Publié le 26 Mars 2013

Bachar Mar-Khalifé : piano et chant, en liberté !

Après Oil Slick paru en 2010 chez InFiné, le pianiste Bachar Mar-Khalifé récidive sur le même label avec un disque  au très long titre, Who's Gonna Get The Ball From Behind The Wall Of The Garden Today. De formation classique, fils du grand joueur de oud et chanteur libanais Marcel Khalifé, cadet du pianiste Rami Khalifé que les lecteurs de ce blog connaissent pour sa participation au trio Aufgang, Bachar Mar-Khalifé a toujours baigné dans la musique. Aussi retrouve-t-on dans ce nouvel opus des airs qui lui traînaient dans la tête depuis longtemps et des versions remaniées de titres présents sur Oil Slick. Mais ce nouvel album est surtout l'éclatante confirmation d'un véritable talent d'auteur-compositeur, et de chanteur.

   Dès "Memories" et ses mélismes à l'orgue Hammond (?), l'auditeur est plongé dans un monde coloré, intense, vibrant. "Ya nas" nous entraîne avec sa ritournelle syncopée, piano percussif en boucles vives, percussion bondissante, chant nerveux. Et surtout, ah surtout, quel bonheur ce décrochage langoureux, cette échappée rêveuse au piano et clavier après une minute quarante, qui s'étoffe en choral presque techno, avant de rebondir en chant fou ! "Mirror moon" est une étourdissante et limpide suite de boucles concaténées de piano sur laquelle la voix dépose son chant vif et doux, relayé par un finale en majesté pianistique grave et la voix déployée dans la grande tradition moyen-orientale. Le quatrième titre est une superbe reprise de "Machins choses" de Serge Gainsbourg, en moins jazzy côté arrangement, le texte nappé dans un phrasé pianistique piqueté et des cordes élégiaques, dit en duo avec la délicieuse Kid A : c'est suave,vaporeux et aéré, deux minutes de plus que dans l'original sans qu'on s'ennuie, parce qu'il y a dans la musique de Bachar un sens de la suspension qui donne à l'ensemble une profondeur troublante, fragile. Très très beau ! Le ton change avec "Marea Negra", avec un texte du poète syrien Ibrahim Qashoush mort en 2011, dont le chant fait d'abord songer à la psalmodie du muezzin, mais le piano percussif martèle ses cassures graves, le chant se fait plus âpre, la petite mélodie insidieuse reprenant l'extraordinaire "Marée noire" de Oil Slick : on sent une rage contenue - la "pochette" de l'album promotionnel est hélas vide de toute indication, on aimerait bien avoir la traduction des textes arabes - dans ce parcours désarticulé de pantin.

   Puis, c'est "Xerîbî", sur un texte du kurde Ciwan Haco, splendide morceau d'esprit minimaliste : piano lumineux, grave, imprimant à l'ensemble un balancement cérémoniel renforcé par l'adjonction de clochettes, et chant, un chant magnifique de douceur et de force, qui éclate en brûlantes traînées.  Un sommet ! "Progeria" alterne tourbillons, ralentis hypnotiques et ascensions fulgurantes : morceau kaléidoscopique qui renvoie au curieux visuel de ce visage fragmenté, se terminant en quasi berceuse avec chœurs. Le chant déployé à pleine gorge surplombe le piano au rythme heurté, fracassé de "Requiem", autre sommet qui se permet là aussi des contrastes incroyables, un passage en bourdon, puis l'acier rythmique du piano rejoint par une probable darbouka et un habillage oriental aux claviers. Quel plaisir de sentir un compositeur se laisser aller à ses idées jusqu'aux éclats finaux puissamment martelés, pulvérisant par avance toute tentative pour l'étiqueter ! "K-Cinera" est encore un miracle : chant-murmure, piano lumière, quelques frottements d'invisibles cymbales, on avance dans la pureté de l'aube, nimbés d'harmoniques très douces. L'album se termine sur un dernier très beau titre, "Distance", chant pudique, piano retenu puis lâché dans de magnifiques moments contrapuntiques, une coda litanique bouleversante...qui serait parfaite sans l'intrusion inutile de claviers qui sentent trop leur programmation.

         La tribu musicale des Khalifé se porte bien. Bachar Mar-Khalifé vient de frapper très fort, très haut, avec ce disque magnifique et personnel qui se faufile avec bonheur entre musique contemporaine, minimalisme, chanson (orientale ou non), traces de techno et de jazz.

