John Mcguire - Pulse Music

Publié le 12 Août 2022

John Mcguire - Pulse Music

    Alors qu'on annonce pour fin septembre (en fait il est déjà disponible...) le dernier disque de Steve Reich, retour sur la notion de pulsation ou d'impulsion au cœur de sa musique et du minimalisme, avec la parution groupée pour la première fois des Pulse Music du compositeur américain John McGuire (né en 1942). Présenté comme cherchant une synthèse entre le sérialisme et le minimalisme et considéré par le critique et compositeur Kyle Gann comme postminimaliste, il a composé dans les années soixante-quinze quatre pièces intitulées Pulse, la dernière 108 Pulses inédite jusqu'à ce jour. Elles ont été réalisées électroniquement (sauf pour Pulse Music II) dans des studios allemands, John McGuire étant resté dans ce pays vingt-cinq ans avant de revenir aux États-Unis.

   Pulse Music I (1975-76) joint un dynamisme pendulaire marqué par l'orgue à un pointillisme électronique d'une grande vivacité. On dirait une musique scintillante, qui repart sans cesse de l'avant en chargeant au passage de nouvelles couleurs. L'impulsion informe le flux pluvial d'étoiles électroniques dans une sorte de mouvement perpétuel hypnotique. L'impression de papillotement n'est pas sans générer un indéniable effet psychédélique.

   Pulse Music II (1975-77) est le seul de la série à n'être pas électronique. Il fut écrit pour quatre pianos et petit Orchestre. Commandé rétrospectivement par le compositeur Hans Otte pour son festival Pro Musica Nova de Radio Brême, il compte Herbert Henck, dont j'ai suivi longtemps la discographie, parmi les quatre pianistes de l'unique concert conservé dans les archives et aujourd'hui enfin publié dans ce disque. Les rythmes sont ralentis pour les instrumentistes, ce qui donne une grande composition chatoyante aux clapotements océaniques, dont l'esprit n'est pas très éloigné des musiques pour grands ensembles de Steve Reich. Les glissades colorées des instruments de l'ensemble, soutenues par le massif harmonique et rythmique des pianos, donnent à cette avancée une allure orientale peut-être pas si imprévue dans l'œuvre du compositeur.

Le compositeur en 1978

Le compositeur en 1978

    Avec Pulse Music III (1978-79), nous revenons au pointillisme électronique et aux brusques changements de tempo. Sur un bourdon de drones, la musique caracole, miroite, clignote, se diffracte en micro-segments,. Parfois, l'ensemble se met à gronder, les sonorités se courbent, sortent pressées comme d'un tube, perles colorées collées l'une à l'autre. Musique jubilante que celle de John McGuire ! Joie pure et prolongée ! Vers dix minutes, la musique semble se disloquer, hésiter sur place dans une stase illuminée. Toujours l'impulsion la relance, le rythme s'accélère, tout se bouscule et fuit sous forme de traînées de grains sonores. Aussi euphorisant que Pulse Music I, avec un grain de folie et de démesure en plus, il évoque pour mes oreilles l'univers de Conlon Nancarrow, qui s'intéressa tant aux pianos mécaniques. Hallucinante coda accelerando...

    Pour la première fois, nous découvrons 108 Pulses, boucle répétitive unique de vingt minutes, pièce conceptuelle ou schéma abstrait si l'on veut. Pour les amateurs, dont je suis, c'est une expérience d'écoute formidable, la danse extatique de la boucle dans laquelle tous les sons se fondent en se succédant de manière très rapide. Ce précipité sonore absolument jubilatoire est une vraie musique de transe !

   Un album important pour mieux connaître le minimalisme et la musique électronique des années soixante-dix. Une musique d'une incroyable fraîcheur réjouissante !

 

Paru fin avril 2022 pour le cd, vinyl en octobre chez Unseen Worlds   /  4 plages / 1 heure 27 minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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