Publié le 13 Novembre 2024

Taylor Deupree - Sti.ll
De Stil. à Sti.ll :
et l'électronique renaquit acoustique !

Le hasard fait bien les choses, comme on dit. Juste après vous avoir présenté Ezekiel Honig, dont le dernier disque (cf.article précédent) est sorti sur le label 12k, un disque de Taylor Deupree, fondateur du label, m'attendait. Compositeur prolifique, graphiste et photographe, il occupe une place à part dans le monde des musiques électroniques, s'inspirant aussi bien de la nature, de l'architecture, de la sculpture. En 2002, il sortait l'album de musique électronique Stil. Vingt-deux ans plus tard, voici Sti.ll, fruit de la longue collaboration entre le compositeur et l'arrangeur-producteur Joseph Branciforte, qui dirige le label Greyfade. Ce dernier a méticuleusement reconstruit l'œuvre, réécrit une partition pour un ensemble purement acoustique, suivant un processus analogue à celui qui a donné naissance à Three Cellos de Kenneth Kirschner. Il s'agissait de transposer les explorations de Taylor Deupree dans le domaine de l'extrême répétition et de l'immobilité dans le monde de l'interprétation acoustique. On retrouve les quatre longs titres de Stil, avec des durées très proches, mais cette fois pour un ensemble de clarinette(s), vibraphone, violoncelle, contrebasse, flûte, harpe de genou et percussion. Les interprètes sont des musiciens new-yorkais, Taylor Deupree et Joseph Branciforte eux-mêmes.

Joseph Branciforte et Taylor Deupree (debout derrière)

Joseph Branciforte et Taylor Deupree (debout derrière)

Au Jardin des tranquilles Ravissements...

   "Snow-Sand" (pour clarinettes, vibraphone, violoncelle et percussion) est la première pièce somptueuse de cette réécriture : velouté des clarinettes, tintements du vibraphone, violoncelle en bourdon, le tout légèrement rythmé, tout cela crée une masse mélodieuse de boucles et variations, celle du sable-neige du titre. Souffles et chuintements animent le flux minimaliste et répétitif, suavement vivant.

   "Recur" (pour guitare, violoncelle, contrebasse, flûte, harpe de genou et percussion) est à la fois plus agitée et plus mystérieuse. Sons discontinus et tenus créent une trame contrastée, qui se densifie vers le milieu de la pièce avec des boucles superposées, intriquées en crescendo, puis decrescendo sur la fin. Quelle magnifique puissance incantatoire !

    Avec "Temper" (titre 3, pour clarinettes et secoueur), la musique se fait presque clapotante, puis est rythmée par une triple frappe percussive. Les clarinettes sinuent, accompagnée de petits "signaux" aigus, créant un fond changeant à peine. C'est une composition radicale, proche de l'un des idéaux des minimalistes : donner à entendre des nuages dont les formes bougent insensiblement. Fascinant !

  "Stil." (pour vibraphone et grosse caisse) nous transporte en eaux profondes. Les premières mesures m'ont fugitivement évoqué certaines pièces de Gavin Bryars, comme "Vespertine Park". Vibraphone et percussion sont presque confondus dans une trame bourdonnante, vibrante, micro-carillonnante, du Steve Reich réécrit par Éliane Radigue ! "Still" signifie toujours, encore, calme, immobile, tranquille, le silence. Privé du second "l" - remplacé par un point, le mot n'était plus fini, le point étant comme l'origine de la méditation. Ce point métaphysique que l'on retrouve d'ailleurs dans le nouveau titre de l'album Sti.ll, c'est une trouée, une ouverture, par où le vide du moyeu de la roue cosmique manifeste la lumière absolue de l'extase, avec laquelle les quatre titres ont rendez-vous.

-----------------

Un chef d'œuvre. Toujours modeste, Joseph Branciforte n'apparaît pas sur la couverture, s'effaçant devant le compositeur initial. Cette réinvention magnifique est pourtant le résultat de leur travail commun.

