Dustin O'Halloran - Vorleben

Publié le 5 Février 2013

Dustin O'Halloran - Vorleben

   Publié une première fois en 2010 dans une édition limitée à 450 exemplaires du label berlinois sonic pieces, Vorleben, du pianiste américain Dustin O'Halloran est encore disponible en cd sur FatCat depuis 2011, qu'on se le dise. J'avais apprécié Lumiere paru sur le même label : j'ai vraiment un coup de cœur pour Vorleben, enregistré en concert dans la Grunewaldkirche de Berlin.

   Dès "Opus 54" qui ouvre l'album, il y une évidence, une clarté bouleversante. Cette mélodie poignante filée au long de boucles fluides revient vous assaillir, vous envelopper dans ses lassos de lumière. Oh, rien de révolutionnaire ou d'avant-garde, des pièces davantage dans la tradition d'un Chopin - "Opus 21" et sa valse langoureuse, rêveuse - d'un Bach dont la rigueur imprègne "Opus 17", sorte de mini fugue, ou dans celle d'un minimalisme à la Philip Glass dans le très bel "Opus 28". Autant de pièces que le pianiste enfile pour en faire un collier de pierreries : les enchaînements sont limpides, l'émotion ne faiblit jamais. On se laisse porter par ce lyrisme qu'on pourrait trouver facile s'il n'était pas d'une si désarmante sincérité, totalement dénué d'afféterie. Cela s'entend, l'église retient son souffle pour se laisser remplir par la beauté de ce piano touché avec tant de respect. La sensibilité frémissante n'exclut pas la fougue comme dans le très beau développement choral, quasi pulsant dans la seconde partie de "Opus 3", la plus longue composition avec ses cinq minutes et cinquante secondes, développement qui prend pour finir une tonalité plus introspective. "Opus 37", qui termine le programme, se situe quelque part entre Janacek...et nous : interrogatif, pudique, au seuil du silence et des applaudissements finaux, heureusement éliminés entre chaque composition. Faites écouter ce disque, vous verrez qu'il séduit des gens aux goûts très différents parce qu'il frappe à la bonne porte, celle des sentiments humains. On comprend que Dustin soit sollicité pour écrire des musiques de film : sa musique fait vibrer le meilleur en nous. Trois titres se retrouvent d'ailleurs sur la BO de Marie-Antoinette de Sofia Coppola. À noter que le concert a été enregistré à l'occasion de la fête organisée pour la sortie de l'album The Bells de Nils Frahm, et sur le même piano, en présence notamment de Greg Haines...

Paru en 2010 chez sonic pieces / Reparu en 2011 chez FatCat / 10 titres / 36 minutes environ

---------------------------

Pour aller plus loin

-  comme pour mon dernier article, je cède à l'envie de lui associer une œuvre, une photographie : Maya Deren (née Eleanora Derenkowskaia, à Kiev en 1917, morte à New-York en 1961, importante réalisatrice de films expérimentaux dans les années 1940 - 1950) photographiée par son mari Alexander Hackenschmied, photographe autrichien né à Linz en 1907 et mort à New-York en 2004. Trouvée sur la page Facebook de Theater of the Sublime.

   Le lien, c'est l'émotion :

 

Dustin O'Halloran - Vorleben

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 25 mai 2021)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Le piano sans peur, #Des Classiques pour Aujourd'hui

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :