Publié le 27 Mai 2014

Andy Moor & Yannis Kyriakides (2) - Folia

Une descente rimbaldienne dans le maelström de la folie

   En 2010, la même année que Rebetika, Andy Moor et Yannis Kyriakides sortent Folia, autre relecture, cette fois d'une danse nommée La Folia, dont l'origine serait portugaise et remonterait au XVe siècle. Ils s'inscrivent ainsi dans la longue lignée des innombrables variations auxquelles cette danse a donné lieu, de Lully, Corelli, Vivaldi à Rachmaninov, Angelis Papathanassiou, jusque dans le jeu vidéo Final Fantasy IX ! Follia, Folies d'Espagne...Mettons-nous déjà dans l'oreille une version, par exemple l'une des plus anciennes, celle de la chanson de berger "Rodrigo Martinez", dans une interprétation de Jordi Savall :

   À quoi bon me direz-vous ? Que reste-t-il de La Folia ? Mais est-ce bien la bonne question ? Dès le départ, on ne sait pas grand chose de cette danse populaire. Ce n'est guère qu'un thème de quleques notes, un prétexte à transe, d'où son surnom. Tout musicien qui s'empare d'elle en fait ce qu'il veut, après tout. La preuve en est que les musiciens la dissimulent, comme on dit que Beethoven l'aurait cachée dans l'andante de sa cinquième symphonie. La Folia - son nom le dit assez - renvoie à un imaginaire du dérèglement, de l'insensé, et partant du refoulé lié à ce rite païen de fertilité dont elle serait la signature musicale. Ce qui compte, c'est que le thème fertilise, justement, féconde, parfois en sous-main, par en-dessous. Dès le XVIIe, les musiciens se plaisent à la ralentir, à y ajouter des variations multiples. Andy Moor et Yannis Kyriakides ne font pas autre chose et, à bien les écouter, sont peut-être plus proches que bien des "emprunteurs" de l'esprit de cette danse.

    Dès la première partie, dont ils conservent le début reconnaissable, tout dérape. La danse est considérablement ralentie, augmente son potentiel d'envoûtement. La guitare égrène lentement ses notes, peu à peu serties de glissendi électroniques. La texture s'épaissit, à la fois trouble et radieuse, dans un clair obscur musical splendide. De fortes ponctuations rythmiques lui font prendre un essor fascinant. La danse devient puissante, mystérieuse, informée par des poussées de drones, des riffs graves et lourds. Quelle atmosphère !! Tout est suspendu aux interventions de la guitare, qui nous tient vraiment sous le charme. La seconde partie continue sur cette lancée épurée. Le jeu d'Andy Moor est éblouissant : acérée, brûlante, sa guitare rentre en fusion, épaulée par les fulgurances magmatiques de l'ordinateur de Yannis. Quels musiciens avaient su, avant eux, revenir aux sources de cette folie? "Folia 3" poursuit ce long dérèglement de tous les repères, cette odyssée électrique absolument fabuleuse, avec des passages pulsants hallucinants, de miraculeux petits incendies, des boules d'énergie se résorbant en éclats brefs. C'est un voyage ébloui dans un ailleurs illuminé, habité par des forces obscures et belles qui nous submergent parfois de leurs vagues imprévues quand la mer se met à battre la mesure et revêt son habit d'étincelles, que s'enfle ce qui monte du plus profond d'on ne sait quoi qui nous dépasse et nous laisse pantelants sur le bord, comme enivrés.

   Par contraste, "Folia 4" est songeuse, un brin élégiaque le temps des premières mesures. Le temps de souffler, le temps de revenir au centre du délire, dont des éclaboussures commencent à fissurer la tranquille rêverie. Qu'est-ce qui travaille, là, au fond, qui se lève et surgit, irrésistible ? "Folia 5" déporte plus loin, ça déraille et ça dissone, se faille et se liquéfie en virgules de feu, dans un mur qui explose en gerbes bouillonnantes, se reforme plus opaque dans ses blindages pour se disloquer en éructations sourdes. "Folia 6" est comme une terre de feu trouée de geysers, pleine de pièges sonores, survolée parfois par des nuées synthétiques étranges. La guitare s'étrangle et s'évertue dans une solitude peuplée d'esprits, elle se débat, proteste, découpe l'invasion qui n'en finit plus, à moins qu'elle ne la suscite par sa dérive flamboyante. "Folia 7", ce serait le cœur radieux, secret de cette transe initiatique fabuleuse, le lieu de la douceur enfouie qui s'échappe comme l'air d'un ballon gonflable qu'on vient de percer par mégarde. Retour aux sons amorphes, vidés du chant prodigieux.

