Ballaké Sissoko / Vincent Segal : "Chamber Music", boire à la source.

Publié le 10 Septembre 2009

Ballaké Sissoko / Vincent Segal : "Chamber Music", boire à la source.

Meph.- Là, chapeau bas !
Dio.- Pourquoi donc ?
Meph.- Pour une fois, tu es en avance sur l'actualité !
Dio.- Ah oui, je n'y avais pas prêté attention...
Meph.- Redescends sur terre, le disque sortira le 5 octobre.

Dio.- Parfait ! Comme nous étions en retard avec le troisième album de Death Ambient, l'équilibre est retrouvé, non ?

 

Après la forêt engloutie, une musique qui coule de source. Après les raffinements électroniques et électriques, le retour à l'acoustique -représenté dans le trio chroniqué précédemment par le multi-instrumentiste japonais Kato Hideki. Ici, kora et violoncelle, rien de plus. Une rencontre limpide, sans arrières pensées, entre deux instrumentistes formidables. Ballaké Sissoko, malien de Bamako, est devenu au fil des années le grand maître incontesté de la kora, cette harpe-luth à 21 cordes d'origine mandingue. Il a imposé l'instrument dans de multiples festivals et grâce à de nombreuses collaborations, notamment avec Ross Daly, cet extraordinaire multi-instrumentiste d'origine irlandaise devenu joueur de lyra crétoise. Vincent Segal, d'origine rémoise, joue aussi bien du violoncelle acoustique qu'électrique. Comme Ballaké, il se livre aux expérimentations les plus diverses, passant par l'Ensemble intercontemporain et par des groupes de jazz, la chanson, le rock. Tous les deux transcendent les frontières : pas question d'enfermer la kora dans le monde des musiques traditionnelles et le violoncelle dans celui de la musique classique. Il n'est donc pas étonnant de les retrouver ensembles sur ce disque au titre pourtant presque provocateur. On les attendait peut-être dans des expérimentations et métissages débridés, ils se livrent à un sobre exercice de dialogue attentif, se partagent les compositions. Pièces calmes et envoûtantes, rythmées par le retour obsessionnel de certains thèmes, avec quelques morceaux un brin plus lyriques, mais il est rien moins évident que de deviner le compositeur, tant l'autre prend les manières de l'un, s'insinue dans son univers. Ainsi le titre 5, "Histoire de Molly", signé par Vincent Segal, se déploie avec la sereine majesté d'une ritournelle africaine, le violoncelle s'y fait même oriental, tout en mélismes insinuants. Seule exception à ce double chant intériorisé, une chanteuse intervient brièvement sur le titre 7, "Regret-à Kader Barry". Tout va de soi, la fontaine est fraîche, le monde chante, le temps s'égrène avec les notes cristallines de la kora, glisse sur les arpèges du violoncelle. On est bien.
Pour aller plus loin
- un article antérieur consacré à Thee, Stranded horse, où l'on retrouve la kora.
- Le site de Bumcello, pour découvrir d'autres aspects de l'activité de Vincent Segal, avec pas mal de titres en écoute.

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 17 janvier  2021)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Hybrides et Mélanges, #Musiques du Monde - Folk

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