Publié le 26 Août 2024

Giraffe - ATOMS

[À propos du disque et des compositeurs]

Le trio GIRAFFE, de Hambourg, est composé de Sasha Demand à la guitare, de Jürgen Hall aux claviers et à l'électronique, et de Charly Schöppner aux percussions, ce dernier décédé avant la fin de l'enregistrement. Ce disque a été réalisé dans le garage de Schöppner, puis, posthume, terminé par les deux autres membres. Il comprend neuf compositions improvisées d'une durée de six à plus de neuf minutes chacune.

[L'impression des oreilles]

   On ne balance pas longtemps avec un tel disque. L'album forme manifestement un tout, d'où la numérotation de 1 à 9 (dans le désordre). Ces trois-là entraînent l'auditeur dans le creuset magnétique d'une électro-pop expérimentale hantée, celle de la giration des atomes, chargée de luminescences. C'est une musique intense, dense, solidement structurée par les percussions. On passe d'un post-rock sombre, incandescent, traversé de sirènes et de larges ondulations synthétiques striées de guitare ("ATOM IX"; titre 3), à une musique minimale déchirée, lancinante comme l'extraordinaire "ATOM VIII" (titre 4).

"ATOM VII" (titre 5) allie magistralement percussions variées, claquantes, modulations synthétiques, guitare préparée dans une pièce post-industrielle en fusion, lacérée. "ATOM VI" (titre 6) gronde et chuinte entre des frappes lourdes : musique noire, d'une énergie condensée, musique hallucinée d'un monde pilonné chantant sous les bombes !

Les trois bonus numériques (ATOM II, III, et IV) sont tout aussi impressionnants, plus hiératiques, arides. Le II et le III semblent l'émanation d'une créature fantomatique, enchaînée dans un monde glacial. Une musique idéale pour L'Enfer de Dante ! Au contraire, le IV s'envole, orgue grandiose et ténébreux charriant dans ses plis un capharnaüm percussif, comme une révolte de la matière rebelle à la transcendance. Quelle apothéose...pandémoniaque !

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Un des grands disques de cette année. Une écriture d'une puissante fermeté, à tel point qu'on en oublie la dimension improvisée, trop souvent synonyme de relâchement et de complaisance. Magnifique !

Paru en juin 2024 chez Stoffe (Hambourg, Allemagne) / 9 plages / 1 heure et 3 minutes environ

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Publié le 22 Août 2024

Patrick Giguère - Intimes Exubérances (Cheryl Duvall, piano)

Brève(relativement...)estivale 9... pour un disque de pur piano solo. Une succession ininterrompue de dix-neuf mouvements découpés en quatre plages d'une durée comprise entre dix et dix-huit minutes.

   Le piano est l'instrument principal du compositeur montréalais Patrick Giguère. Intimes exubérances  est sa première œuvre d'envergure pour piano, écrite après avoir évité l'instrument pendant presque quinze ans, confie-t-il. Comme il laisse une place importante à l'improvisation et à la collaboration dans son processus créatif, la pianiste de Toronto Cheryl Duvall, y a imprimé sa marque. Rappelons que celle-ci est également la co-fondatrice de l'ensemble de musique de chambre Thin Edge New Music Collective, présent sur le disque Dark Flower de la compositrice canadienne Linda Catlin Smith sorti en novembre 2023 chez la même maison de disque.

Le compositeur Patrick Giguère par Marianne Larochelle

Le compositeur Patrick Giguère par Marianne Larochelle

La pianiste Cheryl Duvall par Marianne Larochelle

La pianiste Cheryl Duvall par Marianne Larochelle

   Le titre Intimes exubérances semble un oxymore, rapprochement de deux termes en apparence contradictoires. L'écoute de l'œuvre invite à comprendre cet attelage comme une fusion, la combinaison infiniment variée de deux mouvements, l'un vers l'intériorité, l'autre vers l'extériorité, le premier dominant le second. « exubérance » ne connote ici jamais l'excès, mais une vitalité, une vigueur de style, une richesse de formes (voir le mot sur le site du Centre National de Ressource Textuelles et Lexicales), commandé et régulé par l'intime. Les beaux sous-titres des quatre parties vont dans ce sens : primat de l'émotion, de l'expression du plus profond de la vie psychique.

