musiques contemporaines - electroniques

Publié le 21 Mai 2012

Duane Pitre - Feel Free

   Duane Pitre propose depuis plusieurs années des compositions pour électronique et ensemble acoustique résolument singulières. D'abord parce qu'il appartient au cercle de musiciens s'intéressant à la microtonalité, et pratiquant d'autres manières d'accorder les instruments comme l'intonation juste utilisée par La MonteYoung, Terry Riley, Michael Harisson. Ensuite parce qu'il écrit pour des formations de chambre à l'instrumentarium varié et inédit. Enfin parce que ses œuvres sont délibérément étirées, jouent sur la durée. Tout pour n'être pas sous les sunlights. Mais tout pour la musique, la meilleure.

      Feel Free, qui vient de sortir sur le label Important Records, prend son titre de l'une des indications de Duane aux musiciens : qu'ils se sentent libres d'interagir entre eux ou non, ou avec les motifs générés par l'ordinateur à partir d'harmoniques de guitare. La pièce se veut ainsi tension entre l'ordre et le chaos, différente à chaque interprétation : ce principe de composition n'est certes pas nouveau en soi, surtout dans le domaine des musiques électroacoustiques, mais, servi par le sextet (la guitare de Duane, violon, dulcimer frappé, contrebasse, violoncelle et harpe) sous la houlette du compositeur, donne en cinq sections une éblouissante série de variations où l'apparent statisme conduit peu à peu l'auditeur attentif dans un état d'écoute contemplative, à un véritable ravissement devant l'océan harmonique découvert au fil du temps. Le fil conducteur du "système musical", mixte d'harmoniques de guitare et de drones, me fait penser aux instruments de la famille de la vînâ dans la musique classique indienne : il assure la continuité et dans le même temps nous fait rentrer en résonance avec la musique en agissant sur notre corps, nous prenant au ventre dès que l'on pousse suffisamment le volume. L'extrême attention aux timbres, à leurs moindres vibrations, me fait aussi penser à la musique traditionnelle japonaise. L'étroite combinaison entre instruments à sons a priori discontinus (guitare, dulcimer frappé et harpe) et instruments à cordes frottées, donc à sons a priori continus (violon, contrebasse, violoncelle) conduit ici à un continuum harmonique de fait, les sons séparés des premiers s'enchâssant dans l'entrecroisement des résonances tandis que les sons continus des seconds sont suffisamment brefs assez souvent pour prendre les caractéristiques des premiers. Le résultat est que la pièce acquiert une vie extraordinaire, ponctuée d'une infinité de micro-événements, de gestes sonores qui donnent à chaque instant sa propre couleur. La musique est devenue prisme miroitant, kaléidoscope en perpétuel et lent mouvement produisant à chaque instant de nouveaux surgissements : elle laisse ainsi échapper des myriades de bulles, et lorsque les cordes frottées s'alanguissent et se font plus caressantes, ce qui arrive aussi au fil des sections II à IV notamment, elle enveloppe dans ses profondes courbes, dans ses sinusoïdes chatoyantes. La section V signe la victoire des drones dans lesquels les différents instruments se fondent pour produire une masse compacte peu à peu simplifiée au fur et à mesure qu'elle s'insinue dans notre cerveau pour s'y résorber.

   Un grand disque d'un compositeur majeur à découvrir de toute urgence.

----------------------

Paru en 2012 chez Important Records / 5 titres (une seule pièce de fait...) / 38 minutes

Pour aller plus loin

- deux précédents articles sur Duane : le premier consacré à Organized pitches occurring in time, l'autre à un disque de compilation consacré à l'intonation juste, sous sa direction.

- album en écoute et en vente sur bandcamp :

 

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 25 avril 2021)

Lire la suite

Publié le 1 Avril 2012

Donnacha Dennehy - Gra agus Bas

Sublimes chants d'amour et de mort

   Né en 1971, ce musicien irlandais, résidant à Dublin, a fait de solides études musicales dans sa ville, dans l'Illinois et à l'IRCAM de Paris. De retour chez lui en 1997, il fonde le Crash Ensemble, dont il est toujours le directeur artistique. Les commandes ne manquent pas. Parmi les interprètes, je remarque le Bang On A Can All-Stars. Je ne connais pas encore son premier disque, Elastic Harmonic, sorti en 2007. Grá agus Bás est son second album.

