Charlemagne Palestine / Tony Conrad : à la recherche du Son d'or.
Publié le 13 Novembre 2009
Ancien carillonneur, organiste et pianiste maître du strumming, Charlemagne Palestine a rencontré le compositeur et violoniste Tony Conrad dans les années soixante où ils ont joué ensemble de leurs instruments respectifs, mais aussi d'instruments de leur invention comme le "long string drone" de Tony et "l'alumonium" pour lui, avant de le perdre de vue pendant plus de trente ans. Au début des années 2000, ils se retrouvent en Belgique où Philippe Franck de Transcultures organise une série de concerts : ils joueront à nouveau ensemble, et le résultant est tellement sidérant qu'un disque naît, fruit d'un "aural symbiotic mystery", titre qui sera donné à l'album paru en 2006 chez Sub Rosa.
Voilà pour l'histoire des retrouvailles entre ces deux géants des débuts du minimalisme, avant que la génération Steve Reich ne l'infléchisse vers une tendance répétitive.à la fin des années soixante. Toujours vivants, plus que jamais, ils marient le strumming , les drones, les sons tenus, pour envelopper l'auditeur dans un réseau serré d'harmoniques, de résonances dont l'effet est hypnotique. La musique progresse par nappes, se déploie avec lenteur ou dans un climat de transe. L'orgue en fond continu joue un peu le rôle de la vînâ dans la musique indienne, musique que les deux compères ont étudiée et pratiquée depuis longtemps. Le violon est souvent méconnaissable, son épais, comme écorché, saturé, trituré par des étirements, avec le piano qui vient se loger dans la pâte sonore, rejoint à mi-parcours de cet unique morceau d'un peu plus de cinquante et une minutes par la voix de Charlemagne à pleins poumons dans ce qui devient de plus en plus un magma en suspension travaillé par le pulse obstiné du piano, avec d'imprévisibles chutes de tension, des stases fabuleuses. Symbiose, en effet, entre les deux musiciens qui n'ont rien préparé : ils jouent ensemble, c'est tout et c'est totalement inouï, inoubliable, une musique qui balaye, torrentielle par accès. Il arrive que le violon rie, qu'il rabote le temps tandis que l'orgue pleut des tuyaux de lumière, que la voix et le violon s'orientalisent dans des aigus tordus de cornemuse étranglée, un chant de gorge chamanique... Une rencontre au sommet, le disque rare de deux chercheurs d'absolu.
Voilà pour l'histoire des retrouvailles entre ces deux géants des débuts du minimalisme, avant que la génération Steve Reich ne l'infléchisse vers une tendance répétitive.à la fin des années soixante. Toujours vivants, plus que jamais, ils marient le strumming , les drones, les sons tenus, pour envelopper l'auditeur dans un réseau serré d'harmoniques, de résonances dont l'effet est hypnotique. La musique progresse par nappes, se déploie avec lenteur ou dans un climat de transe. L'orgue en fond continu joue un peu le rôle de la vînâ dans la musique indienne, musique que les deux compères ont étudiée et pratiquée depuis longtemps. Le violon est souvent méconnaissable, son épais, comme écorché, saturé, trituré par des étirements, avec le piano qui vient se loger dans la pâte sonore, rejoint à mi-parcours de cet unique morceau d'un peu plus de cinquante et une minutes par la voix de Charlemagne à pleins poumons dans ce qui devient de plus en plus un magma en suspension travaillé par le pulse obstiné du piano, avec d'imprévisibles chutes de tension, des stases fabuleuses. Symbiose, en effet, entre les deux musiciens qui n'ont rien préparé : ils jouent ensemble, c'est tout et c'est totalement inouï, inoubliable, une musique qui balaye, torrentielle par accès. Il arrive que le violon rie, qu'il rabote le temps tandis que l'orgue pleut des tuyaux de lumière, que la voix et le violon s'orientalisent dans des aigus tordus de cornemuse étranglée, un chant de gorge chamanique... Une rencontre au sommet, le disque rare de deux chercheurs d'absolu.
Enregistré au théâtre Mercelis de Bruxelles en octobre 2005.
Paru en 2006 chez Sub Rosa, le label bruxellois si précieux dans le domaine des musiques contemporaines, expérimentales, électroniques / 1 plage / 51minutes environ
Pour aller plus loin
- un article antérieur sur un autre album de Charlemagne Palestine.
- un entretien avec Daniel Varela en juin 2002, très intéressant (en anglais)
Paru en 2006 chez Sub Rosa, le label bruxellois si précieux dans le domaine des musiques contemporaines, expérimentales, électroniques / 1 plage / 51minutes environ
Pour aller plus loin
- un article antérieur sur un autre album de Charlemagne Palestine.
- un entretien avec Daniel Varela en juin 2002, très intéressant (en anglais)
(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 27 janvier 2021)