   " À la frontière de l'intangible" commence dans une douceur ouatée de résonances par la pédale de soutien. Sur un tapis calme éclosent de vives fleurs, se lèvent de fraîches émanations. Admirable début méditatif, délicatement extatique. On oublie tout, on se laisse porter. Lorsque l'exubérance soulève plus fortement le flux, elle ne le détruit pas, elle en est le fruit intérieur porté au jour, sa puissance vitale explosant en matière orchestrale, en couleurs débordantes, se chevauchant, se bousculant dans une joie intense. Puis tout se cabre, se calme peu à peu, comme si on domptait un cheval rétif. Retour au mystère sous-jacent, que les derniers soubresauts ne mettent que mieux en valeur...

     Il faut "Tisser le présent" par l'élan d'une voix dans la lumière première. Patiemment, obstinément, c'est l'exubérance vitale, bientôt une exultation qu'on sent venir de très loin, du fond d'une confiance que rien ne saurait ébranler. La pièce prend une allure répétitive, en longues boucles de grappes de notes escaladant le ciel, et quand elle s'apaise, elle creuse à nouveau le mystère, quasi carillonnante, avant de s'enfler à nouveau, dans une rage toujours au bord de l'illumination, au bord d'une indicible douceur. La musique avance ainsi dans ce tumulte de courants opposés, c'est sa grande beauté, sauvage, martelante, et timide, titubante, en lambeaux sur le fil du silence.

   Triomphe du "Corps, hors du temps" : musique puissante, jaillissante, en reliefs marqués, du jazz resserré, s'étourdissant de ses cabrioles. Sans doute le passage où la dimension improvisée s'entend le mieux. "hors du temps" parce que l'ivresse du jeu prime, que le piano étincelle, et que cela seul compte, avant le retour de la mesure en fin de partie.

   "Lueurs en voix" associe d'abord une voix grave, lente, et une voix aiguë, en trilles liquides, avant qu'une voix médiane n'impulse la pièce. Les voix alors s'enlacent étroitement avant de se séparer à nouveau. Un léger balancement anime l'ensemble, cette fois voix grave, recueillie, et voix médiane fougueuse.

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Un grand disque de piano, intense, coloré, expressif et profond. La liturgie de la Vie, grave et bouillonnante.

Paru en avril 2024 chez Redshift (Vancouver, Colombie-Britannique / Canada) / 4 plages / 57 minutes environ

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Publié le 20 Août 2024

Clark3 - From the edges tongues grow

Brève estivale 8...Un article sans gêne, sans honte, à l'image de la maison de disques berlinoise Shameless Records fondée et dirigée par le musicien Boris Hauf.

from the edges tongues grow (mot à mot « Des bords les langues poussent », titre quasi surréaliste) commence avec "08v3" un titre techno-spatial aux rythmes syncopés, cassés, tout à fait excellent, continue avec le très curieux "stangls", surtout au saxophone (synthétique sans doute), entrecoupé de silences significatifs. De quoi être perdu, mais "cherryy" (titre 3) assène une bouillie disco futuriste post-industrielle réjouissante ! "hw26 om", sur une base downtempo veloutée, est une danse électronique cliquetante, concise et efficace. "five a half" semble de l'ambiante revue par Autechre, fouets cinglants, zébrures troubles, gargouillis inquiétants et glacis synthétiques impériaux.

   Nouveau sommet avec le très inspiré "burslow" (titre 6), ambiante spatiale épique, grandiose et dans l'après-tout, d'une mélancolie déchirée, avec une coda presque pastorale de flûtes dans un crépuscule dévasté ! "may day", dans la ligne des titres 3 et 5, poursuit son œuvre de destruction, puissante musique post-industrielle déglinguée soudain touchée par une grâce inconnue, d'où un passage central percussif méditatif, vite parasité par le retour de démons ricanants et d'un pilonnement terminal... Le court "blödmaschinen" fournit la version hallucinée d'une circulation sanguine machinique, techno bondissante dans un milieu aux textures destructurées. Le titre 9, "Song", n'est mélodie que curieusement, cascades synthétiques et lourds battements, boucle lente et lancinante sur fond de désagrégation, de brume mélancolique soudain trouée par un saxophone perdu au beau milieu de ce nouveau monde synthétique (il l'est peut-être aussi... quoique souvenir du monde ancien !). "aphelion" assène le coup de grâce : train synthétique à grande vitesse lancé dans des champs de fractales répétitives, puis ralentissant en raison de terrains troués !