   Fasciné par l'antique tradition irlandaise du "sean-nós" — expression signifiant "vieux style" — tradition de chant non-accompagné transmise oralement de génération en génération, Donnacha Dennehy a utilisé le matériau de deux sean-nós comme noyau d'une pièce originale faisant appel à l'un des meilleurs représentants du renouveau de ce courant, le chanteur Iarla Ó Lionáird. La composition dérive d'une écoute attentive de la voix de Iarla, enregistrée et analysée par ordinateur pour en extraire les caractéristiques et en faire le point de départ de l'accompagnement par le Crash Ensemble. Grá agus Bás, le premier titre éponyme, est le résultat de cette fusion quasi alchimique, de cette transmutation. Vingt-quatre minutes trente absolument extraordinaires, éblouissantes. D'abord parce que Iarla Ó Lionáird possède la voix d'un barde inspiré, fervente, puissante, vibrante, souple : quel souffle, quel sens des modulations ! Ensuite parce que l'accompagnement est d'une beauté âpre, violente, d'un dynamisme sans appel, mais aussi d'une sensualité caressante et déchirée. La voix semble se renverser parfois, l'on chavire dans un océan tumultueux. Les sons éclatent, nerveux, dans une trame rythmée par des cordes fiévreuses, des percussions lourdes. Comme nous sommes loin du marasme sentimentalo-folkisant de tant de groupes ! Cette incroyable musique ferait pâlir bien des groupes de hard-rock, métal, par l'onde de choc qu'elle génère. Sombre, tendue, extatique, elle ne va qu'aux extrêmes, chantant l'amour et la mort comme rarement, avec un final grandiose, la voix de Iarla au bout d'elle-même, escaladant les cieux. Je n'ai rien entendu de tel depuis longtemps, si ce n'est chez les plus grands, David Lang en particulier, par son sens de la densité orchestrale, magmatique, parcourue de fulgurances écorchées. Le Crash Ensemble est sans aucun doute l'un des meilleurs ensembles contemporains, offrant une palette de timbres enrichie par l'adjonction d'une guitare électrique et de sons électroniques.

  La suite de l'album est consacrée, sous le titre "That the Night Come", à un cycle pour soprano et ensemble constitué de six poèmes du poète irlandais William Butler Yeats (1865 - 1939). Le projet, s'il peut sembler plus conventionnel, débouche sur un résultat aussi splendide. La soprano américaine Dawn Upshaw y est divine, servie par un accompagnement suave, sublime. Chaque mot de Keats est modulé, coulé dans un phrasé admirable, donnant l'impression d'une temporalité distendue, comme dans "He wishes his Beloved were Dead". "The old men admiring themselves in the water" déploie une orchestration en vagues rapides tandis que la voix de Dawn Upshaw s'envole, dérive loin, très loin. Le sommet du cycle, si tant est qu'on puisse en trouver un, serait "The White birds": répétitions de mots, mélismes bégayants, amplifient encore le vaste mètre du poème, avec des passages d'une douceur vertigineuse, la voix qui tremble au bord de l'indicible lors d'élans successifs. Donnacha Dennhy a réussi à capter l'âme profonde d'un romantisme intemporel, cet immense mouvement si souvent desservi par certains de ses représentants mêmes et de pâles affadissements. Les trois pièces suivantes sont tout aussi convaincantes. La voix de Dawn flambe, descend dans les graves avec une souveraine majesté, remonte avec l'aisance des cygnes dans des aigus brumeux. La musique de Donnacha Dennehy vit "dans la tempête et les querelles / Son âme éprouve un tel désir / Pour ce que la Mort farouche apporte / Qu'elle ne pouvait pas supporter / Le train ordinaire des choses" : j'applique ce passage de "That the Night Come" au compositeur et à son travail. Il reconnaît d'ailleurs que les obsessions de Yeats — l'amour inaccessible, ou du moins qui ne saurait durer, le désir d'une plénitude d'expérience, la colère contre la fugacité du bonheur, et la certitude des ravages du temps et de la mort — sont les siennes. Ce dernier poème est le plus grinçant du cycle, ramassé comme l'âme qui lutte pour chasser le temps où la mort arrivera, piano, accordéon et cordes tourbillonnant, papillonnant autour de la voix qui s'échappe, clame son désir. Grand, magnifique d'un bout à l'autre.

   Un disque magistral. Un des événements musicaux de ce début de siècle. Servi par une pochette, un livret qui devraient servir de modèle si l'on croit que le disque n'est pas forcément condamné par les fichiers numériques téléchargeables : une présentation claire du contenu, lisible grâce au choix de beaux caractères, agrémentée d'un choix de photographies, superbes, de Sophie Elbrick Dennehy. Le contraire des pochettes faussement artistiques avec des collages insignifiants, illisibles, vides d'information.

   La musique de Donnacha est à l'image des paysages farouches d'une Irlande de landes rocheuses à la beauté foudroyante.

---------------------------

Paru chez Nonesuch Records (le label de Steve Reich !!) en 2011 / 7 titres / 59 minutes

Pour aller plus loin

- le site de Donnacha Dennehy.