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Paru chez InFiné début mars 2013 / 10 titres / 53 minutes environ

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 3 juin 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Hybrides et Mélanges, #Le piano sans peur

Publié le 19 Mars 2013

Missy Mazzoli - Song from the Uproar

Vies et morts d'Isabelle Eberhardt

   C'est le sous-titre (traduit) du nouvel opéra de chambre de Missy Mazzoli, jeune compositrice américaine née en 1980 que les lecteurs de ce blog connaissent bien (une de ses œuvres figure sur l’album  Sweet light crude de l’ensemble Newspeak, et elle est la compositrice attitrée de l’ensemble exclusivement féminin Victoire). Song from the Uproar - Chant du Tumulte - est basé sur la vie et les écrits d'Isabelle Eberhard.

  Constitué de cinq musiciens (clarinette/clarinette basse, contrebasse, guitare électrique, piano et flûte/piccolo), le Now Ensemble (pour lequel Missy Mazzoli a également déjà composé) est au pupitre ; au chant, la mezzo-soprano Abigail Fischer, qui a interprété entre autres des œuvres de Steve Reich, David Lang et Nico Muhly, dans le rôle d’Isabelle Eberhardt ; et à cela s’ajoute un chœur de cinq voix dans un rôle de narration et de mise en valeur du texte et de la musique.

   « Nomade j’étais, quand toute petite je rêvais en regardant les routes, nomade je resterai toute ma vie, amoureuse des horizons changeants, des lointains encore inexplorés. »*

   Née en 1877 à Genève, Isabelle Eberhardt, après une enfance peu conformiste, part à l’âge de vingt ans pour Bône en Algérie. Elle y mènera  une vie de nomade, découvrira le désert, une culture et une religion, l’Islam, à laquelle elle se convertira. À vingt-sept ans, elle meurt noyée dans la crue d’un oued, et laisse derrière elle une œuvre composée d’un roman inachevé, de nouvelles, de récits de voyages et de sa correspondance. Figure du féminisme, souvent comparée à Alexandra David-Néel (pour les voyages) ou à George Sand (pour ses habits d’homme), sa vie est également placée sous le signe de Rimbaud. Certains biographes iront même jusqu’à imaginer que ce dernier était son père !

« Je ne suis qu’une originale, une rêveuse qui veut vivre loin du monde, vivre de la vie libre et nomade, pour essayer ensuite de dire ce qu’elle a vu et peut-être de communiquer à quelques-uns le frisson mélancolique et charmé qu’elle ressent en face des splendeurs tristes du Sahara. »*

Missy Mazzoli - Song from the Uproar

   L’opéra se déroule comme une succession de treize tableaux courts, plus une ouverture et un interlude, évoquant les moments importants de la vie d’Isabelle Eberhardt en une sorte de série d’images d’Epinal. Musicalement, il est dans un style que certains se plaisent à appeler « post minimaliste » et que l’on peut rapprocher de celui du trio Gordon, Lang, Wolfe - un subtil mixte entre Lost Object et The Carbon Copy Bulding - en particulier dans le tableau "You are the dust".  La musique et le chant sont tour à tour lyriques, nostalgiques, doux, puissants, voire poignants : un univers à la fois sombre et lumineux à l’image de ce que pouvait être Isabelle Eberhardt. L’ouverture, avec ses vocalises, les chœurs et les craquements de ce que l’on imagine être de vieux microsillons, plonge immédiatement l’auditeur dans l’univers sonore que Missy Mazzoli a créé pour Isabelle Eberhardt.

   « Ce monde en moi est trop petit », premier tableau de l’opéra, résume assez bien le personnage d’Isabelle Eberhardt autant que l’oeuvre de Missy Mazzoli.  Soulignant le jeu du piano, une clarinette basse vient en contrepoint de la voix d’Abigail Fischer, avant l’entrée en scène d’une flûte aérienne. Un interlude, avec ses choeurs qui semble venir de très loin et ces sons de coques de bateaux qui grincent, ces  cris d’oiseaux marins sur lesquelles une clarinette vient se poser, crée une musique élégiaque de toute beauté. Le tableau "Chanson", chanté partiellement en français, nous emmène avec son ambiance de café concert et ses sonorités entre Poulenc et Ravel vers un univers proche d’Orphée de Philip Glass.

   Là ou l’œuvre de Missy Mazzoli est, à mon avis, vraiment réussie, c’est dans le mélange, la symbiose qu’elle opère entre l’ensemble orchestral, la mezzo-soprano, le chœur, et l’utilisation de l’électronique. Effets et bruitages viennent souligner la musique et les voix, sans jamais surcharger l’œuvre en l’étouffant - l’effet d’écho utilisé sur le chœur du tableau "I am not mine" est aussi subtil que magnifique.

   Au final une œuvre douce-amère, très nostalgique, mais parsemée d’éclats lumineux qui la rendent très attachante. Une compositrice à suivre sans aucun doute.