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Un disque en effet sans complexe, évoluant avec virtuosité dans différents genres de musique électronique futuriste. Parfait pour les nuits estivales !

Paru le 2 août 2024 chez Shameless Records (Berlin, Allemagne) / 10 plages / 41 minutes environ

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Électroniques etc..., #Techno et alentours

Publié le 14 Août 2024

Celer - There Were More Failures Than This

Brève estivale 7... pour Celer, alias Will Long, musicien américain installé à Tokyo. Parce qu'il est un des Papes de la musique ambiante d'aujourd'hui, et qu'il était scandaleux qu'il ne soit pas installé chez INACTUELLES, depuis le temps que je tournais autour... !

There Were More Failures Than This réunit quatre pièces parues d'abord uniquement en format numérique en 2021. Réalisées à partir de boucles de bandes et d'instruments analogiques, elles sont dans la filiation de It Would be Giving Up (août 2020).

   Le premier titre, "Like Art, Wandering", presque une demie heure, a imposé la présence de Celer. Ce torrent ambiant balaie tout. Énorme boucle frangée d'éclaboussures, la pièce est monolithique, terrifiante et prodigieuse à la fois. Comme si nous étions dans la matrice de l'Énergie, une énergie colossale, déferlante, perpétuellement renaissante, au cœur de laquelle on croit entendre les fantômes de multiples voix vaporisées. Magistrale errance !

   La seconde pièce, "Whatever I'm Doing, it's Wrong", si elle est moins immersive, prend l'allure d'un lamento lamentable : impossible de sortir de la boucle infernale qui vrille le cerveau nettoyé sous haute pression, envahi de percussions frémissantes et bourdonnantes. L'orgue se tord sous le sentiment torturant de l'échec. Deuxième réussite majeure !

   Je suis moins enthousiaste pour "At Last", pièce vraiment déprimante, qui n'en finit pas de finir. Heureusement, "Oro Oro" redresse la tête. S'agit-il  d'un acte d'adoration réitéré à une divinité ? Le titre énigmatique laisse le champ libre. Cette quatrième boucle dépassant la demie heure soumet l'auditeur à rude épreuve : tiendra-t-il la durée ? Comme tout mantra, il tend à effacer le sentiment du moi. Il faut accepter de se perdre dans l'Incommensurable. Pas facile. Je préfère nettement les deux premières pièces.

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Deux pièces mémorables, deux autres plus difficiles, d'une austérité répétitive qui peut lasser.

Paru en mars 2021 chez Two Acorns (fondé et dirigé par Will Long) / 4 cds / 4 plages / 1h et 47 minutes environ

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Publié le 12 Août 2024

Delphine Dora - Le Grand Passage

Brève estivale 6... pour une musique d'une liberté folle, d'une innocence rafraîchissante !

   Delphine Dora est une compositrice, interprète, improvisatrice, productrice que je suis (irrégulièrement, hélas) depuis au moins 2012, lorsque sortit son album de piano solo A Stream of Consciousness. Un flux de conscience, plus qu'un titre, c'est un programme, une esthétique. Pour ce disque, elle a cédé à un tourbillon d'inspiration. Alors qu'elle terminait une résidence de piano préparé de trois jours, elle a succombé au charme de son piano débarrassé des objets nécessaires à sa « préparation ». En une seule prise, elle a enregistré les huit titres, pour piano et voix. S'abandonnant à la magie de son instrument, elle s'est livrée à lui. Quelques notes seulement rappellent le piano préparé, faisant penser parfois à un portique de cloches.