- Le troisième des six poèmes de William Butler Yeats :

 

                                            The White Birds

I WOULD that we were, my beloved, white birds on the foam of the sea!
We tire of the flame of the meteor, before it can fade and flee;
And the flame of the blue star of twilight, hung low on the rim of the sky,
Has awakened in our hearts, my beloved, a sadness that may not die.
 

 

A weariness comes from those dreamers, dew-dabbled, the lily and rose;
Ah, dream not of them, my beloved, the flame of the meteor that goes,
Or the flame of the blue star that lingers hung low in the fall of the dew:
For I would we were changed to white birds on the wandering foam: I and you!
 

 

I am haunted by numberless islands, and many a Danaan shore,
Where Time would surely forget us, and Sorrow come near us no more;
Soon far from the rose and the lily, and fret of the flames would we be,
Were we only white birds, my beloved, buoyed out on the foam of the sea!

 

- un extrait de Grá agus Bás : le poème de Yeats The White Birds chanté par Dawn Upshaw :

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 22 avril 2021)

Lire la suite

Publié le 8 Février 2012

Jefferson Friedman - Quartets / Chiara String Quartet + Matmos

   Né en 1974 dans le Massachusetts, Jefferson Friedman appartient à cette génération de compositeurs contemporains évidemmment doués, couverts de prix, qui ne craignent pas de transporter la musique classique ailleurs, forts d'une implication dans des formations diverses, a priori éloignées du champ académique. C'est ainsi qu'il a travaillé avec des groupes de rock alternatif comme Shudder to think . New Amsterdam Records  a publié voici quelques mois deux de ses trois quatuors à cordes, interprétés par le Chiara String Quartet, accompagnés de deux remix par le duo de musique électronique Matmos, dont j'ai déjà signalé l'excellente collaboration avec So Percussion.

   L'album s'ouvre avec le quatuor n°2, de 1999. Le premier mouvement, d'une belle énergie,  emporte l'auditeur pour le déposer sur des plages de beauté irréelle, rêveuses, avant de le reprendre peu après dans son allegro puissant, tout en coups d'archet décidés. Le second montre d'emblée une richesse de coloris étonnante : lent et méditatif, il entrelace langoureusement les diverses voies des cordes, crée un climat de mystère avec ses brusques silences, ses reprises somptueuses soutenues par un violoncelle dans les graves. Le talent mélodique de Friedman éclate dans les thèmes envoûtants, déployés avec un sens rare des variations. Le dernier mouvement est éblouissant : pizzicati, cordes vibrantes dans les passages échevelés du début. Et puis un grand apaisement, un chant d'une incroyable pureté, le violon qui décolle dans des aigus fragiles, de belles virgules collectives, et une manière de nous reprendre dans un final endiablé. Le remix N°1 de Matmos offre un beau prolongement à ce quatuor, soulignant à plaisir son côté luxuriant, énigmatique, par des surgissements, des invasions intrigantes de percussions bondissantes, de stries sonores foisonnantes. Le titre "A Bruit secret Mix" témoigne d'une osmose intelligente avec la musique de Friedman, qui a travaillé avec le duo aussi sur un de leurs albums..

      Le quatuor n°3 présente une brève introduction tempétueuse, à la beauté rageuse, crissante, tout en enroulements virtuoses, prélude à un long second mouvement de plus de dix-sept minutes, extatique ou brillant. Un étonnant duo d'amour entre le violon et le violoncelle irradie au cœur de cet "Act" sa suavité langoureuse, le violon à nouveau envolé dans les aigus pour tisser une sorte de comète de cheveux d'ange qui se mettent à partir en vrilles acides, rejoints par l'autre violon, l'alto et le violoncelle dans un finale nerveux, farouche : pas question de tomber dans la mièvrerie avec Friedman ! L'oreille nettoyée par ce ballet, le troisième mouvement, "Epilogue / Lullaby", peut déployer sa merveilleuse berceuse. Sur un rembourrage de graves, l'équivalent de la tampura dans les ragas indiens, le violon évolue avec une indicible grâce pour une danse très lente, quasi immobile, sur le fil diaphane d'aigus prolongés. Matmos a échantillonné quelques passages de ce quatuor pour son deuxième remix, "Floor Plan Mix". Il met en valeur sa nervosité, mais aussi ses transparences, en ajoutant des sons de cloches, de gongs qui multiplient les plans. Des textures granuleuses, striées, en élargissent les fractures secrètes, si bien que leur travail nous entraîne de béance en béance, dans les sous-sols inquiétants des harmoniques refoulées. Belle recréation !

   Un disque idéalement singulier pour réconcilier amateurs de quatuors et fanatiques de paysages électroniques élaborés. Puristes, laissez-vous envahir par l'impureté !

-------------------------

Paru en 2011 chez New Amsterdam Records / 8 titres / 63 minutes

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 15 avril 2021)

Lire la suite

Publié le 21 Novembre 2011

Jody Redhage - of minutiae and memory : les noces du violoncelle et de l'électronique.