 


« Dehors, tout se tait, tout rêve et tout repose, dans la clarté froide de la lune. »*

 

*   Les extraits sont tirés des livres d’Isabelle Eberhardt et non du livret de l’opéra.

 

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Paru chez New Amsterdam Records en 2012 / 15 titres / 65 minutes


Une chronique de Timewind

Pour aller plus loin

- le site de Missy Mazzoli

- le site du Now Ensemble, avec deux vidéos de l'opéra.

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 3 juin 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Contemporaines - Expérimentales

Publié le 11 Mars 2013

Morton Subotnick : la musique électronique vivante.

   Né en 1933, cofondateur du San Francisco Tape Music Center, Morton Subotnic, s'il a travaillé et travaille encore à partir de bandes magnétiques, de synthétiseurs modulaires dont il a d'ailleurs influencé la conception et bien sûr d'ordinateurs portables, se distingue par son approche spécifique de la musique électronique : contrairement aux partisans d'une conception abstraite de cette musique, il ne dédaigne pas les rythmes réguliers, se soucie de ce qu'on pourrait appeler la dimension organique des sons produits, créant ainsi des œuvres d'une grande sensualité, qui se déploient presque de manière florale.

   Une fois n'est pas coutume, je rendrai ici compte à la fois d'un cd et d'un dvd, l'un et l'autre titrés Electronic Works 3. Pourquoi commencer par le volume trois ? Parce qu'il me semble un aboutissement magnifique. Parce qu'on y retrouve Until Spring, une composition de 1975 qui figure sur le volume deux, mais ici revisitée, et accompagnée d'une extraordinaire vidéo de Sue-C. Et le DVD parce qu'il est plus généreux que le cd, et que je l'ai regardé en entier, absolument stupéfait, émerveillé. Combien de DVD musicaux sont consternants, décoratifs, insignifiants..

Morton Subotnick : la musique électronique vivante.

   Le dvd s'ouvre sur les trente-sept minutes sidérantes de Until Spring revisited (dont la première version est en écoute ci-dessus), pour sons électroniques en direct, "harpe de verre" constituée d'un assortiment de gros verres à Bourgogne, et vidéo en direct. Le morceau commence par une introduction cristalline aux verres frappés sur fond de carillonnement : rythme marqué, boucles. Le ton est donné. La merveille peut se développer. Un autre monde chatoyant de sons qui se déplacent, augmentent ou baissent d'intensité, nous entraînent dans un périple au cœur des matières, des textures. Peut-être dans les mystères de la floraison, de la renaissance : monde de forces sourdes, d'une immatérialité diaphane. Un sacre du printemps, mais vécu de l'intérieur, pas de l'extérieur comme chez Stravinsky : ce qui se trame là, sous nos pieds, à l'intérieur des cellules, dans les interstices de la matière. C'est comme une grande danse secrète, servie par le travail vidéo de Sue-C, que l'on voit manipuler des feuilles et autres objets pour susciter les formes visuelles. Je crois que je n'ai jamais vu à ce point une telle osmose entre un travail de musicien et celui d'un vidéaste. On suit le cheminement des formes, le battement rapide des ailes, le balbutiement des sons en gésine qui met en évidence le caractère discontinu des phénomènes, le surgissement constant du nouveau. La matière éructe, gonfle, craque, naturellement pulsante, bondissante. Incroyable symphonie que traversent très fugitivement des souvenirs de véritables orchestres. Un sommet de la musique électronique, un chef d'œuvre d'une formidable force, d'une éblouissante beauté !

   La suite propose une nouvelle version haute définition et en surround de 4 Butterflies (première partie de la première version ci-dessus), une composition de 1973 pour bande 4 pistes et deux films de Mario Castillo. Si le début peut paraître plus abstrait, dans le style de ce qu'on entend souvent dans une certaine musique électronique, abstraction soulignée par l'absence d'images - elle ne viennent que bien plus tard pour ce titre de plus de trente-quatre minutes, très vite s'impose le "style Subotnick" : musique d'une grande fluidité, souplesse, en constante métamorphose, qui joue des transparences. Le paysage sonore change selon des principes qui semblent naturels : rien de forcé, de brutal, nous assistons à des épiphanies successives. Glissements doux, rebonds, fragmentations scandées, dispersions et vaporisations. Les deux films de Mario Castillo, hantés par les formes doubles, visualisent ce que la musique de Morton Subotnick explore, le mystère des naissances, du surgissement du vivant : admirable travail, presque constamment somptueux, métaphorique au sens propre, qui transporte l'auditeur-spectateur dans les coulisses de la grande fabrique phénoménale. Deuxième choc majeur !

Morton Subotnick : la musique électronique vivante.
Morton Subotnick : la musique électronique vivante.

