Darkroom - Fallout 4
Publié le 13 Octobre 2022
Le duo Darkroom, né à la fin des années quatre-vingt dix pour écrire une musique de film (Daylight, en 1998), a aujourd'hui plus de dix albums à son actif. Michael Bearpark joue de la guitare et des pédales, et Andrew Ostler manie synthétiseur modulaire et ordinateur. Fallout 4 est le quatrième album de la série Fallout (le numéro 1 sorti en 2001).
Trois titres longs, entre presque quinze minutes et vingt-cinq minutes. Et pas une seconde d'ennui pour cette musique ambiante, atmosphérique, qui utilise intelligemment l'électronique pour nous plonger dans un univers sans cesse changeant, rythmé, chaleureux. Le premier titre, "It's Clear From the Air", commence par une belle introduction en glissendis superposés, doucement pulsés : c'est lumineux, tranquille, et vous voilà emportés dans un voyage coloré zébré de crissements de guitares, ondulé par les vagues de drones, de claviers et de guitare qui ne cessent de surgir. Quinze minutes de plaisir sonore !
Le second titre, "Quaanaaq (Parts 1 & 2)", le plus long, part sur des phrases de guitare en boucle sur un fond de drones épais. D'une atmosphérique plus noire, il se développe lentement autour de textures plus troubles. Après trois minutes, un double battement percussif, l'un sous forme d'une sorte de jappement, fait décoller le morceau, de fait pas très éloigné d'une techno ambiante bientôt soutenue par une batterie synthétique, ou de la musique d'un groupe comme CAN, dont l'ingénieur du son des Lost tapes du groupe, Jono Podmore, a assuré la mastérisation de l'album. La matière sonore s'enfle, se tord en boucles obsédantes, dans un flux qui ralentit autour de treize à quinze minutes, pour se recharger de lumières cosmiques vacillantes et repartir sur un rythme apaisé en décrivant de grands cercles grondants dans lesquels se lovent les notes de guitare et des éclairs. Toute cette seconde partie est une comète hantée d'une vie minuscule et superbe, la guitare dansant très doucement dans les nuages lourds plombés de brèves zébrures. La grande classe, avec une fin extatique !
Le dernier titre, "Tuesdays Ghost", est une longue dérive de guitares en virgules lumineuses, sur un fond cyclique de drones, ou inversement, le tout ponctué d'un battement profond plus ou moins espacé. On entend aussi des déformations électroniques de voix. Les sons graves montent, tournoient dans un ciel de plus en plus sombre. On est frappé par l'énergie farouche de ce flux parcouru d'incidents sonores, d'épaississements noirs, au tranchant trouble. C'est une musique exaltante, bouillonnante, au bord de l'explosion, qui pourrait durer toute la nuit. Du post-rock flamboyant, somptueux !
De quoi ouvrir nos nuits sur l'énergie infinie. Un disque inspiré magnifique.
Paru le 25 août 2022 chez Expert Sleepers / 3 plages / 42 minutes environ
Pour aller plus loin :
- album en écoute et en vente sur bandcamp :