Moinho - Elastikanimal

Publié le 15 Mai 2017

Moinho - Elastikanimal

Douces et discrètes musiques...

   Moinho, mot portugais signifiant "moulin", est le nom du projet du pianiste Franck Marquehosse. Après son premier album Baltika sorti en 2012, il nous propose Elastikanimal, titre énigmatique a priori, qui renvoie, nous dit-on, au personnage du roman d'Édith Azam, Du pop corn dans la tête. Le piano est parfois ici accompagné d'un quatuor à cordes, ou épaulé voire remplacé par le vibraphone ou le marimba de Stéphane Garin. C'est peut-être le piano, l'animal élastique du titre. Les mélodies sont dépouillées, volontiers un peu répétitives. Rien de démonstratif. Voilà une musique intimiste qui se situe dans "l'entre-deux", dans "Les Lointains", sans effet, sans électronique. Comme un retour aux sources limpides du lyrisme. On pense en l'écoutant à des pianistes comme l'américain Dustin O'Halloran sur Vorleben ou Lumiere, ou l'allemand Nils Frahm. Pourquoi la musique devrait-elle nous abrutir, nous submerger de décibels, d'électricité ? Pourquoi devrait-elle se faire bruit ? Le piano de Moinho est parfois comme amorti, assourdi, il vient de l'intérieur. Nous avons besoin aussi de douceur, nous avons terriblement besoin de douceur. De simplicité aussi. On a envie de se laisser porter par des mélodies que certains trouveront trop évidentes, à tort. "Elastikanimal" double le piano par le vibraphone ou le marimba, d'où un petit côté reichien qu'apprécieront tous les admirateurs de Steve. Ce qui compte, c'est l'émotion, et elle est là, à chaque ponctuation de ce phrasé qui n'est pas sans évoquer les ondulations minimalistes. Justement, le titre huit s'intitule "Les Ondes". Il s'abandonne aux cordes suaves, divinement mélancoliques, de cette mélancolie qui, loin de nous déprimer, exalte notre sensibilité, nous réapprend la majesté tranquille de la beauté. "Cairn" revient à un friselis pianistique délicat, prolongé par les cordes langoureuses, qui suspendent l'attention au beau milieu de la composition avant de développer des variations plus fortes, plus prenantes, comme la promesse d'un disque à venir après les staccato finaux. Envoûtant, ce dernier titre !

   Savourons ces instants arrachés à la fureur de nos sociétés trépidantes.

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Paru en 2017 chez 1631 Recordings  (parution numérique) / 9 titres / 43'

Pour aller plus loin :

- le disque en écoute et disponible sur bandcamp :

- "Cairn" en écoute ci-dessous :

(Liens mis à jour + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 14 août 2021)

Rédigé par Dionys

Publié dans #Des Classiques pour Aujourd'hui, #Le piano sans peur

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