   Un disque superbe de bout en bout, inspiré, à côté duquel bien des Folies paraissent sages et fades. Autant dire que je me situe à l'opposé absolu du quasi éreintement auquel Pierre Cécile se livre dans sa très courte chronique publiée dans Le Son du grisli - apparemment le seul article paru en français sur le net (et en phase avec la sortie, pas comme moi).

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Paru chez Unsounds en 2010 / 7 titres / 43 minutes

Pour aller plus loin

- le site de Yannis Kyriakides

- la page du label Unsounds consacrée à l'album

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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Publié le 19 Mai 2014

Andy Moor & Yannis Kyriakides (1) - Rebetika

   Andy Moor, le guitariste du collectif punk néerlandais The Ex, et Yannis Kyriakides, né à Chypre puis émigré en Grande-Bretagne et qui enseigne maintenant la composition au Conservatoire royal de La Haye après avoir étudié sous la direction de Louis Andriessen, se retrouvent autour d'une des grandes aventures musicales du vingtième siècle, celle du rebetiko. Cette musique orientalisante est celle des rébètes, chanteurs et musiciens grecs réfugiés d'Asie mineure, chassés en 1922 par la rétrocession de Smyrne (qui est devenue l'Izmir turque) et de la côte méditerranéenne de l'Anatolie. Les émigrants arrivent au port du Pirée, iront s'entasser dans les banlieues d'Athènes et un peu partout en Grèce continentale, retrouvant d'autres émigrés, ceux des îles et des campagnes. Le rébétiko sera une sorte de blues urbain, entre hyper mélancolie et éloge de toutes les marginalités, qui connaît son âge d'or entre 1920 et 1950 et au-delà, marquant durablement la musique populaire grecque. Andy Moor et Yannis Kyriakides, à l'odianteur quant à lui, s'emparent de cet héritage pour lui insuffler une nouvelle vitalité. À noter que les deux musiciens comptent parmi les cofondateurs du label Unsounds, qui republie en 2010, en y ajoutant deux titres supplémentaires, un disque initialement sorti chez Seven Things Records, une session publique de 2006 enregistrée à Glasgow.

   Le premier titre, "Minores", est sans doute celui qui laisse le plus de place au rébétiko initial de Stratos Pajiomdis, que l'on peut trouver tout à la fin d'une anthologie en deux cds du rébétiko, parue sous le titre "Rembetiko : Songs of the greek Underground : 1925 -1947" . On entend d'abord le grésillement du microsillon, puis le bouzouki et la voix du chanteur. Il ne subsistera que quelques fragments de l'original, montés en boucle, auxquels viennent se superposer les interventions d'Andy Moor à la guitare. Amateur de rébétiko, j'étais un peu sceptique au départ. J'ai vite adhéré à cette réécriture, à cette recomposition inspirée. Andy Moor se glisse entre les bribes anciennes avec aisance, improvise dans l'esprit d'un Fred Frith. Guitare et bouzouki s'entendent fort bien, et l'esprit mélancolique, la langueur orientale se retrouvent dans leur hommage vraiment bienvenu.

      Avec "Katsaros", la guitare se substitue dès le départ au bouzouki pour une mélodie absolument envoûtante, qui tourne, se déchire, hoquète. Un grand moment, tout à fait magnifique, ponctué d'explosions rageuses, de dérapages agressifs, manière de rappeler le fond de rébellion de cette musique de marginaux. De très brefs échantillons de l'original sont ensuite réinsérés dans une échappée lyrique superbe où la guitare d'Andy sonne merveilleusement avant de s'éparpiller en gerbes dissonnantes. Un régal des oreilles ! D'autant qu'Andy laisse la guitare résonner, que le beau travail de Yannis à l'ordinateur vient l'habiter. "Vamvakaris" commence par un échantillon trituré, étiré, sur lequel vient se greffer la guitare survoltée d'Andy pour donner une sorte de poème électrique à la fois lumineux et épais, avec de brèves échappées élégiaques inattendues. "All is well" joue sur de micro fragments montés abruptement, et c'est tout simplement magique, d'une finesse délicate et tonique. Certains diront que nous voilà bien loin du rébétiko : non, c'est un retour à son essence, à cette ambiance des fumeries, des tavernes enfumées, des mauvais lieux. La musique s'abandonne à la griserie des sons, à une virtuosité rêveuse, se déchaîne en accès de frénésie, dans l'esprit des musiques de transe. Tout est bien, en effet, l'on se moque de toutes les orthodoxies, on joue de son instrument comme de son âme jusqu'à la pâmoison syncopée des échantillons de voix. Musique de jouissance pure, orgasmique jusqu'à l'obscénité assumée. "Haremi" laisse la part belle à une guitare installée dans les aigus et des sons brefs, tandis qu'un environnement électro-oriental (si j'ose dire !) nous plonge dans un monde d'échos, de glissendi transparents et profonds, avant que la guitare, dans les graves cette fois, ne vienne surplomber cette atmosphère devenue ensorcelante. Encore un titre excellent !