   Second album de la violoncelliste et chanteuse Jody Redhage, of minutiae and memory, qui vient de sortir sur le label New Amsterdam Records, comprend deux nouvelles versions de titres de son précédent album All summer in a day, paru en 2007, une version remasterisée d'un autre titre, et cinq nouvelles pièces. Au total huit compositions de huit compositeurs différents. Si son précédent album mettait l'accent sur la diversité des approches du violoncelle et du chant, celui-ci joue la mixité électro-acoustique. Chaque pièce recourt à l'électronique, tandis que la voix et le violoncelle sont souvent pré-enregistrés et retraités pour être intégrés au mix électronique.

   "I dreamed I was floating" de Joshua Penman ouvre l'album : une composition d'un peu plus de trois minutes qui donne le ton. L'environnement électronique nous plonge dans une musique ambiante caractéristique, traversée de flux lumineux, de sons distordus de violoncelle, puis le chant reconnaissable, nu, du violoncelle s'élève, lyrique, tout en coulées limpides, tandis que l'arrière-plan s'anime, tourbillonne, donnant une impression d'apesanteur. Un prélude convaincant, bien travaillé par Ben Wittman au mixage et Dave Glasser à la mise en place sonore. On est prêt au voyage... "paint box" d'Anna Clyne commence par une prise de respiration, comme quand un nageur remplit ses poumons avant de plonger. C'est un morceau fascinant, parsemé de gargouillis, de battements étranges, de fragments de mots, de dialogue, le tout transcendé par un violoncelle fastueux qui donne des frissons : tous les sons viennent de la voix de Jody et de son instrument, agencés en couches successives pour donner cette trame à la fois hoquetante, hachée, et unifiée par les glissements sensuels des cordes, d'où l'impression d'avoir affaire à un véritable orchestre.

Jody Redhage - of minutiae and memory : les noces du violoncelle et de l'électronique.

   Le titre éponyme, une composition de Paula Matthusen, permet de mettre en valeur la voix magnifique de Jody sur un texte inspiré d'un registre norvégien de prières utilisé par la grand-mère de la compositrice dans son enfance. Le chant se déploie, s'absente, se reconstruit dans une atmosphère éthérée au travers d'élans successifs vers un firmament de la mémoire qui nous entraîne de plus en plus loin. Il y a du Arvo Pärt dans ce chant épuré, un Arvo retravaillé par un Alva Noto qui aurait pigmenté le tissu sonore d'un infime mouchetis électronique percussif. Trois titres, trois belles claques ! Et ce n'est pas fini, même si le ton change. "Static line" de Wil Smith est un continuum post ligétien en perpétuelle et lente métamorphose, constitué dans cette version studio de jusqu'à trente-six couches de violoncelles. Plus intériorisé que les précédents, il n'en est pas moins splendide, suggérant des images de sphère dérivant et s'enroulant sur elle-même en libérant des flux harmoniques très suaves. On retrouve la compositrice Missy Mazzoli pour le titre suivant, "A Thousand tongues", savant entrelacement de violoncelle élégiaque et d'électronique syncopée dont finit par se détacher la voix de Jody pour un texte du poète Stephen Crane :

Yes, I have a thousand tongues,

And nine and ninety-nine lie.

Though I strive to use the one,

It will make no melody at my will,

But is dead in my mouth.

  La voix semble s'engluer progressivement dans l'empâtement sonore qui la cerne et la presse. Impressionnant. L'album se fait plus grave encore avec "the light by which she may have ascended", composé par Ryan Brown qui dit l'avoir écrit en mémoire de son arrière grand-mère, dont il était très proche. La pièce est un requiem envoûtant structuré par le retour en canon de quatre violoncelles gravissant l'échelle mélodique sur un paysage sonore d'enfants sur un terrain de jeux proche de son vieil appartement à San Francisco. Le violoncelle entre en scène d'abord seul sur "Everywhere Feathers" de Stefan Weisman, puis se dédouble avant le surgissement de la voix de Jody pour ce qui s'apparente à un aria sur un texte d'Anna Rabinowitz. Véritable fragment d'opéra électro-acoustique, la pièce est l'occasion d'apprécier à nouveau cette voix déliée, souple et pleine, qui s'élance avec aisance dans les aigus pour chanter l'histoire bouleversante d'une nouvelle mariée juive polonaise qui quitte sa terre natale, s'embarquant vers New-York avant le début de la Seconde guerre mondiale,  et éprouve un sentiment d'impuissance face au drame en cours. Sur un poème de Frank O'hara et une musique de Derek Muro, "Did You See Me Walking" juxtapose un phrasé vocal entre musique contemporaine et jazz parfois a capella, souligné par un violoncelle parcimonieux, tantôt glissando, tantôt en courts pizzicati : le côté bluette sentimentale du texte, sauvé par les allusions à un environnement urbain, donne lieu à de subtils mélismes sur fond allusif de bruits de rue. Ce n'est pas mon morceau préféré, mais je lui accorde un certain charme, et je vais même jusqu'à concéder qu'il constitue une fin assez originale dans son dépouillement mélodieux, son retour à de simples sentiments humains.

