Madeleine Cocolas - Bodies

Publié le 11 Avril 2024

Madeleine Cocolas - Bodies

Après Spectral juillet 2022), la compositrice australienne Madeleine Cocolas poursuit son travail d'intrication de sons de terrains et d'électronique. Elle présente ainsi son nouveau disque Bodies (Corps) :

 « Les œuvres intègrent des bruits d'eau que j'ai enregistrés lors de récents voyages sur la côte australienne ainsi que des ruisseaux et des cascades dans l'extrême nord du Queensland. J'ai pris ces enregistrements et d'autres enregistrements de ma voix et de ma respiration et je les ai fortement traités avec des synthés et de l'électronique afin que les frontières entre les enregistrements sur le terrain, le chant et l'électronique soient également floues. Ensemble, ces sons créent des collages sonores qui se déplacent de manière à imiter les cycles rythmiques que l'on retrouve à la fois dans l'eau et chez les humains, tels que les vagues, les impulsions et les courants. »

Madeleine Cocolas par Vanessa van Dalsen

Madeleine Cocolas par Vanessa van Dalsen

   Attention : chef d'œuvre !

   Bodies comprend six titres assez développés pour apprécier la beauté des textures, la mélodie des matières flottantes. Dès "Bodies I" (titre 1), l'osmose entre enregistrements et traitements est impressionnante. La musique est tout simplement grandiose : la voix est coulée dans les vagues irisées, scintillantes comme des étoiles englouties dans les profondeurs. J'en frémis de bonheur ! "Drift" (titre 2, Dérive) s'ouvre sur des gargouillis liquides, vite recouverts de sons syncopés de synthétiseurs, démultipliés, si bien qu'il devient un envoûtant et majestueux hymne minimaliste ambiant.

   "The Creek" (titre 3, Le Ruisseau) métamorphose le milieu liquide en l'approfondissant, le creusant de mouvements abyssaux. Voix, drones et vagues tournent lentement dans un ballet émaillé de quelques craquements. Plus noir, plus mystérieux, "A Current Runs Through" (titre 4, Passage de courant), nous entraîne dans l'épaisseur granuleuse de micro-bulles et les poussées formidables des flux à la limite de la vaporisation lumineuse.

   "Exhale" (titre 5, Expire) mêle frêle respiration de la compositrice et bouillonnements sourds, battements, créant un beau contraste entre fragilité et force, grâce et superbe. La seconde partie du titre fusionne les composantes dans une navigation de plus en plus fulgurante terminée par la respiration augmentée en un quasi râle.

   Et c'est "Bodies II" (titre 6), extraordinaire chant de sirènes sous-marines, qui a inspiré la magistrale vidéo de présentation de Room40 [ Cette vidéo ne prend en compte que la première partie ]. Madeleine Cocolas signe un chef d'œuvre. On entend rarement pareille musique convulsive, suite d'explosions, de feux d'artifices d'une splendeur sidérante, qu'un passage de relatif silence sépare de l'épiphanie d'une polyphonie de voix séraphiques, sous-tendue par des bourdons solennels.

   Avec Madeleine Cocolas, corps des eaux et corps humain(s) s'épousent pour créer une musique d'une beauté illuminée, aux flamboiements visionnaires. MAGNIFIQUE !

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Titres préférés : 1) "Bodies II" (titre 6) et "Drift" (titre 2)

2) "Bodies I" (titre 1) et "Exhale" (titre 5) ...et les deux qui restent sont mieux que bien !

  

Paraît le 12 avril 2024 chez Room40 (Brisbane, Australie) / 6 plages / 41 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Ambiantes - Électroniques

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