Publié le 29 Février 2008

Richard Eigner et ses amis : nouveaux territoires électroniques.
Richard Eigner

Né en 1983, l'autrichien Richard Eigner pratique la musique avec ses amis dans les clubs de son pays où il a déjà reçu quelques distinctions dans le domaine des musiques électroniques. Il est aux percussions, aux claviers et aux traitements sonores. Je l'ai connu grâce à la Red Bull Music Academy, ce regroupement annuel dans une ville toujours différente, Melbourne en 2006 et Toronto en 2007, des meilleurs DJs et expérimentateurs musicaux de la planète,  manifestation qui est prolongée en général par un disque ou un CD-Rom. Concrete leaves, une pièce conçue comme une sorte de mille feuilles avec des cuivres sur plusieurs pistes décalées qui reviennent de manière lancinante, avait retenu mon attention sur la compilation 2006. J'ai fini par rentrer en contact avec Richard. Il forme le groupe Ritornell avec son ami Roman Gerold, mais il participe avec d'autres à des manifestations très diverses dans tous les lieux ouverts aux musiques actuelles en Autriche.Avec un troisième comparse, Gerhard Daurer, il propose rien moins qu'un renouvellement passionnant des musiques électroniques et expérimentales ! Il n'a encore enregistré aucun disque, mais en prépare un avec le lancement d'un label intitulé Wald-Entertainment. Sa musique- et celle des ses amis, appartient à la galaxie électronique la plus radicale, souvent très proche des expérimentations de la musique contemporaine, avec une touche jazzy sur certaines compositions, et une évidente affinité avec l'esprit minimaliste. Les meilleurs morceaux sont à mon sens les plus dépouillés,  épures abstraites, quasi conceptuelles, où le jeu très fin des percussions s'inscrit sur des lignes à la fois rigoureuses et mystérieuses : écoutez  Tide and Tickle, exemplaire de cette économie, ou encore l'extraordinaire Untitled, qui fait penser à un jardin japonais par son hiératisme simple et grandiose. Ce dernier morceau évoque d'ailleurs pour moi les Six Japanese Gardens (1993) de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho. Vous trouverez peut-être l'étonnant The Light, au jazz décalé, sensuel et vaguement orientalisant, habité par une voix féminine légèrement rauque et frémissante, tapissé de légers chœurs féminins et de percussions obsédantes.. (en illustration sonore en bas de l'article)
   Tandis que Roman Gerold écrit des pièces pour films, danses ou même jeux vidéo, Richard se livre à des remix, constitue une bibliothèque de sons. Leur collaboration remonte à l'écriture d'une musique de scène pour Urgent Appetite, spectacle de la chorégraphe canadienne Laura Kappel au printemps 2004.

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 8 août 2020)

Paru en 2009 seulement chez Karaoke Kalk /11 plages / 42 minutes environ

Pour aller plus loin :

- le site de Richard Eigner

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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Publié le 20 Février 2008

Sentieri Selvaggi : la musique libère l'esprit.
  
L'Ensemble Sentieri Selvaggi

Fondé en 1997 par Carlo Boccadoro, Filippo Del Corno et Angelo Miotto, Sentiero Selvaggi constitue un ensemble de chambre de neuf musiciens, auxquels des invités peuvent s'adjoindre. Ils ont décidé de se consacrer aux compositeurs d'aujourd'hui, entretenant d'étroites relations notamment avec David Lang, Louis Andriessen, Philip Glass, Michael Nyman, qui écrivent des pièces spécialement pour eux. L'éventail instrumental est large : flûte et piccolo, clarinette et clarinette basse, piano, vibraphone et percussion, contrebasse, violon, violoncelle. Pour leur disque paru chez Cantaloupe en 2006, AC/DC, ils interprètent huit pièces de compositeurs différents : Michael Gordon, Filippo del Corno (un des co-fondateurs), Ludovico Einaudi, Louis Andriessen, David Lang, Lorenzo Ferrero, Laurie Anderson (tiens donc !) et Carlo Boccadoro (autre co-fondateur). Force, finesse, subtilité, variété des paysages sonores caractérisent ce disque qui prouve une fois encore que la musique contemporaine a su sortir de son carcan dogmatique, qu'elle n'hésite plus à revisiter des compositions hors de son champ traditionnel, comme cet étonnant "Hiawatha" de Laurie Anderson, pastoral et velouté à souhait.
Entre le trépidant "AC/DC" de Michael Gordon, un peu dans la lignée de son très beau "Transe", le magma en fusion de "I fought the Law" de David Lang, arrêtez-vous sous "The Apple Tree" de Ludovico Einaudi, une composition qui pourrait surgir ...du jardin des Finzi-Contini : la lumière joue dans les feuilles, tout y est comme dans les souvenirs, nimbé d'une grâce frémissante, et puis le vent tourbillonne et joue à tout recomposer, facétieux et sauvage à sa manière.

