Jocelyn Robert (4) - L'Océante
Publié le 8 Août 2024
Brève estivale 4... pour les injustement oubliés d'une actualité discographique surabondante.
Je suis chez moi chez Jocelyn Robert, ce musicien québécois dont les couvertures me ravissent. Qu'il soit au piano dans Les Dimanches (2021), au piano disklavier dans immobile et Versöhnungskirche (2012), ou à l'orgue comme ici. L'Océante est paru en juillet 2022, il était temps d'en rendre compte, même brièvement ! Ce double album, enregistré à l'orgue Cassavant du Palais Montcalm, à Québec, contient dix pièces (deux fois cinq) liées à deux villes de mer, Québec et Guérande. Le premier disque, titré « Après le déluge » a été commencé à Québec et terminé à Guérande, c'est l'inverse pour « Les Marais salants ». Il fait partie de plein jeu, une série d'explorations où se rencontrent l'informatique et l'orgue à tuyaux, je ne saurais vous en dire plus : à l'oreille, j'entends de l'orgue... et quelques dérives flottantes comme au début de "Les Adieux"...
Je réécoutais en travaillant des photographies de l'exposition "Mexica" (au musée du Quai Branly, Paris) et je me suis dit qu'il y avait dans les expérimentations de Jocelyn Robert quelque chose d'aztèque, ce mélange de culte solaire et de peur de l'eau (titre 4), de prières balbutiantes sur des autels sanglants et de grandes contemplations cosmiques, ce "Champ d'étoiles" (titre 5) d'abord flou qui devient comme un mantra ou ce minimaliste et proliférant "Retour à Barkelbos" (titre 2), l'une des meilleures pièces de l'album.
C'est une musique chercheuse, elle tâtonne, hésite, puis se lance, revient sur elle-même, jamais sûre de rien. "L'Appel du large" (titre 9) se développe ainsi. On s'aperçoit soudain que les amarres sont larguées, qu'on est loin déjà, comme happés...
Je ne terminerai pas cette Brève sans dire ma joie de lire de beaux titres français. C'est à un Québécois que nous la devons, cette joie, les Français ayant trop souvent abandonnés leur langue. Je me plonge ainsi dans la nuit de l'arbre à lumière (titre 10), où la lumière joue avec l'ombre dans un feuilletage tremblant de toute beauté.
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Une première écoute ne suffit pas. Persévérez, ouvrez les oreilles. L'Océante finira par vous apparaître, à genoux sur les dalles humides des Grandes marées !
Nota : sur Bandcamp, l'ordre des disques est inversé, , « Les Marais salants » précède « Après le déluge »
Paru en juillet 2022 chez Merles (Québec, Canada) / 2 cds / 10 plages / 1 heure et 22 minutes environ
Pour aller plus loin
- album en écoute et en vente sur Bandcamp :