Zahia, musique "pour s'attabler au festin du destin".

Publié le 7 Novembre 2009

Zahia, musique "pour s'attabler au festin du destin".
   Un coup de cœur pour reprendre le fil distendu de ce blog (le temps de faire le vide de l'oreille pour mieux recevoir l'or qui raye le néant...). Des mots qui sonnent justes sur des environnements sonores électro, post-rock, posés au millimètre, au ras du silence dont ils n'ont pas peur. "Je suis nature / je suis mature / Je suis rature", la marque du slam qui slalome entre les mots, avec Salomé Barrot pour les très belles photographies, Selecta Seb pour les textes et Bruit : fantôme pour la musique. C'est une tribu qui contribue à dire la première personne d'aujourd'hui, "rester planté là / au milieu du carrefour / désorienté par la circulation", prendre le temps d'ouvrir la boîte aux souvenirs, de vibrer à l'appel "d'un doux rêve".
  

   Voyage vers les racines oranaises, la grand-mère qu'il n'a pas connue auquel le disque rend  un touchant hommage au terme d'un parcours qui parvient à déjouer les pièges du nombrilisme grâce à une salutaire candeur car, oui, Sébastien Seb est tel un candide qui se cherche dans l'indifférence du monde, sur fond de terribles fantômes qui ressurgissent au final, après l'évocation de Zahia suivie d'un long silence, le retour des trois lettres FIS, celles du Front Islamique du Salut, morceau torturé, puissant, inquiétant, après tant de rêveries qui ne cèdent pas à la mièvrerie, pas même la "Jeune algérienne", descendante de ces odalisques de harem, des algériennes peintes par Delacroix. Le disque est conjuration, exorcisme frais déployé autour de l'hymne à l'Afrique-mère (titre 9), parce qu'il y a en lui le refus de laisser aux Occidentaux "la joie d'occider ces gens là-bas" : titre ensorcelant, incandescent qui débouche sur l'apologie de la vie (titre 10) - et là j'entends les ricanements de certains lecteurs, mais après des propos qui sembleront parfois bien lénifiants, le morceau décolle dans une vision lucide d'un monde en voie de machinisation, la musique se fait implacable, presque techno, les mots se déchaînent et s'enchaînent. Parce que "l'homme derrière son costume a toujours un cœur" dans ce disque gorgé de douceur, d'effleurements et de caresses, qui croit encore dans les mots simples. Une invite salutaire à cesser de jouer les durs, à s'abandonner à l'effusion pour vivre l'infusion mystique.
11titres (+1 caché), environ 45 minutes.
Pour aller plus loin
- L'album est en téléchargement intégral libre quelque part sur Myspace, que je n'utilise plus. On trouve l'album en écoute intégrale aussi sur soundcloud.

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 22 janvier  2021)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Pop-rock - dub et chansons alentours

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