Louisville : "a silent effort in the night", confluences rêvées !

Publié le 4 Juin 2009

Louisville : "a silent effort in the night", confluences rêvées !
"Des champs / de l'eau / Chicago", le refrain murmuré du premier titre, "LouisEville", donne le ton de ce disque étonnant, d'une liberté poétique et musicale superbe. Un disque de rêve, aéré, sensuel, fougueux, mystérieux, qui passe du folk au post-rock et à l'expérimental, l'électronique, du texte dit du bout des lèvres, qui nous fait tendre l'oreille, aux ballades limpides, évidentes, du français à l'anglais (et au russe ou au polonais comme en passant).
  Olivier Cavaillé, multi-instrumentiste, Félicia Atkinson, textes et voix, Nikolu, guitare et basse, sont à l'origine de ce voyage imaginaire entre Louisville et Chicago.  "Dans LouisEville il y a Louisville", ça commence ainsi, par une évocation litanique des groupes mythiques de Louisville, avec un banjo balbutiant en fond, puis la guitare survient, le banjo lui emboîte le pas, la ballade surgit, le poème s'efface pour reprendre ensuite, et plus tard le texte dit par Félicia" se mêlera à la voix masculine chantée. Quel bonheur ! "a silent effort", quelques griffures électroniques,  la voix distordue de Félicia entre chant et murmure, les cordes suaves, le morceau vire au post-rock, guitare brûlante. "Matin" est un interlude brumeux, piano ouaté, miracle de la venue de la lumière sur les eaux,  bruits feutrés. Le monde est mystère, claviers suspendus, voici "The only thing to come now in the sea", " Tout n'est pas doux / Les aiguilles, les eaux croupies / Les stades, les stades vides / à contourner sans conduire / Les trombes couchées autour forment un rectangle / Autour de l'ovale vert et blanc / Une flaque, une mare / Une larme sur le gazon sec / Clairsemé / ", le morceau s'échauffe, "c'est l'été vers sa chute / la chute de la lumière sur les écorces", l'anglais prend le relais, le poème se fait vibrant, les guitares rageuses ou obsédantes pour une fin de morceau entre incandescence et intensité radieuse, apaisée. "Soir" répond à "Matin", à peine deux minutes hantées par le piano et le violoncelle dans une atmosphère trouble à la Harold Budd, avec les accents cristallins d'un glockenspiel dansant dans le crépuscule. Nous entrons dans la "Forest", le plus long titre avec ses un peu plus de huit minutes, morceau extraordinaire, atmosphérique, "Forest glass / Forest / hidden.(...) The evening is falling down / The forest locked us on / It's around us / A green circle made of leaves / With a visible hole inside", touffeur moite, mots troués de russe, crépitements, résonnances sourdes, le français revient, l'eau est là, voda, l'envolée soudaine des sons électroniques (Jean-Yves Macé n'est pas loin !?), dans le marais des sons d'inquiétants dérapages, "La rivière est un lasso / Chaque tige dans l'eau dévie la surface". Musique idéale pour Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier, car elle aussi peuplée de revenants, saturée de présences. On peut alors s'abandonner, dans la lumière revenue et les repères retrouvés, à la magnifique ballade finale, interprétée par Sylvain Chauveau : entrée dans la légende country... L'un des plus beaux disques de ces premiers mois de 2009, celui qui me touche le plus en tout cas.
Paru en 2009 chez debruit&desilence / 7 plages / 32 minutes environ (album court, mais intégralement superbe... aucune allusion à la chronique précédente ?)

 

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 16 décembre 2020)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Pop-rock - dub et chansons alentours

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