Illustrations sonores :

1) en tête d'article : Hiawatha par Laurie Anderson

2) plus bas : I fought the law par David Lang

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 8 août 2020)

Paru en 2006 chez Cantaloupe Music / 8 plages / 57 minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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Publié le 14 Février 2008

Brain Damage : l'électro-dub sans dommage !

   Le duo stéphanois issu du collectif dub Bangarang sort début mars un CD qu'ils présentent à la fois comme faisant référence au Commercial Album des Residents et au film de Robert Altman dont ils reprennent le titre. C'est leur quatrième disque sous le nom de Brain Damage. Le troisième, Spoken Dub Manifesto, sorti en 2006, frayait de nouvelles voies dans le dub en travaillant un "dit-parlé"(néologisme que je forge à partir de "spoken word") d'une grande inventivité. Ce nouvel opus va plus loin encore à la fois dans la même voie et dans le mélange toujours plus réussi entre électro-dub et expérimental, ambient. On obtient vingt-quatre miniatures, toutes autour de deux minutes, qui cisèlent des univers sonores foisonnants, hantés par des voix qui parlent, crient, murmurent, incantent en sept langues (français, anglais, bosnien, catalan, polonais, arabe et allemand). Lieder d'aujourd'hui, d'un monde trouble et fascinant : un lyrisme floydien (référence assumée !)émane parfois de ses bribes émaillées de cloches, tapissées d'arrière-plans tournoyants. Le dub le plus sombre est traversé d'échos fragiles et émouvants, si bien que l'étiquette revendiquée par le duo, émo-dub-ambient, est assez juste : rien de désincarné dans ce dub-là, vivifié par les très nombreuses collaborations, venues notamment de l'Est où la groupe a récemment tourné. Indéniablement un groupe majeur de la scène française, à l'énergie communicative, Brain Damage signe tout simplement un disque abouti, passionnant de bout en bout. Basse et machines, et toute l'humanité en raccourcis habités.
Paru en juin 2008 chez Jarring Effects / 24 plages / 50 minutes environ

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 8 août 2020)

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Électroniques etc...

Publié le 8 Février 2008

Somna : l'imaginaire limpide des lointains.
  Ils étaient deux au départ : Julien Fighiera à la basse et Julien Chamla à la batterie. Fin 2003, le duo devient trio avec l'arrivée de Gérard Tappa à la guitare. Les trois rémois sortent un an plus tard un quatre titres, Hyperréalité. Ils récidivent avec un nouveau quatre titres, simplement baptisé Somna. Revendiquant les influences de Pink Floyd, King Crimson ou encore Louis Sclavis, ils proposent une musique entièrement instrumentale à l'image de la magnifique pochette. Place aux rêves, avec des ambiances vaporeuses, étirées, mystérieuses. La guitare se déploie dans l'espace, la batterie place ses articulations avec une belle frappe lyrique, qui ménage des ralentis, des moments d'intériorité fragile. La basse ronronne, moelleuse et ronde. Quatre titres pour presque une demi-heure de bonheur. Plus qu'à l'univers du post-rock proprement dit, souvent plus lourd, épais,  j'ai souvent pensé aux Américains de Slow Six, dont j'ai déjà chroniqué ici avec enthousiasme les deux disques. Il y a une grâce sans mièvrerie, une évidence onirique, une transparence, qui ravissent. On a envie de se perdre dans les sous-bois irréels, de s'allonger dans la beauté tranquille des instants suspendus.
Pas d'illustration sonore à vous proposer, hélas...
 

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Hybrides et Mélanges