   Encore un excellent disque de ce label passionnant !

Paru en 2011 chez New Amsterdam Records / 8 titres / 47 minutes.

Pour aller plus loin

- le site personnel de Jody Redhage.

- l'album en écoute et en vente sur bandcamp :

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 14 avril 2021)

Lire la suite

Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Contemporaines - Électroniques

Publié le 18 Mai 2011

itsnotyouitsme : le post minimalisme sublime, simplement.

   Quand l'actualité nous déprime par sa laideur, rien de tel qu'un bain dans la musique de ce duo. Grey Mcmurray joue de la guitare électrique et Caleb Burhans du violon électrique, des claviers. Tous les deux utilisent largement les boucles, aussi bien en concert que sur disque. Ces deux musiciens new-yorkais ont fondé itsnotyouitsme en 2003. À côté de leurs propres compositions, ils interprètent aussi bien du Bach que du Philip Glass. Grey a joué notamment avec So Percussion et avec Matmos, tandis que Caleb a travaillé avec LaMonte Young, Philip Glass, Steve Reich, John Adams, David Lang - j'arrête la liste !, est l'un des fondateurs de Alarm Will Sound et membre de l'ensemble Newspeak que j'ai récemment chroniqué.

  Leur musique se situe à la confluence du post minimalisme et de l'ambiante, voire du post rock par la dimension électrique. Les compositions volontiers étirées se déploient dans une atmosphère d'apesanteur brumeuse traversée de traînées lumineuses. Le lyrisme délicatement élégiaque se fonde sur d'amples boucles qui tournoient très lentes, se chargent d'électricité comme dans le premier titre de walled gardens sorti en 2008 : "Throne Built For The Past" sonne ainsi comme un superbe hymne à la fois post-minimaliste et nettement post-rock par l'intensité du ciel qui se sature de stridences au long des huit minutes. "Great day", sur le même album, commence presque comme un morceau folk, avec un côté ballade, ritournelle obsédante : musique patiente, qui nous happe par sa douceur ensorcelante pour nous emmener dans les jardins clos du titre de l'album (titre d'un album de Wim Mertens, si ma mémoire est bonne). "A Moment For Nick Drake", bel hommage au musicien anglais, repose sur une ligne de guitare très simple, en boucles serrées, surmontée d'un violon au son épais qui trace d'amples virgules langoureuses.

   Mais le meilleur morceau est le quatrième et dernier, près de onze minutes qui propulsent le duo au niveau du meilleur d'un Slow Six, par exemple. "we are malleable, even though they seem to own us" réunit la trame rêveuse, moelleuse d'une pièce ambiante et l'intensité lumineuse du post rock revu par le post minimalisme,  La pièce se densifie au fil de sa progression, multipliant les plans, les strates par un jeu savant d'entrecroisements culminant dans une sorte de baroque somptueux, queue de comète électrique qui n'en finit pas de se déployer avec la majesté des révérences flexibles.

itsnotyouitsme : le post minimalisme sublime, simplement.

    En 2010, le duo a sorti un second album plus fourni, fallen monuments, sur le même label New Amsterdam Records - label qui se taille une belle place ces derniers temps dans ces colonnes, vous l'aurez peut-être remarqué. D'emblée, on sent que le duo a pris de l'altitude, avec un premier morceau entre Tim Hecker et Slow Six (encore eux), dominé par l'orgue. "kid icarus (little jam)", à l'image du héros mythologique, ne cesse de monter, d'escalader le ciel dans une gerbe éblouissante de violon purifié et de guitare transcendée. "music for a blue whale documentary", le second titre, nous plonge au contraire dans un univers glauque parcouru de houles troubles, de grondements et d'aigus rauques bien sûr évocateurs des cris de la baleine bleue. La troisième pièce, "Dead Men Make Good Heroes", a la densité douloureuse d'un mémorial : lent feu d'artifices de trajectoires réverbérées, avec des irruptions sombres de guitare à l'avant plan sur un fond magmatique de drones. Le début de "Vanity Stays My Hand" frappe par son dépouillement recueilli, prélude à un chant magnifique, envol fusionnel où la guitare et le violon s'étreignent dans une saillie lumineuse extatique. Je pense à "Pensive Aphrodite" d'Harold Budd sur l'album A Song for Lost Blossoms, mais ici une splendeur au-delà de toute mélancolie, la musique même du ravissement. C'est dire que je place le duo au plus haut. Et il reste trois morceaux...Comment rester à une telle altitude ? "Lost Nation Municipal Airport" reste prudemment dans des nuages cotonneux, enveloppé de volutes épaisses. "Season's Greetings", plus ramassé encore, est une torsade lourde lancée vers le ciel. Le disque se termine sur un titre de dix-huit minutes, "We Are The Sons Of Our Fathers", pas tout à fait au niveau de "Vanity Stays My Hand", mais bouleversant dans la simplicité de ses très amples boucles, rêverie éblouie au pas discret et obstiné de la guitare. J'aime cette musique aux antipodes de toute démonstration, attentive à capter la moindre source de lumière, à détourer la beauté enfouie dans les silences infinis.

