An on Bast/ Robert le Magnifique/ Maya Beiser : Variations sur l'(in)humain

Publié le 14 Juin 2007

(Nouvelle mise en page + illustrations sonores / Proposition du 10/06/07)  
   
An On Bast - Welcome Scissors

  Déjà présente dans la proposition du 13 mai de cette année (voir article), la polonaise Anna Suda (An on Bast, c'est elle) reçoit enfin ici la place qu'elle mérite. Welcome scissors, son premier album paru en mai 2006, révèle une compositrice majeure de la mouvance électronique, qui n'a rien à envier à Aphex Twin ou Tim Hecker. Sa pratique du piano et du chant choral depuis des années nourrit son approche du matériau électronique. Elle produit ses propres échantillons à partir d'échantillonneurs, synthétizeurs analogiques et machines à rythmes pour créer une texture synthétique fluide, harmonique, hantée de murmures, fragments de conversation, scratches, bruits divers, entre downtempo et musique abstraite. Chaque titre suit une idée sonore avec une rigueur qui n'exclut pas un lyrisme ample, comme en témoigne notamment le titre 6, un De Profundis résultant d'un collage audacieux entre fragments d'une œuvre chorale de Liszt, piano, scratches puissants et cloches : stupéfiante beauté qui transcende les oppositions entre musique romantique et musique électronique. Lors des premières écoutes, j'avais pensé à Arvo Pärt ou à Penderecki, mais Anna m'a très gentiment signalé l'origine de l'emprunt. Toute la fin de l'album est magnifique comme les fins de Radio Head ou de The Eraser, le dernier album de Thom Yorke. Nappes d'orgue déchirées de rayures, trouées de voix inconnues, rythmées de beats lancinants, tissent aux confins de l'humain une toile subtile, lumineuse. Welcome scissors ! Anna a produit un second album, Happy-Go-Lucky, en septembre 2006 : je suis sur sa piste...Elle en annonce un troisième pour l'automne : il aura pour titre "Words are dead" et incluera le superbe "Just blast", présent sur la compilation de la Red Bull Academy Music.

An on Bast/ Robert le Magnifique/ Maya Beiser :  Variations sur l'(in)humain

   Robert le Magnifique, pseudonyme d'un musicien breton, bassiste manieur de platines et de machines rytnmiques, producteur, et le duo Abstrackt Keal Agram (Tepr et My dog is gay) signent la musique de la célèbre pièce de Shakespeare mise en scène par David Gauchard. Si le titre 5, "Claudius et Gertrude", au jazz très conventionnel, ne m'enthousiasme guère, le reste de l'album tient souvent la gageure, grâce à la participation du quatuor Debussy (titre 3), du rappeur Arm, et de quelques autres. Lire l' article consacré à la conception de cette version de la pièce.
Hamlet, thème et variations est paru en 2007 chez Idwet

Le dernier volet de ces variations sur l'(in)humain est fourni par la fin de la pièce d' Eve Beglarian sur le texte d'Henri Michaux, "Je vous écris d'un pays lointain" (voir article précédent), beau contrepoint aux délicates compositions synthétiques, infra-humaines et troublantes, de An on Bast.
Eve Beglarian Extraits de Almost Human ( Koch international classics, 2006), disque de Maya Beiser, qui vient de me signaler la disparition prématurée d'Alexandra Montano dont le chant accompagnait son violoncelle. Mezzo-soprano, Alexandra faisait partie du Philip Glass Ensemble, interprétait aussi bien de la musique médiévale que le répertoire français (Ravel, Debussy, Fauré). Avant Amost Human, on peut l'entendre sur
The Witches of Venice de Philip Glass, sorti à la fin de 2006.
 

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