Illuha (3) - Tobira
Publié le 11 Septembre 2023
Illuha ? Le japonais Tomoyoshi Date et l'artiste sonore américain Corey Fuller (dont la famille s'est installée au Japon depuis 1983) se sont rencontrés en 2006. Après Shizuku, premier album de leur duo ILLUHA enregistré dans une vieille église, sorti en 2011, et Interstices en 2013, puis Akari en 2014, j'avais un peu perdu leur trace, ayant manqué leur collaboration avec Ryuichi Sakamoto et Taylor Deupree en 2015. Les revoici donc tous les deux avec Tobira (Porte / Ouverture) , ou plutôt tous les trois avec la collaboration du percussionniste Tatsuhisa Yanmamoto, toujours chez 12K. Les deux hommes cherchent de nouveaux territoires sonores. La palette électro-acoustique d'Illuha se trouve soutenue par la structure rythmique donnée par la batterie de Tatsyhisa, à la touche légère, enregistrée avec les micros très proches.
Illuha : bulles d'illusions, gazes délicates, arabesques élégantes. De l'ambiante parfois spatiale ciselée avec un sens du détail des textures . Sur ce nouveau disque la présence de la batterie, frottée, jouée presque comme du koto ou du bout des doigts, surprendra les admirateurs du duo. Mais loin de détruire le calme rêveur de ces toiles atmosphériques, elle place des amers, des repères permettant aux constructions fragiles du duo de flotter en toute quiétude, comme sur Roji, le second titre. Le très beau "Nijiriguchi" (titre 4) devrait d'ailleurs les rassurer : on baigne dans une rêverie étirée que la batterie vient coudre, ourler de ses frappes frémissantes et tranquilles. Et le piano de Tomoyoshi donne à "Monkou" (titre 5) un côté Harold Budd qui en séduira plus d'un ! Du grand Illuha ! "Okurirei" s'ouvre sur un solo épuré de batterie en guise d'ouverture à une composition planante et grandiose, mystérieuse, émaillée d'autres percussions cristallines.
Un disque d'Illuha impur, de l'Illuha quand même, et c'est une joie de les retrouver.
Paraît le 22 septembre 2023 chez 12K (New-York) / 6 plages / 54 minutes environ
Pour aller plus loin
- album en écoute et en vente sur bandcamp :
Le sublime Perpetual (paru en 2015) en collaboration avec Ryuichi Sakamoto et Taylor Deupree, illustré très justement avec une image de film d'Andréi Tarkovski :