues au début, et en même temps plus alanguie, peuplée de petits événements sonores. Une autre grande réussite de l'album.

   Des vents se lèvent, une tourmente sombre, grandiose : "Dark Angel" est comme un puits de ténèbres bruissantes dans lequel chute une lumière étouffée, celle de Lucifer sans doute, au rayonnement trouble et inquiétant. Un ultime sursaut d'une splendeur explosive avant la disparition dans les vents du néant...

   La "Coda" finale, puissamment diaprée, est une sorte d'hymne énorme...aux charmes infinis des synthétiseurs rutilants !

   Après un premier titre ambiant que certains trouveront peut-être un peu convenu en dépit de ses indéniables attraits, un disque tout à fait réussi aux compositions colorées, sculptées en effet dans les moindres détails par deux amoureux (professionnels) du son.

Paru en juin 2022 chez Neuma Records / 5 plages / 57 minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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