« La joie est la plénitude du sentiment du réel. »

Fidèle à une ligne ancienne, elle joue de manière intuitive. Piano romantique, si l'on veut, loin de tout propos savant. Du piano qui coule, qui chante, ce qui entraîne par contrecoup sa voix. Elle vocalise à gorge déployée, sans paroles. Elle retrouve naturellement le chemin sublime d'un chant mystique. Il n'est donc pas surprenant qu'elle ait choisi pour titre Le Grand Passage, référence à un livre d'analyses consacré à la philosophe Simone Weil (1909 - 1943). Il y a dans ces huit chants une jubilation communicative, une simplicité désarmante. C'est un disque de célébration, rayonnant, le disque d'une musicienne nostalgique d'une fusion absolue avec l'essence du monde. À l'écouter, on pensera aussi bien à Wim Mertens qu'à Erik Satie ou Dominique Lawalrée : à des musiciens farouchement indépendants, soucieux de ne pas trahir la source vive d'une inspiration qui ne se laisse enfermer dans aucun dogme, aucun discours.

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   Musique à corps perdu dans l'illumination du moment, Le Grand Passage est une suite magnifique d'envolées mélodiques, d'élan vers l'Harmonie Universelle. Baignez-vous dans la Musique de l'Évidence !

Titre en rouge extrait des Œuvres  de Simone Weil (Quarto / Gallimard, p.841)

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Paru en mars 2024 chez Modern Love (Manchester, Royaume-Uni) / 8 plages / 27 minutes

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Titre en rouge extrait des Œuvres  de Simone Weill (Quarto / Gallimard, p.841)

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Publié le 10 Août 2024

Secret Beaches - Day Sleeper

Brève estivale 5... pour une incursion dans le monde de la techno et de ses environs électroniques. À écouter très fort !

Secret Beaches est le duo formé par Matt Skilling, connu par sa participation au sein de Run Chico Run et ses passages dans des groupes comme Lightning Dust, Trog Eyes, et Lee Hutzulak, engagé dans de multiples projets parallèles (Death Pool, Moth Mouth, Hot Towers...). Avec eux à Vancouver, nous sommes au cœur de la scène indépendante de la côte Ouest, deux mille kilomètres plus au nord que Los Angeles, Hollywood, où se déroule le film MaXXXine de Ti West...

Échantillonneurs, boîtes à rythmes, séquenceurs, synthétiseurs analogiques sont les armes suprêmes de nos deux musiciens pour quatre titres entre sept et plus de dix minutes.

   Le premier titre, "Blackout Blinds", évolue entre dub, glitch et techno, entre la relative chaleur des vagues de synthétiseurs et la froideur minimale de boîtes à rythmes implacables. Belle ouverture stylée, élégante ! "The Poison Pill" est d'emblée plus foisonnant, trouble. S'il se décante, c'est pour décoller, nettement psychédélique, aux battements hypnotiques enrobés de grognements synthétiques : c'est la pilule empoisonnée, n'est-ce pas ?

   Le titre 3, éponyme, "Day Sleeper" (Daysleeper fut un titre de R.E.M) correspond au contraire à une sorte d'enfoncement dans des zones confuses, ténébreuses. Le dormeur diurne patauge dans la glu de ses rêves, rechercher une issue n'a pas de sens : musique parfaite d'un enfermement éternel ! "Stereo Fountains" serait le réveil du précédent, soudain submergé de fontaines débordantes, et se remettant à vivre dans la nonchalance ou la transe. Il s'abandonne à une frénésie rythmique minimale, à un infra rythme, à des houles profondes. Superbe baptême rythmique exultant !

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L'Esprit n'est que le Corps baigné par le Rythme ! Dormeurs diurnes, lévitez sur les Plages secrètes !

Paru en juillet chez Panospria (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada) / 4 plages / 38 minutes environ

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Électroniques etc..., #Techno et alentours

Publié le 8 Août 2024

Jocelyn Robert (4) - L'Océante

Brève estivale 4... pour les injustement oubliés d'une actualité discographique surabondante.

