Ken Field - The Canopy

Publié le 7 Novembre 2024

Ken Field - The Canopy

    Saxophoniste, flûtiste, percussionniste et compositeur, Ken Field dirige le Revolutionary Snake Ensemble, un orchestre de cuivres inspiré par la musique de la Nouvelle-Orléans et participe à de nombreux projets autour du jazz. Mes lecteurs s'étonneront : du saxophone, du jazz dans ces colonnes ! Ce n'est pas fréquent, je le reconnais. Mais j'ai été séduit par le charmeur de serpent, que voulez-vous...

The Canopy répond à une commande de la danseuse et chorégraphe Joanie Block pour son spectacle Under the Canopy, orienté vers les expressions de l'amour, de la perte, de la force morale des membres de la communauté de danseurs de Boston. N'ayant pas vu le spectacle, je ne rends compte que de mon écoute...Précisons que Ken Field joue de tous les instruments, qu'il a tout arrangé et enregistré.

Ken Field

Ken Field

   Des maracas, puis entre le saxophone : c'est "The Serving", quasi solo très orientalisant. Le charmeur nous fait entrer dans la danse par une mélopée simple et chaleureuse. On est d'autant plus surpris par le second titre, "Also Known As", aux guitares superposées : pièce presque méditative, aux résonances magnifiques. Un trio de saxophones enchante "Laevinic Defeat" (titre 3), rythmé par une percussion sourde et une percussion manuelle (sorte de maracas, à nouveau) : c'est une rêverie langoureuse, mystérieuse.

 

"Culture" associe en trois brefs mouvements enchaînés marimba, flûte, clarinette de bambou (?) et une boucle de clavier dans une composition dansante, mélodieuse, comme une invitation à la joie. Ce qui séduit dans ce disque, c'est l'évidence d'une musique concentrée sur l'essentiel, le plaisir de jouer pour nous réjouir. Écoutez "Four Words"(titre 5), un solo de saxophone au ras du souffle, de ses dérapés : une beauté simple et sans appareil. La clarinette en bambou, démultipliée, fait merveille sur "Mirror" (titre 6), somptueux andante élégiaque, tandis que sur "Day by Day" le saxophone, en trio à nouveau, tisse une toile arachnéenne (voir la couverture du disque) de souffles, comme une métaphore du temps qui passe et se dissipe dans les airs. "Deluge"(titre 8) se démarque par le retour du clavier (piano), puis de la flûte. La pièce est essentiellement un duo, lui-même au moins dédoublé : l'après-midi d'un faune, cache-cache espiègle et poursuite. Délicieuse composition. Le disque se termine avec sa plus longue pièce (plus de sept minutes), "Darkness into Light", sorte de fugue pour trois saxophones, d'une suavité tour à tour alanguie et vive, étourdissante, dans laquelle pointe une mélancolie bouleversante.

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L'air de rien d'abord, un très beau disque, sensible et pur.

Paru en septembre 2024 chez Neuma Records (Saint-Paul, Minnesota) / 9 plages / 30 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp:

Rédigé par Dionys

Publié dans #Saxophone(s), #Pour la danse, #Jazz et alentours

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