Christophe Havard et Jocelyn Robert (5) - Constellation Guérande

Publié le 2 Octobre 2024

Christophe Havard et Jocelyn Robert (5) - Constellation Guérande

[À propos du disque et des compositeurs] 

   Constellation Guérande, pour orgue à tuyaux, est le fruit de la collaboration entre Jocelyn Robert, compositeur et fondateur d'Avatar (Centre d'art audio et électronique à Québec, ville) et Christophe Havard, compositeur et créateur sonore associé à Athénor (Centre national de création musicale à Saint-Nazaire, France). Les deux musiciens explorent les nouvelles possibilités offertes par cet orgue augmenté (chaque commande électrique a la possibilité d'être actionnée électroniquement).

   Réalisée spécifiquement pour la collégiale Saint-Aubin de Guérande, elle a été interprétée en public à plusieurs reprises le samedi 30 avril 2022  dans un parcours nomade à l'intérieur de la collégiale et à l'extérieur (sons du marché du samedi, atmosphère calme du soir, tenant compte de l'acoustique et de la porosité des espaces traversés, parcours que le public était invité à suivre), avant dans un second temps d'être retravaillée dans les studios d'Avatar à partir des enregistrements des concerts. C'est cette nouvelle version, portant le même titre, qui est enregistrée sur la clé USB. Composition et programmation logicielle de Jocelyn Robert ; déambulation, microphones et enregistrements de base de Christophe Havard. Mixage en commun en studio de la pièce finale.

   On entend donc un montage associant la partition et, plus ou moins, les bruits et atmosphères de la ville modifiés au fil de la journée. Le titre donné, Constellation Guérande, vient du parcours dessinant une constellation (voir la couverture du disque).

La Collégiale Saint-Aubin à Guérande (Québec)

La Collégiale Saint-Aubin à Guérande (Québec)

L'orgue de la collégiale

L'orgue de la collégiale

Christophe Havard, à gauche, et Jocelyn Robert au centre

Christophe Havard, à gauche, et Jocelyn Robert au centre

[L'impression des oreilles]

Remarque préliminaire : l'auditeur de l'œuvre n'est pas in situ, il lui faudra donc de l'imagination pour reconstituer le parcours, l'environnement, à partir des bruits enregistrés avec elle, ou de toute manière accepter cet accompagnement sonore de la musique. À écouter de préférence au casque...

Une musique céleste

   L'œuvre commence très doucement, une ou deux notes à peine touchées, en boucle, comme un appel à l'écoute venu du fond de l'orgue. Puis une troisième monte, plus longue, avec en sourdine un bourdon discontinu. Vers huit minutes, l'instrument donne de la puissance tout en gardant un velouté à frissonner. Et c'est un chant d'humilité qui se déploie en longues boucles. Sur une base de graves, des aigus dessinent des figures un peu tremblées. Revient l'appel du début, refrain structurant, plus étoffé, enveloppé de sons d'ambiance, avant une deuxième poussée, profonde, sur une ondulation bourdonnante. Ce qui frappe, c'est la suavité de cette musique que les bruits environnants n'atteignent pas, car elle est sur un autre plan, transcendant. Je dirai qu'elle les élève, leur donne une noblesse qu'ils n'ont pas. On se laisse porter par ce flux ineffable qui, même entendu de l'extérieur de la collégiale, met son baume sur toutes choses. Lorsque la musique semble perdue, une rémanence plane, c'est le sacré qui auréole les activités profanes quotidiennes. Et elle revient, bourdon à peine audible sous les cloches qui sonnent, elle est là derrière les murs, on comprend qu'elle durera toujours, qu'elle est l'émanation du temps divin.

 

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Une splendeur...

L'intérieur de la collégiale

L'intérieur de la collégiale

Paru en septembre 2023 chez merles (Québec, Canada) / 1 plage / 48 minutes environ // Carte USB avec sons et images

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

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