   Je suis chez moi chez Jocelyn Robert, ce musicien québécois dont les couvertures me ravissent. Qu'il soit au piano dans Les Dimanches (2021), au piano disklavier dans immobile et Versöhnungskirche (2012), ou à l'orgue comme ici. L'Océante est paru en juillet 2022, il était temps d'en rendre compte, même brièvement ! Ce double album, enregistré à l'orgue Cassavant du Palais Montcalm, à Québec, contient dix pièces (deux fois cinq) liées à deux villes de mer, Québec et Guérande. Le premier disque, titré « Après le déluge »  a été commencé à Québec et terminé à Guérande, c'est l'inverse pour « Les Marais salants ».  Il fait partie de plein jeu, une série d'explorations où se rencontrent l'informatique et l'orgue à tuyaux, je ne saurais vous en dire plus : à l'oreille, j'entends de l'orgue... et quelques dérives flottantes comme au début de "Les Adieux"...

   Je réécoutais en travaillant des photographies de l'exposition "Mexica" (au musée du Quai Branly, Paris) et je me suis dit qu'il y avait dans les expérimentations de Jocelyn Robert quelque chose d'aztèque, ce mélange de culte solaire et de peur de l'eau (titre 4), de prières balbutiantes sur des autels sanglants et de grandes contemplations cosmiques, ce "Champ d'étoiles" (titre 5) d'abord flou qui devient comme un mantra ou ce minimaliste et proliférant "Retour à Barkelbos" (titre 2), l'une des meilleures pièces de l'album.

    C'est une musique chercheuse, elle tâtonne, hésite, puis se lance, revient sur elle-même, jamais sûre de rien. "L'Appel du large" (titre 9) se développe ainsi. On s'aperçoit soudain que les amarres sont larguées, qu'on est loin déjà, comme happés...

   Je ne terminerai pas cette Brève sans dire ma joie de lire de beaux titres français. C'est à un Québécois que nous la devons, cette joie, les Français ayant trop souvent abandonnés leur langue. Je me plonge ainsi dans la nuit de l'arbre à lumière (titre 10), où la lumière joue avec l'ombre dans un feuilletage tremblant de toute beauté.

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Une première écoute ne suffit pas. Persévérez, ouvrez les oreilles. L'Océante finira par vous apparaître, à genoux sur les dalles humides des Grandes marées !

Nota : sur Bandcamp, l'ordre des disques est inversé, , « Les Marais salants » précède « Après le déluge »

Paru en juillet 2022 chez Merles (Québec, Canada)  / 2 cds / 10 plages / 1 heure et 22 minutes environ

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Publié le 5 Août 2024

Yann Novak - The Voices of Theseus

Brève estivale 3... pour la variation d'un disque paru en juillet 2023, The Voice of Theseus.

   Du singulier on passe au pluriel, car Yann Novak a fait appel à quatre artistes pour ces variations, ces réécritures (je sais, on dit souvent "remix" aujourd'hui...peu m'importe !) : Lawrence English, le grand maître de Room40 en personne, Madeleine Cocolas, FAX et Bana Haffar. Et il a réécrit quatre titres de l'album précédent avec de nouvelles interprétations du chanteur Gabriel Brenner. Au total cinq des huit titres antérieurs sont réécrits (trois deux fois, par lui-même et l'un de ses invités). Histoire de brouiller les identités, de multiplier les voix.

Variations et réécritures transcendantes

Gabriel Brenner donne toute sa mesure dans les quatre variations de ce nouvel album. Nimbée de vagues d'orgue et de bourdons troubles, sa voix reste juchée dans les hauteurs, surplombante et sublime.

Lawrence English signe une version grandiose et mystérieuse de "Seeing Light Without Knowing Darkness", Voir la Lumière sans connaître la Ténèbre, quels mots magnifiques, déjà !

Le mexicain FAX propose un "Patterned Behavior" charpenté, plus contrasté, avec de vives lumières. La saoudienne Banna Haffar donne du même titre une version plus tumultueuse, cathédralesque si j'ose l'écrire, pulsante et déchirée, et là je craque, c'est d'une beauté terrible !!!

Et l'australienne Madelaine Cocolas (écoutez Bodies sorti en avril de cette année) donne de "We Went out, Not with a Whimper, but a Whisper" une version océanique et fougueusement lyrique aux textures foisonnantes..

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Encore une très belle réussite de Yann Novak, qui a su choisir quatre pointures de la musique électronique d'aujourd'hui pour l'accompagner.

De quoi incanter l'été ... et notre mémoire !

Paru fin juillet 2024 chez Room40 (Brisbane, Australie) / 8 plages / 48 minutes environ

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