Au fond des sombres forêts, revêtue d'une chemise de nuit blanche, elle attend le Monstre : il a promis de venir. Comme il tarde, qu'elle ne sait plus très bien ce qui l'emporte, du froid qui la saisit, de la peur ou du plaisir, elle prend sa guitare et chante. Sa petite voix acide monte dans l'air glacé de la vaste nuit. Tout écoute et se tait. Non loin, le Monstre s'est arrêté, retient ses grognements et son haleine pestilentielle. Couché sur le dos, il laisse les étoiles le transpercer de leurs couteaux transparents, lui ôter son lourd pelage galeux. Les chansons s'inscrivent dans son cerveau de brute. Sidéré, il se lève, et voilà qu'il s'envole, laissant sur les herbes aplaties son ancienne dépouille.
Elle, c'est Billie Lindhall, une jeune suédoise d'à peine vingt ans. Lui, c'est l'auditeur moyen, transporté par ses chansons évidentes, lumineuses. Transparent knives est son premier album, succédant à un quatre titres d'ailleurs inclus dans ce premier grand opus. C'est sorti en octobre 2007, et j'ai failli le manquer ! Douze chansons folk à la douceur angélique, à la tendre mélancolie un peu voilée. Un miracle diaphane qui ravira tous ceux qui ont aimé le disque de Nancy Elizabeth (cf. article du 30 novembre 2007). Billie Lindhall troque parfois sa guitare contre un dulcimer ou des cordes, tandis que son producteur, Jörgen Wall, intervient pour quelques parties d'orgue ou de claviers, dans les choeurs aussi. C'est si simple, le bonheur !
Paru en octobre 2007 chez Imperial Recordings / 12 plages / 42 minutes environ
Pour aller plus loin :
Je place ci-dessous une vidéo du splendide premier titre, Sheets.