   La suite de l'album ne déçoit pas, parfois plus écorchée encore comme dans l'étonnant "Delias", frithien en diable, la guitare meuglant, s'engluant dans les drones, ciselant des dentelles sur un fond métronomique glauque, une sorte de musique industrielle rentrée, éructante. "A School burn Down" renoue avec une veine mélodique splendide, la guitare bouzoukiant  sur un tapis épais de sons électroniques pulsés qui l'absorbe dans son unisson puissant ponctué de sourds rugissements avant qu'elle ne réapparaisse plus acérée que jamais. "Sucker", totalement halluciné, disjoncté, malaxe des bribes méconnaissables pour en tirer une fanfare électronique débridée dans laquelle la guitare se coule, tour à tour chantante et dérapante. Pas étonnant qu'on termine avec "Five in hell", qui commence pourtant avec un échantillon langoureux, mais très vite subverti par des roulements graves, des sonorités courbes, et recouvert par un mur de claviers, de percussions lourdes, mur qui lui-même se lézarde pour laisser échapper des souvenirs de voix, se reconstitue plus impressionnant, incorporant  dans un magma sidérant sons anciens et nouvelles sonorités.

  Ces réinterprétations, loin de toute nostalgie passéiste, sont magistrales, passionnantes d'un bout à l'autre, entre Fred Frith pour le maniement de la guitare et le travail d'un Pierre-Yves Macé ( je pense à Passagenweg notamment), entre musiques expérimentales, improvisées et musiques électroniques les plus inventives, les plus belles aussi, il faut le souligner. À côté d'un tel bijou, bien des titres ( je n'ai pas dit "tous") du double cd Echai d'Autechre apparaissent archaïques, poussifs....tant pis, je n'ai pas pu m'empêcher  de lâcher ce petit coup de gueule, tellement je suis pour l'instant déçu par cet opus du duo de Sheffield.

   Andy Moor et Yannis Kyriakides, une collaboration étincelante !   (à suivre !)

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Paru chez Unsounds en 2010 / 9 titres / 53 minutes

Et la paire de chaussures luisantes ? Un clin d'œil vers la célèbre série des chaussettes de l'excellent Henry Cow ? Un hommage aux exilés, dont ils remettent à neuf les pompes usées ? Pour une musique qui traverse les âges, les mêle : aujourd'hui est tissé de la matière d'hier...

Pour aller plus loin

- le site de Yannis Kyriakides

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 3 août 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Contemporaines - Expérimentales

Publié le 12 Mai 2014

Oiseaux-Tempête : Beauté, mon bel espoir de foudre !

   Difficile de rendre compte de la singularité du projet de ce groupe, qui rassemble trois musiciens et un photographe, aussi vidéaste. Au départ, il y a la volonté de rendre compte d'une tournée en Grèce, dans ce pays frappé de plein fouet par une crise économique  déstabilisante. Pendant trois jours à Lyon, influencés par les photographies et les vidéos de Stéphane C. projetées dans le studio, Frédéric Oberland - guitariste, claviériste, saxophoniste alto, voix et "énergie noire" comme l'indique la pochette, Stéphane Pigneul à la basse, aux processus électroniques (échantillonneur, retardateur...) et à la voix également,  Ben Mc Connell à la batterie et percussions, jouent  et improvisent la musique du disque, à laquelle ils ajoutent ensuite des sons, des extraits d'enregistrement réalisés en Grèce. Le disque est sorti en décembre 2013 sur l'excellent label bruxellois Sub Rosa, que je retrouve avec grand plaisir. À défaut de vidéos, on a le visuel du cd ( et de l'édition vinyle, que je n'ai pas, mais qui semble remarquable !!), les superbes images en noir et blanc granuleux qui disent mieux qu'un long discours le climat de déréliction qui frappe une société déboussolée. Depuis, un album de remixes a prolongé ce qu'ils conçoivent comme une odyssée sonore (au pays d'Homère, on n'en attendait pas moins). Place à la musique...