walled gardens sorti en janvier 2008 chez New Amsterdam Records / 4 titres / 33 minutes

Meilleur titre : "we are malleable, even though they seem to own us" (titre 4 : 10'57)

fallen monuments sorti en janvier 2010 chez New Amsterdam Records / 7 titres / 55 minutes

Meilleur titre : "Vanity Stays My Hand"(titre 4 : 9'03)

Pour aller plus loin

- les deux albums en écoute et en vente sur bandcamp :

 

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 30 mars 2021)

Lire la suite

Publié le 9 Mai 2011

Carl Craig / Moritz Von Oswald : le mariage du classique et de l'électronique.

   Après les Sessions de Carl Craig, pas question d'en rester là. Une publication sur le label allemand Deutsche Grammophon, une référence pour la musique classique et celle du vingtième siècle, m'intrigue : que vient-il faire dans ce sanctuaire respecté ? Il n'y est pas seul...

   À partir d'enregistrements originaux sous la direction d'Herbert von Karajan chez Deutsche Grammophon du Boléro (1928) et de la Rapsodie espagnole (1907) de Maurice Ravel et des Tableaux d'une exposition (1874) de Modeste Moussorgski - ces derniers furent d'ailleurs orchestrés par le même Ravel,  Carl Craig et Moritz Von Oswald, deux icônes de la musique électronique, le premier aux États-Unis (voir l'article précédent), et le second en Allemagne, ont élaboré ce disque extraordinaire, et je pèse mes mots.

   Après les Sessions de Carl Craig, pas question d'en rester là. Une publication sur le label allemand Deutsche Grammophon, une référence pour la musique classique et celle du vingtième siècle, m'intrigue : que vient-il faire dans ce sanctuaire respecté ? Il n'y est pas seul...

   À partir d'enregistrements originaux sous la direction d'Herbert von Karajan chez Deutsche Grammophon du Boléro (1928) et de la Rapsodie espagnole (1907) de Maurice Ravel et des Tableaux d'une exposition (1874) de Modeste Moussorgski - ces derniers furent d'ailleurs orchestrés par le même Ravel,  Carl Craig et Moritz Von Oswald, deux icônes de la musique électronique, le premier aux États-Unis (voir l'article précédent), et le second en Allemagne, ont élaboré ce disque extraordinaire, et je pèse mes mots.  Je vous sens partagés sur le disque précédent, encore réticents à reconnaitre le talent de Carl Craig. Trop techno, ces sessions, élémentaires par leur minimalisme affiché, pensez-vous. Vous le soupçonnez de facilité, ne niez pas. Ce "Recomposed" écarte vigoureusement ces reproches infondés. Les deux hommes, à peu prés de la même génération, Carl est de 1969 et Moritz de 1962, plongent dans la matière sonore des deux chefs d'œuvre pour en tirer une véritable symphonie électronique d'une ampleur inédite, plus de soixante-quatre minutes qui dépaysent radicalement le substrat classique - lequel s'y prêtait évidemment si l'on pense particulièrement au Boléro languide et répétitif de Ravel, matière rêvée pour une transposition dans l'univers des boucles machiniques. Le résultat est une fresque synthétique ambiante qui commence dans d'amples drapés (l'introduction) pour s'étoffer progressivement de strates percussives entrelacées de plus en plus complexes, bondissantes (les mouvements 1 à 4). Suit un interlude à la Tim Hecker, splendide avec ses nappes ondulées, puis deux mouvements plus longs encore.

   Le mouvement 5 est dû à Carl Craig, qui prouve sa capacité à écrire une musique d'une beauté raffinée, plus ravélienne que nature, mystérieuse et puissante : il dégage du Boléro la quintessence du sortilège pour le décupler, tout en conservant la structure solide des Tableaux. Presque treize minutes de stupeur : l'auditeur terrassé est sous le charme, au sens étymologique, placé devant un véritable Graal musical. J'ai pensé au David Shea du Satyricon ou de Tryptich. C'est inoubliable, magnifique, majestueux, total, et le mouvement 6, un peu plus de quatorze minutes dues à Moritz von Oswald, donne à l'ensemble une imprévue dimension africaine avec l'adjonction de percussions boisées sur le fond des cordes. On s'enfonce dans une nuit tropicale touffue, traversée d'éclairs sourds et de fulgurances rampantes. Diantre, ces deux hommes sont des sorciers, des sourciers qui ont su choisir les sons les plus passionnants, sans ajouter qu'un piano sur une plage, une contrebasse sur trois pistes et les percussions sur le dernier mouvement. Pendant le long mouvement de Moritz carillonnent comme  les cloches extatiques d'un mariage qui suspend le temps, avant de laisser la place aux seules percussions pulsantes. Chapeau bas : la musique électronique confirme la stature de deux compositeurs qui n'ont rien à envier à leurs prédécesseurs classiques. 

