Andreas Trobollowitsch - Truba

Publié le 3 Août 2024

Andreas Trobollowitsch - Truba
Le compositeur Andreas Trobollowitsch

Le compositeur Andreas Trobollowitsch

Brève estivale 2... pour les injustement oubliés d'une actualité discographique surabondante.

Un disque court, tant pis. Un disque qui me court dans la tête, c'est ce qui compte. Et ce malgré les deux trompettes. Mais imaginez, à partir de l'installation, conçue pour mettre en œuvre l'alchimie sonore des objets en rotation au cœur de la curiosité du compositeur : une installation sonore basée sur un plateau tournant de deux mètres de diamètre. La musique qui en émane est composée par deux trompettistes assis sur sa surface colossale, tournés vers l'extérieur et tournant en rond à une vitesse tranquille de huit tours par minute. Ils tournent régulièrement devant six trous, chacun d'eux de seize centimètres de diamètre, qui sont eux-mêmes les ouvertures de tuyaux de quatre à six mètres de long, disposés radialement autour de ce gyroscope sonore dans une charmante construction conçue avec un sens aigu des idiosyncrasies des matériaux utilisés. Les tuyaux transforment les impulsions acoustiques des instruments, organisées selon une partition écrite spéciale et enrichies de l'énergie résonnante des matériaux utilisés dans la construction, en une vaste topographie acoustique de nuages ​​sonores errants, superposés et se pénétrant mutuellement, pulsant de manière floue et en flux constant, à travers lesquels le public se promène.

À dire vrai, je n'imagine rien, j'écoute le résultat, fasciné. Les deux trompettistes sont Alex Kranabetter et Martin Eberle, également co-compositeurs du titre enregistré en direct à la Zacherlfabrik de Vienne.

Sur "Seitenhieb", le premier titre, j'entends un ballet de frelons, une lancinante ritournelle d'appels. Le monde tourne, jusqu'au vertige.

Le second titre,  éponyme, "Truba", est le plus beau. Les trompettes chantent, tissent l'arrière-plan d'une vêture harmonique mouvante, d'essence minimaliste, tandis qu'au premier plan des bruits, des sons percussifs ponctuent cet hymne envoûtant, lui donnant une dimension étrange et déchirante. On dirait du Wim Mertens joué sur des platines grinçantes !

"U" crépite comme le feu, ronfle, respire, les trompettes tournant de temps à autre dans le ciel au-dessus de cette marmite tapissée de bourdons : c'est très minimal, énigmatique petite musique magmatique.

Le quatrième titre, le plus long, en direct, couple crépitements bruitistes et frelons tournoyants. La dimension rotative, très sensible, est cassée par des intrusions brutales de creux, véritables creusets d'une alchimie tâtonnante : musique en reconstruction, proche du free jazz, d'une fraîcheur un peu folle, toute éructante de boursouflures volontiers grotesques. Et ça prend, comme une bonne mayonnaise. Surprenant !

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   Le disque n'est pas l'installation, c'est sûr ! Il ne manque pas d'être à la fois prenant, déconcertant et assez jubilatoire.

Rien à vous proposer d'autre que la page Bandcamp de l'album.

Paru en mai 2024 chez Futura Resistenza (Bruxelles, Belgique) / 4 plages / 30 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Contemporaines - Expérimentales

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