Publié le 29 Juin 2007

(Nouvelle mise en page + illustrations sonores / Proposition du 24 juin 2007 )


Je ne présente pas à nouveau Tim Hecker (cf. article ici), qui clôt la première série, celle des expansions électroniques.
Peintre, sculpteur, compositeur et par dessus-tout extraordinaire "performeur", Charlemagne Palestine est le second que

j'évoquais au début de cet article. Né en 1947, marqué, enfant, par sa participation à la chorale d'une synagogue de Brooklyn, par sa rencontre ensuite avec la musique concrète de Pierre Henry, - qui conforte son goût pour les sons des moteurs ou d'autres objets quotidiens, avec les expériences électroniques d'un Varèse, il pratique les collages sonores, écoute les sons avec attention dans une orientation spirituelle, plongeant au cœur des harmoniques, des échos, interrogeant avec obstination les bourdons, les drones pour plonger l'auditeur dans un univers en vibration et le mettre ainsi dans un état d'extase, d'extériorité absolue à lui-même, le moi comme dissous, aboli. Cette orientation n'est pas sans rappeler celle de La Monte Young dans son pays, ou celle d'un Giacinto Scelsi en Italie. L'abandon de toute virtuosité, voire de toute mélodie, le marginalise pendant un temps, d'autant que le succès du minimalisme sous sa forme répétitive le déçoit. Après avoir utilisé oscillateurs électroniques et synthétiseurs, il revient aux sonorités acoustiques, sans doute influencé par son expérience de carillonneur pendant six ans dans une église new-yorkaise. Il joue alors de l'orgue d'église, du piano. Il chante parfois aussi, initié au chant drupad de l'Inde par le grand Prandit Pran Nath, auprès de qui Terry Riley et La Monte Young ont d'ailleurs étudié. Ce dernier enregistrement permet de l'entendre en public, jouant simultanément sur deux pianos Yamaha : la pratique du "strumming", ce martèlement d'une note ou d'un très court motif, alterne avec des moments d'apaisement. Après une courte introduction, une pièce de trente-six minutes seulement, ce qui est peu pour Palestine, dont les concerts durent souvent des heures, voire des nuits entières. C'est assez pour découvrir l'un des créateurs les plus singuliers d'aujourd'hui, dont l'enthousiasme est intact après tant d'année, et dont l'influence ne cesse de grandir.
Les DISQUES
And their refinement of the decline de Stars of the Lid est paru en 2007 chez Kranky
Harmony in Ultraviolet de Tim Hecker est paru en 2007 chez Kranky
Sense of place de Hakobune est paru en 2007 chez U-Cover
a sweet quasimodo between black vampire butterflies de Charlemagne Palestine est paru en 2007 chez Cold Blue Music