Paru chez Deutsche Grammophon en 2008 / 8 titres / 64 minutes.

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 30 mars 2021)

Lire la suite

Publié le 7 Mai 2011

Carl Craig - Sessions : la pureté chaleureuse.

   Il était inévitable que, reichien mordu depuis longtemps, je croise la musique de Carl Craig. Pourtant, à la première rencontre sur Impermanence d'Agoria, j'ai dégainé quelques sarcasmes au sujet des murmures lascifs de l'américain. Un malentendu qui n'est pas rare lors d'une première rencontre. Comme la techno m'intéressait de toute façon en tant qu'admirateur de Kraftwerk, j'ai voulu écouter au moins un disque complet. Mon choix s'est porté sur Sessions, double album paru en 2008. Plus de deux heures de musique, véritable rétrospective de l'œuvre abondante de ce DJ, producteur de musique électronique, considéré comme l'un des artistes majeurs de la seconde génération techno. On y trouve des originaux, des mix et remix inédits. Je passe sur les détails.

      Un seul titre ne suffit pas pour comprendre, apprécier la techno, musique de danse pour les clubs, mais aussi musique tout court, à part entière. Le musicien de Détroit, amoureux des synthétiseurs et autres machines modernes, construit un univers marqué par la recherche de la pureté. Ses multiples pseudonymes sont le corollaire logique d'un processus compositionnel qui repose sur la réécriture, le réagencement d'éléments préexistants. Le mixeur isole les sons pour les recombiner autrement. Il les ouvre pour en libérer de nouveaux potentiels. Aussi la techno est-elle d'un certain point de vue l'équivalent musical de ce qu'est l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) pour la littérature, basée elle aussi sur une combinatoire. Comme la techno est d'essence répétitive, on n'est pas étonné que Carl Craig soit, lui aussi, un fervent admirateur de Steve Reich. La régularité rythmique est ici le correspondant du pulse reichien. Un titre comme "Help myself", le quatrième du Cd1, musique de Chez Damier reconstruite par Carl, n'est d'ailleurs pas éloigné de la pure musique répétitive avec ses répétitions hypnotiques et ses boucles serrées. Mais à la différence du minimalisme qui cherche à tirer le maximum du minimum par un jeu de combinaisons d'un nombre limité de patterns (motifs), la perspective est plutôt multiplicatrice, associative ou dissociatrice. Un même titre peut être mixé, remixé, un nombre infini de fois, jusqu'à la dilution, l'oubli, de l'original : l'ajout ou le retrait de nouvelles pistes sonores permet une variété beaucoup plus grande qu'on ne le croit généralement. Le reproche de monotonie, également adressé au minimalisme, ne tient ni dans un cas ni dans l'autre. Autre point commun entre les deux courants, c'est qu'ils développent des structures hypnotiques propres aux musiques de transes. Issus d'une technologie élaborée, ils cherchent à provoquer des émotions ancestrales, physiologiques, corporelles, fusionnelles. Leur écoute prolongée "décolle" l'auditeur de la réalité ordinaire, de son moi isolé, apparentant l'expérience à une forme de méditation, d'ascèse. Celui-ci accède à un autre niveau de perception, ultra-fine, qui lui procure un plaisir charnel en vivant l'impression d'une fusion extatique avec une réalité d'ordre cosmique, et simultanément une émotion spirituelle liée à l'incroyable beauté rayonnante de cette musique virtuellement infinie. Toutes les frontières mentales tombent, le temps se dilate. Peu de musiques sont à même de donner un tel sentiment jubilatoire de libération : le rail pulsant ou le rythme métronomique propulsent dans un univers ondulatoire insoupçonné de l'auditeur distrait, mais évidemment à la source du succès de ces musiques du côté de la danse. Ajoutons pour terminer ce petit parallèle que techno et minimalisme sont fondamentalement des musiques érotiques (voir mon article sur Reich) et donc à tort considérées comme froides, impassibles. C'est un autre beau paradoxe que l'utilisation des sons électroniques, synthétiques (plus important dans la techno que dans le minimalisme) débouche sur une authentique chaleur émotionnelle, organique. La simplicité apparente de lignes qui semblent fixes est prise pour de la froideur, alors que ces lignes obstinées sont le support de variations infimes, dans le cas du minimalisme, d'apparitions et de disparitions dans le cas de la techno, deux formes de "broderie" qui à la longue réchauffent l'esprit et les sens. D'ailleurs, murmures, fragments vocaux, soupirs accompagnent volontiers la techno.