 

Paru en mai 2024 chez Greyfade (New York, New York) / 4 plages / 1 heure et 1 minute environ / FOLIO à couverture rigide avec téléchargement en haute-résolution inclus [ comme pour Three Cellos ]

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

Lire la suite

Publié le 8 Novembre 2024

Ezekiel Honig - Unmapping the Distance Keeps getting Closer

   Installé à New-york, Ezekiel Honig est le fondateur des labels Anticipate Recordings et Microcosm. Sa musique électronique incorpore un certain nombre d'enregistrements de terrain qui lui donnent une assise géographique certes indéfinie, mais font de son disque Unmapping the distance keeps getting closer (Dématérialiser la distance la rapproche) comme une promenade dans une ville, ou une forêt aussi bien, lieux à la fois proches et mystérieux.

Ezekiel Honig

Ezekiel Honig

J'ai mis un certain temps à rentrer dans le disque. Chaque titre est enveloppé d'un halo trouble. Les instruments (piano, cuivres, sons électroniques) sont presque indiscernables, les rythmes sont brisés, si bien qu'on a parfois l'impression qu'il pleut (cf. "Editing Is A Lifelong Process", titre 6). Les graves deviennent aisément des bourdons, la musique semble respirer dans un environnement saturé, ouaté. Et c'est ça justement qui est beau, ce bain dans une musique semi-liquide, brumeuse, dégoulinante d'une mélancolie finalement majestueuse.

     Oui, on dirait aussi la bande son d'un film ("Soundfilm", titre 7), un film sauvé de la destruction, restauré, mais traversé de chuintements, de poussières. Le piano vient de tout près, et en même temps d'un passé lointain. La musique colle au paysage, au point que tous les deux prennent une dimension fantomatique ("Taking It Apart", titre 8). Le battement tranquille qui rythme le morceau le maintient paradoxalement dans l'irréel, ce serait l'accompagnement idéal de la contemplation d'une toile d'Alberto Giacometti : quelque chose cherche à se matérialiser, mais reste entre-deux, prudemment. Parvenu au titre neuf ("Unmapping the Unmapping"), on se laisse porter par cette musique glauque et caressante aux lentes volutes tremblantes. On nage dans l'appartement noyé d'ombre pendant le dernier titre ("Moving Through the Apartment"), comme un poulpe au fond de l'océan, auquel parviennent encore quelques souvenirs de la surface. Un peu comme dans une cathédrale engloutie, doucement illuminé par une lumière vacillante, épaissie par la profondeur. C'est très prenant, très émouvant.

------------------------

Une musique ambiante amortie, tamisée, qui peu à peu impose un univers à demi-enseveli où la réalité se défait et rayonne d'une grande beauté mélancolique.

Paru le 20 septembre 2024 chez 12k (New-York, New-York) / 10 plages / 37 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

Lire la suite

Rédigé par Dionys

Publié dans #Musiques Ambiantes - Électroniques

Publié le 7 Novembre 2024

Ken Field - The Canopy

    Saxophoniste, flûtiste, percussionniste et compositeur, Ken Field dirige le Revolutionary Snake Ensemble, un orchestre de cuivres inspiré par la musique de la Nouvelle-Orléans et participe à de nombreux projets autour du jazz. Mes lecteurs s'étonneront : du saxophone, du jazz dans ces colonnes ! Ce n'est pas fréquent, je le reconnais. Mais j'ai été séduit par le charmeur de serpent, que voulez-vous...

The Canopy répond à une commande de la danseuse et chorégraphe Joanie Block pour son spectacle Under the Canopy, orienté vers les expressions de l'amour, de la perte, de la force morale des membres de la communauté de danseurs de Boston. N'ayant pas vu le spectacle, je ne rends compte que de mon écoute...Précisons que Ken Field joue de tous les instruments, qu'il a tout arrangé et enregistré.

Ken Field

Ken Field

   Des maracas, puis entre le saxophone : c'est "The Serving", quasi solo très orientalisant. Le charmeur nous fait entrer dans la danse par une mélopée simple et chaleureuse. On est d'autant plus surpris par le second titre, "Also Known As", aux guitares superposées : pièce presque méditative, aux résonances magnifiques. Un trio de saxophones enchante "Laevinic Defeat" (titre 3), rythmé par une percussion sourde et une percussion manuelle (sorte de maracas, à nouveau) : c'est une rêverie langoureuse, mystérieuse.

