Peter Broderick - How they are

Publié le 19 Septembre 2011

Peter Broderick - How they are

Meph. - Tu en tiens pour Peter Broderick ?

Dio. - Oui, j'y reviens, et je risque d'y revenir encore.

Meph. - Qu'est-ce qui le rend si attachant ?

Dio. - Attachant, tu as employé le terme juste. Sa voix, d'abord, fragile, douce, expressive, bien timbrée, qui exprime si bien les moindres nuances de sentiment.

Meph. - Mais ce n'est pas qu'un chanteur, tout de même ?

Dio. - Pas de mépris, s'il te plaît. Il se trouve que Peter est un pianiste formidable, un guitariste intéressant, et qu'il touche avec aisance d'autres instruments. Multi instrumentiste, et compositeur, et quel, tu n'en disconviens pas après ce que j'ai écrit sur Music from FALLING FROM TREES ?

Meph. - Je t'ai même soufflé le titre ! D'accord, mais le revoilà avec un petit disque, non ?

Dio. - Sept titres seulement, un peu plus d'une demie heure...Et alors ? Qui a dit qu'un album devait avoir une durée standard ? Combien de galettes gonflées pour atteindre les quarante, quarante cinq minutes. D'ailleurs, je te ferai remarquer que l'écart n'est pas si important que cela. Et puis, mieux vaut moins, mais mieux, que plus, mais médiocre, inégal.

Meph. - Autrement dit ?

Dio. - Une forme ramassée, pleine, rien à jeter. Et originale...

Meph. - Vraiment, c'est encore possible, aujourd'hui ?

Dio. N'ironise pas. Je ne parle d'une originalité absolue, mais relative, c'est déjà cela. Des chansons qu'on pourrait qualifier de folk, avec un début du premier titre "Sideline" a capella, dans l'esprit de la musique celtique par exemple : côté autobiographique, allusions à sa solitude forcée, consécutive à son opération du genou. C'est intimiste, soutenu par un piano lumineux. La voix monte parfois dans de belles inflexions, émotion et retenue à la fois. En trois, c'est la guitare qui chante d'abord, épaulée ensuite par le piano, avant que n'intervienne la voix qui se contente de dire le texte. On arrive au morceau cinq, "With a key", chanson sublime encore à la première personne : tout à fait dans la mouvance des contes, une série de visions ensorcelantes d'une jeune fille nue, une clé à la main. Souvenirs ou visions, rêves, on ne saura pas. Ingénuité de la voix, piano frémissant. Vraiment digne des meilleures ballades folk. En fin de disque, "Hello to Nils", émouvant salut à l'un de ses amis, entre chant et dit, ponctué d'arrêts, le tout à la guitare sèche.

Meph. - Désolé, je ne vois pas l'originalité : tout ça pour présenter un disque folk ?

Dio. - Déjà, j'aimerais te répondre : un disque folk, et alors ? Et puis je n'ai pas évoqué l'autre face du disque, entrelacée avec la première : les titres pairs sont des instrumentaux d'inspiration minimalistes, entre Philip Glass et Wim Mertens. Sauf le deux, partagé : instrumental d'abord, dans la même veine, chanté ensuite. De vraies études, ces "When I'm gone" et "Pulling the rain"...

Meph. - Ce dernier est le plus beau. Très, très glassien, du meilleur, avec une superbe montée en puissance, un petit strumming décoiffant. Et ce sens mélodique !

Dio. - Oui, toujours une ligne claire, évidente.

Meph. - Et tu vas le classer où ?

Dio. - Pas évident, ce qui n'est pas pour me déplaire, tu le sais...

Meph. - Finalement, ce ne serait pas de la pop au sens large, entre folk et musique contemporaine ?

Dio. - Je ne vois pas où le mettre, sinon.

Meph. - Surtout que la pop, c'est un sacré fourre-tout, quand on y écoute de plus près. Un  melting-pop !!

Dio. - J'ai crains le pire..

Meph. - Un pop pourri ? Personnellement, je préfèrerais une pop houri, expression parfaite pour "With a key", non ?

Paru en 2010 chez Bella Union / 7 titres / Environ 33 minutes.

Pour aller plus loin

- le site personnel de Peter Broderick.

- une fausse vidéo sur le magnifique "Pulling the rain" :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 12 avril 2021)

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