   La techno est l'art de transformer le temps en chaleur.

   Dans Sessions, la pureté des lignes, liée à la régularité rythmique impeccable et au travail par couches sonores nettement dissociées et recombinées, est absolument fascinante. Je n'ai de réticence que pour "At les" et "Bug in the Bass Bin", les morceaux qui terminent le disque deux, un  peu rutilants à mon goût, qui frisent, horreur, ce que j'appelle la muzak - dans laquelle sombrent bien des  musiques électroniques lourdaudes.

    Du très beau travail !

Paru en 2008 chez !K7 Records / 2 cds / 22 titres / 2h10 environ

Pour aller plus loin

- le micro site de Carl Craig consacré à l'album.

- "Falling up" de Theo Parrish remixé par Carl Craig :

Et voici l'original : vous pourrez mixer les deux...

 

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 30 mars 2021)

Lire la suite

Publié le 12 Mars 2011

Ryuichi Sakamoto & Alva Noto - L'accord parfait

   Comment écrire en ce moment sur la musique ? À l'heure de la catastrophe qui frappe le Japon, tout le reste peut sembler dérisoire. Paradoxalement, il me semble que c'est une raison supplémentaire pour rappeler notre besoin vital d'harmonie. Le nucléaire, par la complexité des technologies qu'il nécessite, par la société hyper-organisée et sécuritaire qu'il génère, par les déchets qu'il produit sans savoir quoi en faire, si ce n'est les enfouir pour ne plus les voir, ne plus y penser, est incompatible avec la sérénité, donc le bonheur. C'est justement d'un japonais dont je voulais parler depuis quelque temps, un pianiste que je connaissais et appréciais déjà en solo, et dont je viens de découvrir deux disques magnifiques, qui me donnent un immense bonheur. Il s'agit de Ryuichi Sakamoto, mais pas seul, en duo avec Carsten Nicolai, alias Alva Noto, compositeur de musique électronique découvert lorsque je cherchais autour de son homologue grec Spyweirdos. Deuxième album issu de leur collaboration après Vrioon sorti en 2003, Insen (2005) propose sept titres d'une musique minimale impeccablement ciselée. Ryuichi égrène des notes rares qu'il laisse résonner, tandis qu'Alva tisse un réseau de mailles électroniques ténues, à base de micro pulsations, de blocs répétitifs de notes bloquées à la texture plastique d'une émouvante fragilité. Chaque morceau sonne comme une méditation à la fois sereine et sensible, attentive à capter les frémissements imperceptibles d'une beauté discrète. Les deux musiciens donnent l'impression d'une connivence, d'une écoute réciproque en parfaite symbiose. Il en résulte une musique équilibrée, aérée, qui sollicite l'attention. Nous partageons un mystère, nous assistons à l'avènement d'une grâce évanescente. Quelque chose advient, de l'ordre du miracle, surgi des silences entre les notes, entre les répliques mesurées des deux célébrants de cette pénétrante cérémonie électro-acoustique. Frôlements, crachotements électroniques cernent les notes du piano pour l'envelopper d'un halo de lumière douce, si bien que chaque morceau se déploie comme une épiphanie bouleversante, illuminante, celle de la vie tapie dans les plis et les creux, débusquée avec une infinie délicatesse.

Ryuichi Sakamoto & Alva Noto - L'accord parfait

On pourrait reprocher à Revep, paru la même année, d'être bien court, trois titres pour à peine vingt minutes. Mais le miracle se poursuit. La première pièce, "silisx", plus labile, est tout aussi magnifique, animée de somptueux glissements de nappes de claviers qui nous mènent vers l'extraordinaire "mur", plus de huit minutes extatiques. Le piano rayonne littéralement, serti par la ponctuation lancinante, les bouffées de particules sonores électroniques qui sont autant de respirations transparentes.

  Deux disques qui nous rappellent ce que nous oublions si souvent - et que devrait nous rappeler ce qui se passe en ce moment au Japon : que la beauté de la vie est indissociable de sa fragilité, que l'harmonie et le bonheur ne surgissent que si l'on respecte la vie. Cela passe par l'attention, l'écoute, inlassables, dans la plus grande humilité.

Insen : Paru en 2005 chez Raster-Noton / 7 plages / 43 minutes environ

Revep : Paru en 2006 chez Raster-Noton / 3 plages / 20 minutes environ

( Nouvelle mise en page + ajout d'illustrations visuelles et sonores le 27 mars 2021)

Lire la suite