   Disons-le tout de suite, c'est d'emblée d'une force et d'une beauté à couper le souffle. Du post-rock comme on l'aime lorsqu'il n'est pas englué dans les lourdeurs et les manières. Du post-rock enflammé, qui fait brûler le ciel - je pense toujours à ce beau titre "Le Ciel brûle" que la poétesse russe Marina Tsvétaïéva donna à l'un de ces recueils. Un rythme lourd, obsédant, des guitares stratosphériques. C'est "Opening Theme / Ablaze in the distance". Larsens, traînées de feu, cris fondus dans la masse chaotique des sonorités écorchées, et puis des moments de calme, d'émotion pure, avec les belles sonorités des guitares et autres sons échantillonnés. La musique est alors entre ambiante et blues urbain. Elle s'évade, décolle de l'univers noir qu'elle transcendait déjà par les fulgurances inaugurales, avec un petit côté inattendu genre guitare hawaïenne ou - je suis d'accord avec un critique attentif - Ry Cooder, un tempo mélancolique splendide, la solitude qui chante. "sophia's shadow" propose ensuite un court intermède tapissé de sons de rue, avec comme un contrepoint au clavier sonnant alors comme un orgue, brève ouverture vers un ciel improbable. "Buy Gold (Beat Song)" est une ballade hallucinée menée par des guitares suavement enrouées ou limpidement lyriques, avant l'embrasement dans l'épaisseur d'une masse en fusion. Par contraste, "La traversée" commence de manière extatique, quasi immobile autour d'un bourdon puis d'un battement rapide et sombre qui traversera comme un oiseau d'acier tout le morceau. Mais l'intensité va crescendo, l'atmosphère est électrique. Les guitares éructent, des drones puisssants envahissent l'horizon. Énergie noire, tu es là !! Tout se résorbe pourtant comme par magie pour laisser la guitare sonner divinement, soutenue par une batterie discrète et le saxo des cordes électroniques frissonnantes. On n'en est qu'au quatrième titre, mais on sait déjà qu'on tient là l'un des plus beaux albums de 2013 (Comme je suis content de n'avoir pas encore constitué ma liste des disques pour cette année !).

     La suite ? Une longue dérive, somptueuse, fastueuse, envoûtante. "Nuage noir" est un micro concerto pour environnement sonore et guitare, tour à tour délicate, tout en froissements et en ajours ciselés, acérés. On retrouve le battement d'ailes sur "Kyrie eleison", envahi à l'arrière-plan de sons de manifestations et de chants orthodoxes, batterie nerveuse et nappes profondes tissant une musique plus nettement expérimentale, électronique, à la limite d'un rock débridé, free. Suit "Silencer", autre intermède méditatif, court dialogue entre guitare(s) et sons étirés de claviers. "Ourobouros" est la suite directe du premier morceau, en plus développé : d'un peu moins de dix minutes, on passe à plus de dix-sept. Un long blues lynchien, du temps de bluebob" avec John Neff, mais dilaté, creusé de silences, de résonnances, où l'on retrouve aussi le saxophone torturé qui dialogue avec une guitare affolante de beauté. Musique aérienne, une merveille hors du temps, la plus belle réponse à toutes les crises. Qui explose en lourdes rafales dans la seconde moitié, une fin du monde au ralenti, démultipliée. Comme on est loin des pesanteurs à la Sigur Ros (je vais m'attirer des ennemis !) ! Ce n'est pas le feu du ciel, sa colère, qui déferle, c'est un chant plus haut que la révolte, incandescent jusqu'au sublime, se résorbant en retombées à la gravité songeuse. Après un tel moment, "Call John Carcone" capte quand même nos oreilles, s'ouvrant sur un curieux carillonnement émaillé de fragments enregistrés, prélude à un nouveau déchaînement des guitares sur un rythme puissant : magnifique lyrisme sombre, découpé par une batterie implacable, sonorités éraillées s'engouffrant dans l'espace immense, fuite loin du monde arrêtée brutalement...C'est l'arrivée sur "L'île", insectes, le ressac de la mer, mais le grondement pulsant de la basse, les claviers majestueux donnent au titre une ambiance mystérieuse, celle d'une liturgie contemporaine que ne renierait pas un Tim Hecker perdu au fond de sa cathédrale basaltique. Échos, drones réverbérés, bruits divers se croisent dans cet espace immense hanté de voix échantillonnées, soudain éclairé par les sonorités cristallines d'une clochette venant apaiser la fin de ces onze minutes..."Outro (For the Following)", dans cette perspective, est comme un chant de renaissance émouvant, tiraillé entre chœurs synthétiques et message enregistré.

   Un disque majeur !!!!!!!!  Sublime et puissant !

   Je ne voudrais pas terminer cet article sans remercier une fois de plus l'auteur du blog "un(e)énergumène" à qui je dois cette découverte formidable !

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Paru chez Sub Rosa en décembre 2013 / 11 titres (de 2 à 17'39) / 75 minutes !!

Pour aller plus loin

- "Ourobouros", en direct à l'église Saint-Merry le 24 avril 2013 (avec le renfort de Garreth Davis) :

- Trois titres en écoute sur soundcloud :

(Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 2 août 2021)

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Rédigé par Dionys

Publié dans #Pop-rock - dub et chansons alentours