Publié le 28 Septembre 2020

David Cordero - Honne (本 音)

   Le compositeur espagnol de Cadix David Cordero a ramené de son premier voyage au Japon huit nouveaux titres dans lesquels il tente d'exprimer les paysages, les sons, l'ambiance de ce pays et des habitants qu'il a eu le plaisir de rencontrer. Le mot japonais "Honne" signifie les vrais sentiments, impressions et désirs. Il a enregistré ensuite la musique dans son studio personnel à l'aide de nouveaux procédés d'enregistrement et instruments, nous précise-t-il. Deux amis espagnols et deux musiciens japonais apportent leur contribution  sur quatre des huit titres.

   "El elogio de la sombra" est paradoxalement une pièce lumineuse, tintinnabulante, belle entrée ouatée stratifiée par les superpositions. Avec la collaboration de Miguel Otero, "Un drama mudo" déroule une trame grave et lente, comme une volute girant doucement dans l'espace, sur laquelle une guitare étouffée égrène quelques notes en boucles espacées sur un fond d'orgue. C'est d'une majesté moelleuse à la mélancolie prenante, qui nous enveloppe dans son oreille harmonique. "Buenas noches, Yuki" nous plonge-t-il dans un cauchemar avec ses déchirements initiaux ? Des cloches féériques, des gongs lointains instaurent très vite, plutôt, une atmosphère merveilleuse : au seuil d'un temple, nous assistons à une mystérieuse cérémonie, avec des assistants dont nous entendons parfois les bruits. Tout bruisse, les harmoniques des portiques de cloches se mêlent pour créer un orchestre pastoral de toute beauté. On fera de très beaux rêves... Aidé de Shuta Yasukochi, David Cordero prolonge la magie avec "音", toile ambiante à la sombre rutilance, elle aussi tout en enroulements suaves, profonds comme une houle éternelle éclairée d'un lit de pierreries miroitantes. "Paula" gazouille de chants d'oiseaux pour devenir un intermède enchanté de boucles orientales. Kenji Kihara contribue sans doute à la stratification vertigineuse de "El joven llamado cuervo" (le jeune homme nommé corbeau), d'un lyrisme hiératique somnambulique. Le septième titre, "La tristeza de una ciudad", reprend en mineur les thèmes du morceau précédent, scandés par une sorte de luth électronique, agrémentés d'une respiration marine, avec des chevauchements lointains de clavier qui font un peu penser à du Tim Hecker. Nous voici parvenus "Tras la tormenta" (Après la tempête) pour le dernier titre, co-signé par Carles Guajardo. Près de onze minutes pour une fresque sombre, rayée de drones, de nuages épais et sourdement tournoyants dont les bords s'ourlent de lumières troubles, qui finiront par nous engloutir à nous attirer par leurs cercles toujours plus intenses...et si une brève accalmie fait entendre des voix séraphiques, leur crescendo impressionnant accroît la fascination de cet appel des empyrées.

Paru en septembre 2020 chez Dronarium / 8 plages / 45 minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

Jardin japonais (© Photographie personnelle)

Jardin japonais (© Photographie personnelle)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Ambiantes - Électroniques