Keda - Flow

Publié le 10 Février 2023

Keda - Flow

   KEDA est le nom du duo constitué par la coréenne E'Joung-Ju, installée en France et directrice artistique du festival "Printemps coréen" de Nantes, et par  le musicien électronique Mathias Delplanque, auquel j'ai déjà consacré plusieurs articles, dont celui-ci (avant de le perdre un peu de vue dans l'actualité foisonnante...). La musicienne coréenne joue du geomungo, une cithare dite "grue noire" traditionnelle à six cordes. Flow, leur troisième disque chez Parenthèses Records, est la bande-son d'un spectacle de danse contemporaine de la compagnie suisse Linga. Ce spectacle est inspiré par les mouvements de groupe incroyables de certains animaux, comme les poissons en bancs, les oiseux en nuées, les insectes en essaims, qui effectuent à la faveur de ces déplacements impeccablement coordonnés des ballets ondoyants d'une grâce stupéfiante. Il se trouve que j'ai assisté, voici une semaine, à un soleil noir (c'est l'un des noms que l'on donne à ces formations mouvantes) de dizaines (centaines ?) de milliers d'étourneaux-sansonnets. J'étais fasciné, émerveillé par le spectacle offert par la nature. Je comprends d'autant mieux le projet de la compagnie de danse !

E'Joung-Ju au geomungo / E'Joung-Ju et Mathias Delplanque
E'Joung-Ju au geomungo / E'Joung-Ju et Mathias Delplanque

E'Joung-Ju au geomungo / E'Joung-Ju et Mathias Delplanque

   Le disque, un peu court, peut s'apprécier indépendamment du spectacle (je n'ai vu que les oiseaux !). La musique est prenante, très mystérieuse dans sa première partie. On sent un frémissement, comme l'approche du groupe d'animaux. La cithare, méditative, griffe la toile sombre, grésillante. Avec la deuxième partie, la nuée s'approche, la musique gronde sourdement, zébrée de lents coups d'archets sur la cithare. L'électronique ondoyante des drones enveloppe le geomungo de plus en plus déchaîné, dans un puissant crescendo d'ambiante incandescente. Superbe morceau, suivi d'un solo de la cithare en guise de troisième partie, ce qui permet de découvrir cet instrument étonnant, joué en un plectre. La dernière partie nous entraîne dans l'espace (ou dans des ondes) pour une danse hypnotique. L'électronique vibre, vrombit en toile de fond, crée des nuages de particules, la cithare-geomungo se contorsionne, frappe, on dirait presque qu'elle va parler dans le chuintement des courants mouvants, le balancement rythmé d'une frénésie sacrée.

   Une belle rencontre entre un instrument millénaire et l'électronique la plus contemporaine !

Paru en décembre 2022 chez Parenthèses Records / 4 plages / 26 minutes environ

Pour aller plus loin :

- disque en écoute et en vente sur bandcamp :

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