Publié le 24 Octobre 2022
Après le piano dépouillé d' Anastassis Philippakopoulos, vous reprendrez bien un peu de musique électronique ? Dekatron est le nom d'un duo formé en 2013 par Iván Sentionaut, un des membres d'un groupe culte de musique électronique cosmique, We are the Hunters, et Miguel A. Ruiz, pionnier de la musique électronique underground espagnole. Je savoure au passage les noms ou pseudonymes de ces musiciens. À côté du très SF "Sentionaut", Miguel A. Ruiz se fait appeler tantôt Orfeón Gagarine, tantôt Michel des Airlines...
Les mauvaises langues diront qu'il n'y a là rien de bien nouveau. Je le leur concède bien volontiers. Mais cette musique spatialo-cosmique a un charme indéniable. Dès "Neptuniam Twilight", on est transporté loin. La musique a du souffle, une dimension épique qui la fait échapper au ridicule. Je pense à un groupe comme Hawkwind, et certes pas pour les écraser. Rock spatial pour voyage imaginaire intersidéral, avec guitare, basse et instruments électroniques. Quelques voix donnent l'illusion de cosmonautes conversant dans leur fusée. On est bien avec eux, ambiance psychédélique chaleureuse, boucles tranquillement hypnotiques... Pourquoi bouder son plaisir ? Laissez-vous porter, fermez les yeux et ouvrez les oreilles. "Blind Architects", au rythmes bondissants, c'est dans la lignée de deux français que j'aime bien, Jonathan Fitoussi et Clemens Hourrière pour leur beau Espaces timbrés. Un synthétiseur en boucle frénétique, d'autres qui vrombissent et surgissent dans un nuage de drones : l'odyssée fonctionne à merveille ! Les "Alienation Trips" ont un parfum oriental d'étrangeté : atmosphère chargée d'effluves troubles, de visions, au seuil d'une démence stupéfiante.
Le voyage se poursuit avec "Ionizing Waves", littéralement balayé par des vagues surgies de partout. La pièce la plus convenue de l'album, à laquelle il manque toutefois le souffle, la folie dans son premier tiers, mais la trépidation rythmique s'enfle et s'accélère, les drones tournent dans la nuit sidérale, plongent l'auditeur dans une somnolence pas désagréable. "Van Allen Belt Drive" renoue avec "Blind architects", foisonnante et tournoyante ceinture de rayonnements électroniques. Après un intermède de voix vocodées, déformées, la composition prend un virage plus inquiétant, sur un rythme clinquant irrésistible pour nous entraîner plus loin encore.
Des compositions solides avec un parfum des années soixante-dix : la musique électronique se plaît dans les espaces sidéraux.
Paru en septembre 2022 chez Verlag System / 5 plages / 44 minutes environ
Pour aller plus loin :
- album en écoute et en vente sur bandcamp :