   Le dvd (le cd ne présente que les titres précédents) se poursuit avec la version revisitée en 2011 de A Sky of Cloudless Sulphur, une pièce de 1978, pour électronique et vidéo en direct, nouvelle collaboration entre Morton et la vidéaste Sue-C : une exploration de textures hyper-fines sur le mode d'une transe en état d'apesanteur qui suffirait à ruiner toutes les images d'une musique électronique lourde, absconse.

   Si l'on ajoute à ces merveilles, une version de Butterfly 2 avec vidéo du compositeur et des entretiens passionnants, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

   Ce dvd nous offre un des absolus de la musique du vingt-et-unième siècle !

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Morton Subotnick : la musique électronique vivante.

Paru chez Mode Records en 2011 /  4 titres (musicaux) / 90 minutes + entretiens !

Pour aller plus loin

- le site personnel du compositeur, avec en écoute la première version de Sky of cloudless sulphur, plus rude...

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 3 juin 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Électroniques etc...

Publié le 5 Mars 2013

Peter Adriaansz : un pont entre deux rives.

   « Je veux composer une œuvre - qui ne soit rien que de terrifiantes colonnes bleues. Tout en longueur. Des « big bangs ». Des silences. » affirmait Louis Andriessen, le plus célèbre compositeur néerlandais contemporain. Neuf ans plus tard, en 1981,  il mettait la touche finale à sa composition  nommée De Tijd (Le Temps) qui restera sans aucun doute, pour moi, sa plus belle œuvre.

   Le néerlandais Peter Adriaansz, né en 1966, est à Louis Andriessen (dont il fut l’élève) ce que David Lang et Michaël Gordon sont à Steve Reich et Philip Glass : des enfants certes, mais terribles. Toutefois, natif de Seatle, Peter Adriaansz convoque sur son passé très européen un présent très américain et jette ainsi dans sa musique un pont entre deux rives. De la rencontre improbable entre les colonnes bleues de Louis Andriessen et les drones de Duane Pitre  va émerger la magie de la musique de Peter Adriaansz.

    Three Vertical Swells est une œuvre pour ensemble amplifié, orgue hammond et signal sinusoïdal. D’un drone proche de ceux de Duane Pitre (créé entre autres par un archet électronique sur les cordes d’un piano) émerge tout d’abord une pulsation sourde, comme un écho radar lointain, une vague . Puis la musique monte dans les aigus et le piano, utilisé comme une percussion, rythme la progression de la vague et soudain, sans que l’on s’en rende vraiment compte, le son caractéristique de l’orgue hammond émerge. Le piano percussion accélère, le drone semble s’emballer… et en un mouvement continu, tout redevient calme.

   Le deuxième mouvement (bien qu’il n’y ait pas d’interruption entre les 3 mouvements) commence avec une double pulsation, puis des percussions viennent donner un rythme à la vague, un pouls. Le rythme, d’abord lent, se fait plus rapide, disparait pour revenir à nouveau, telle une courbe sinusoïdale.

   Le troisième mouvement démarre avec la pulsation et l’orgue hammond. De l’ensemble amplifié, un drone sous forme de vagues monte et descend, pendant que le piano et les percussions rythment rapidement la musique qui va crescendo, pour s’évanouir dans le silence.

   En écoutant la musique de Three Vertical Swells, l’impression est vraiment celle décrite par Louis Andriessen, celle des colonnes bleues et leurs bangs verticaux. Le résultat est une musique très terrienne, dense comme un brouillard flottant au fond d’une vallée, sans doute assez froide, mais définitivement envoûtante.

   Si la deuxième œuvre du disque, Music for sines, percussion, ebows & variable ensemble - dont le titre n’est pas sans rappeler ceux des œuvres de Morton Feldman – semble assez similaire à la première, avec toujours ce concept de vague sinusoïdale, elle apporte une touche plus aérienne à la musique avec l’ajout d’une voix. La très belle utilisation de cette voix comme instrument dans Music for Sines sonne comme un lointain écho du chœur de voix de femmes écrit par Louis Andriessen pour De Tijd.

   La musique de Peter Adriaansz est une musique exigeante mais fascinante pour des oreilles un peu curieuses. Un pont entre la musique d’inspiration répétitive de son ainé Louis Andriessen et les performances et expériences microtonales de Duane Pitre.

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Paru chez Unsounds en 2010 / 8 titres / 59 minutes

Une chronique de Timewind

 

Pour aller plus loin

- le site de Peter Adriaansz

- la première partie de Three Vertical Swells en écoute sur Soundcloud à la page du label

- "Wave 5-7" , extrait de Waves, interprété par l'Ensemble Klank, en bas de l'article.

 

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 3 juin 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Contemporaines - Expérimentales