Daniel Pesca - Promontory

Publié le 26 Janvier 2022

Daniel Pesca - Promontory

« Ma fascination pour le piano découle de sa capacité à superposer le son, créant des illusions de profondeur, de distance et de perspective », écrit le pianiste et compositeur Daniel Pesca. Le disque regroupe les premiers enregistrements d'œuvres d'Augusta Read Thomas, d'Aaron Travers, d'Alison Yun-Fei Jiang et de Daniel Pesca lui-même. Le titre Promontory annonce une perspective géographique, des paysages : Un parc de quartier dans l'Indiana (Olcott Park de Aaron Travers, pièce 1). Les côtes désolées de la Nouvelle-Écosse (la trilogie Isles de Alison Yun-Fei Jiang, pièces 2 à 4). Les rochers et les pentes des Rocheuses (le cycle Watercolours de Daniel Pesca, pièces 5 et 6).  Le carillon des cloches sur une place de la ville (Bell Illuminations de Augusta Read, pièce 7). L'agitation et l'énergie de Chicago (le cycle Hyde Park Boulevard de Daniel Pesca, pièces 8 à 14).

  On pourrait donc parler de musiques impressionnistes. Bien des pièces font penser à des œuvres de Debussy, Ravel, ou encore Scriabine. Augusta Read ajoute Herbie Hancock, Art Tatum et Bill Evans : une touche de jazz à ne pas négliger. Il ne s'agit pourtant pas d'imitations nostalgiques. La plupart des pièces ont une fraîcheur, un brio tout à fait exaltant. Le piano de Daniel Pesca éblouit par sa vivacité, ses couleurs. Il esquisse à grands traits, suggère les arrière-plans en quelques notes, en quelques agrégats étincelants, comme dans Olcott Park, pièce magnifique qui ouvre le disque.

   Le cycle Isles (titres 2 à 4) évoque des tourbillons aquatiques, une fantasmagorie à la Debussy, avec des décrochements rêveurs sublimes. Les deux pièces titrées Watercolours (Aquarelles), composées par le pianiste, sont d'étonnantes évocations : la première, de deux chats sur le point de se battre (A Pair of Cats), avec des mimiques incroyables, un petit théâtre d'attitudes, c'est à la fois drôle et brillant ; la seconde, des montagnes du Colorado, aux contrastes saisissants, si bien que la pièce est en perpétuelle métamorphose, tout en éclats, en cascades ébouriffantes.

Le pianiste et compositeur Daniel Pesca

Le pianiste et compositeur Daniel Pesca

   Des cloches entendues de loin, comme dans le brouillard : c'est Bell Illuminations d'Augusta Read. Rien de cotonneux pourtant, un piano éblouissant, coloré, qui ne cesse de tinter en longues phrases ponctuées d'éclaboussements. Une merveille ! Quant au cycle Hyde Park Boulevard, de Daniel Pesca, c'est un bonheur. Dans la lignée d'un Maurice Ravel à certains moments, il multiplie les aperçus suggestifs, les vifs scintillements, s'abandonne à de belles échappées rêveuses. Voilà un piano qui ne pèse jamais, au plus près des variations de la lumière, le cycle se déroulant de midi à midi. Tout y est finement dessiné, délicat et en même temps ferme, dynamique, pétillant ou profond. Chaque pièce est une miniature ciselée, étincelante, qui saisit l'auditeur par sa naïveté confondante, ses contrastes.

   Un disque qui coule de source, limpide comme une suite de petites illuminations !

Paru en septembre 2021 chez Neuma Records / 14 plages / 54 minutes environ

Pour aller plus loin :

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

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