Isak Edberg - Belt of Orion

Publié le 8 Février 2025

Isak Edberg - Belt of Orion

  Belt of Orion est le troisième album chez XKatedral du compositeur de musique électronique et acoustique Isak Edberg. Il écrit que sa musique est nourrie par un enchantement de l’être, une recherche de sainteté, d’extase et de transcendance à travers le calme, la contemplation, le rêve et une tentative de maintenir le présent. Edberg considère sa musique comme une parure du temps. Les deux compositions de l'album ont été écrites entre 2016 et 2018 dans le sud de la France et à Stockholm, à partir d'improvisations sur un vieux piano alors qu'il vivait seul à la campagne. Ces improvisations ont été lentement élaborées pour donner naissance à ces deux longues pièces (chacune autour de vingt-sept minutes), pour piano solo.

Isak Edberg / Photographie © Maria W Horn

Isak Edberg / Photographie © Maria W Horn

Chemin de Lumière

   La première pièce éponyme, La Ceinture (ou le Baudrier) d'Orion, commence avec une gerbe d'accords vite dissociés en notes bien séparées, parfois vivement agrégées, mais cet élan initial se ralentit, les notes s'allongent et s'éloignent. Des boucles alternées font leur apparition, comme une série d'interrogations relevées dans les aigus. Puis des notes reviennent obstinément, édifiant un palais de résonances. On ne peut pas ne pas penser à Morton Feldman, même si la structure est ici plus rigide, architecturée. Les trois étoiles du baudrier d'Orion ne sont-elles pas en ligne droite ? Peu à peu la pièce joue du contraste entre graves, absents au début, et aigus ou médiums. Elle sonne l'Heure, la toujours Présence qui toujours revient. On prend conscience d'être déjà loin, dans un monde décanté constitué d'harmoniques stratifiées, au cœur du grand Mystère. Les motifs nous encerclent de leurs larges spires tranquilles, rien ici ne peut nous arriver, que la venue d'une extase générée par les répétitions croisées de notes résonnantes. C'est un chemin de paix illuminante, une ligne tendue vers l'Absolu.

  Vertiges

   La seconde pièce, Vestiges, est d'un hiératisme austère, tout en répétitions de notes, motifs en boucles, silences et décrochements abrupts. Le temps paraît comme gelé, bloqué, condamné à prendre des couloirs détournés. C'est le jardin aux sentiers qui bifurquent, y passe le fantôme de Jorge Luis Borges entre les colonnes tronquées, les piles aux arêtes brisées. Ou bien c'est un paysage à la Giorgio de Chirico, un paysage métaphysique à l'onirisme glacial. La pièce aurait pu tout aussi bien être titrée Vertiges, tant les répétitions  créent un effet hypnotique d'attirance. On ne saurait s'échapper, le piano nous appelle, implacablement, inlassablement, dans son gouffre, et s'il s'adoucit, s'attendrit presque au début de la seconde moitié de la pièce, plus rêveuse, il se reprend pour nous entraîner plus bas encore, pour nous enchaîner dans les longues laisses de ces appels. Le piano est devenu cloche de monastère au milieu de landes sauvages : il est temps de se repentir et de quitter le monde...

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Un disque d'une austère et envoûtante beauté !

Paru le 17 janvier 2025 chez XKatedral (Stockholm, Suède) / 2 plages / 55 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

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