Fink : "Sort of revolution", mais tranquille...

Publié le 7 Juillet 2009

Fink : "Sort of revolution", mais tranquille...
  
Finian Greenall, alias Fink, persiste et signe un nouvel album de chansons entre folk, trip-hop, soul et blues. Après Biscuit for breakfast et Distance and time, Sort of revolution éloigne plus que jamais le gallois de ses platines. Guitare sèche et voix, c'est la base de compositions simples, mélodieuses, étoffées çà et là avec un rare discernement. "Come so far", le premier titre se déploie lentement sur un rythme discret, cordes qui crissent, claquements secs, choeurs en sourdine, petites touches de piano, de Fender Rhodes aussi, avec un côté presque reggae vers la fin. Tout est dit, Fink travaille dans de la belle dentelle. Dès le deuxième titre, "Move on me", on sait qu'on n'oubliera plus ce bijou. Composé et interprété par John Legend au piano, il permet à la voix grave et chaude de Fink de montrer tout son potentiel de séduction bluezzy. Des cordes se joignent à la mélodie hypnotique, puis tout s'efface, ne restent que le piano et les coups frappés sur la guitare pour une coda mélancolique très belle. La guitare, frappée et grattée avec parcimonie, revient en force avec "Six weeks", blues lancinant et dépouillé dont l'économie est prolongée de quelques nappes électroniques. Ce qui frappe à chaque fois, c'est le sens de la mesure, rien d'appuyé, des ajouts qui forcent l'attention plutôt que de l'accaparer. Vous allez me dire, voilà justement la musique, la vraie, je suis d'accord, mais force est de reconnaître que les orfèvres sont rares, que beaucoup de chanteurs / compositeurs travaillent plus avec le bulldozer qu'avec le burin du graveur, non ? "Nothing is Ever finished" étale sa nonchalance feutrée, "temptation happens to everyone", pourquoi se hâter puisque "Baby blue, i want to kiss you", cela s'appelle la sensualité. Deuxième chef d'oeuvre avec "See it all", piano à nouveau, en boucles rapides, coups frappés sur la caisse de la guitare, la voix nue, presque a capella entre les cellules harmoniques, le morceau s'amplifie par brefs moments lyriques, cymbales rares, batterie sèche, fin chorale à tendance minimaliste superbe. "Q&A" , claquements de mains, murmures en chœurs sourds, coups métalliques, est le morceau le plus soul ou gospel, là encore très tenu, aéré, émaillé de trouvailles sonores par touches légères. De la musique à déguster avec toutes nos papilles auditives, affalé dans un divan moelleux, en bonne ou mauvaise compagnie !! "If I had a million" fait claquer les cordes, la voix se laisse glisser dans des répétitions lancinantes, et je ne crie pas au scandale, car la pauvreté, on la sent un choix esthétique, pas une limitation de l'inspiration. Battements et intrusions sonores diverses animent le frémissant "Pigtails", marqué par une splendide micro-intervention d'harmonica. Ouverture à l'orgue électrique pour "Maker", joli morceau à nouveau très soul, avec une allure dub marquée et une courte flambée de guitares électriques un peu avant la fin. L'album se conclut par "Walking In the Sun", voix  - cette voix qui me fait penser à Chris Whitley, et guitare, à la fois dépouillé et si chaleureux, que de courts fragments choraux tirent à nouveau vers le gospel. Le parcours est impeccable, aucun morceau faible, pas de remplissage.
Paru en mai 2009 chez Ninja Tune / 10 titres, environ 50 minutes.

 

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 17 décembre 2020)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Pop-rock - dub et chansons alentours

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