Publié le 29 Juin 2023
Standers est le second long album de Craven Faults après quelques mini-albums et enregistrements de studio. Précisons tout de suite qu'il s'agit d'un ensemble de trois cds, et que je ne rends compte que du premier, en écoute sur bandcamp (voir en bas de l'article). Deuxième précision : j'ai hésité à commencer cet article, non que la musique me déplaise, certes non, mais je trouve le disque inégal. Le musicien fait parfois durer peu utilement les titres. On me dira que cela fait partie du genre, cette lourdeur, cet aspect grosse machine qui accapare nos tympans. Prenons le premier titre, "Hurrocstanes", plus de seize minutes de ronronnements et battements, de quoi mener soit à l'extase, soit à une certaine lassitude. Je suis resté entre les deux, il me manquait...disons de quoi intéresser mes oreilles, des variations, que sais-je [cf.(a), une autre écoute...]. Le second titre, "Severals", nettement plus ramassé avec un peu plus de quatre minutes, est un honnête titre ambiant sur une danse hypnotique de synthétiseurs et percussions synthétiques. Il faut attendre "Meers & Hushes", qui s'étire à nouveau, pour que le disque décolle enfin. Craven Faults affectionne un univers sonore aux portes du sommeil. C'est une musique léthargique, chargée de rêves flous, qui n'est vraiment pas sans charme, comme ce troisième titre traversé de lourdes nappes, de vrilles, avec une frappe inlassable, des voix d'outre-monde. Le meilleur des trois premiers, indéniablement, un univers à la Lost Highway, droit dans la nuit à la rencontre des fantômes, lesquels surgissent pour des boucles incantatoires. Écho sonore de la belle couverture, mystérieux, comme tapissé de miroirs, c'est un piège vertigineux où sont enfermées des créatures préhistoriques errantes. À lui seul, il justifie cet article !
"Sun Vein Strings", cordes synthétiques brouillées et enroulements de drones, creuse son sillon en laboureur obstiné, nous emporte dans son magma épais, de plus en plus dense, au feuilletage fouetté de tourbillons.. "Idols & Altars" reste quant à lui assez poussif, pas à la hauteur de son titre, à moins qu'on le considère comme une mise en oreille fascinante pour le dernier titre. "Odda Delf", c'est la seconde réussite de l'album. Le titre décolle doucement, fermement, soutenu par une rythmique implacable. C'est une montée vers la lumière trouble de la dissolution par des textures irisées, le tuilage superbe d'un escalier au bord de l'explosion, hanté par des voix synthétiques abyssales. Magnifique vidéo ci-dessous, elle rend bien compte de la lenteur envoûtante du titre et au fond de sa suprême mélancolie...
Titres préférés :
1) "Meers & Hushes" (le 3) et "Odda Delf" (le 6)
2) "Sun Vein Strings" (le 4) et "Severals" (le 2)
(a) [Je suis sans doute trop dur avec le premier titre, à cause du début très prometteur, ce frissonnement saccadé des synthétiseurs qui augurait si bien... ]
Malgré ces petites faiblesses, un album dont on se lasse pas, sacrément hypnotique, accompagné de superbes visuels et vidéos.
Paru en mai 2023 chez The Leaf Label (Grande-Bretagne) / 6 plages / 1 heure et 9 minutes environ
Pour aller plus loin
- album en écoute et en vente sur bandcamp :