 

"Culture" associe en trois brefs mouvements enchaînés marimba, flûte, clarinette de bambou (?) et une boucle de clavier dans une composition dansante, mélodieuse, comme une invitation à la joie. Ce qui séduit dans ce disque, c'est l'évidence d'une musique concentrée sur l'essentiel, le plaisir de jouer pour nous réjouir. Écoutez "Four Words"(titre 5), un solo de saxophone au ras du souffle, de ses dérapés : une beauté simple et sans appareil. La clarinette en bambou, démultipliée, fait merveille sur "Mirror" (titre 6), somptueux andante élégiaque, tandis que sur "Day by Day" le saxophone, en trio à nouveau, tisse une toile arachnéenne (voir la couverture du disque) de souffles, comme une métaphore du temps qui passe et se dissipe dans les airs. "Deluge"(titre 8) se démarque par le retour du clavier (piano), puis de la flûte. La pièce est essentiellement un duo, lui-même au moins dédoublé : l'après-midi d'un faune, cache-cache espiègle et poursuite. Délicieuse composition. Le disque se termine avec sa plus longue pièce (plus de sept minutes), "Darkness into Light", sorte de fugue pour trois saxophones, d'une suavité tour à tour alanguie et vive, étourdissante, dans laquelle pointe une mélancolie bouleversante.

---------------------------

L'air de rien d'abord, un très beau disque, sensible et pur.

Paru en septembre 2024 chez Neuma Records (Saint-Paul, Minnesota) / 9 plages / 30 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp:

Lire la suite

Rédigé par Dionys

Publié dans #Saxophone(s), #Pour la danse, #Jazz et alentours

Publié le 6 Novembre 2024

Louie.Lou - Ljusår

Louie.Lou, nom d'artiste de la musicienne suédoise Louise Ölund, se donne pour objectif de composer une musique à mi-chemin entre art musical et électroacoustique. Son passé punk et folk l'incline à brosser des paysages sonores en clair-obscur, avec une prédilection pour le sombre, le noir, le dramatique. L'orgue est son principal instrument. Elle y ajoute enregistrements de terrain, boucles, synthétiseur et voix. Elle voudrait effacer la frontière entre l'animal et l'humain, se tenir à l'orée, à la lisière de la forêt, ...

Louie.lou photographiée par © Johan Döden Dahlroth

Louie.lou photographiée par © Johan Döden Dahlroth

...à la lisière de l'éternité... 

    Le titre du disque, Ljusår, signifie « Années-lumière », c'est là qu'elle se tient, pour « commencer une fin » ("En början ett slut", titre 1) Presque huit minutes d'orgue profond, voilé, en longues notes tenues, avec au premier plan dans la première moitié un motif de synthétiseur (?) en boucle. C'est quelque chose qui s'en va, qui n'en finit pas de sombrer. Magnifiquement sombre, de la musique gothique qui se drape dans les noirs !

   "Evighetssyster" (Sœur d'éternité) confirme le talent de Louie.lou pour les ambiances impressionnantes. Cliquetis, gargouillis accompagnent un bourdon d'orgue pulsé, comme le survol des marais du Styx par des oiseaux inquiétants que l'on entend battre des ailes métalliques en claquements courbes, et l'orgue se lève, majestueux, sur ce paysage désolé. La Lumière se bat avec les Ténèbres épaisses, visqueuses.

    "Is i fjäderdräkt" (Glace en plumage, titre 3) est une sorte d'hymne ténébreux saturé de bourdons, commençant par des appels répétés de notes tenues. Des boucles se superposent, s'intercalent, donnant à la pièce une belle puissance hypnotique : le glaçage de l'orgue lisse le plumage inlassablement. Juste avant le vol ("De flygande", titre 4), plus éthéré, dans les lointains, quelques aigus taillant les cieux, mais des substances louches rodent et voilent la lumière. Pas moyen d'échapper à la matière opaque ! "Grönskan" (la verdure, titre 5) semble nous plonger enfin dans un monde plein d'oiseaux, seulement des textures grondent, se précipitent vers un néant obscur, rien ne pourra arrêter ce train infernal : à la lisière, on voit cette précipitation, cet engouffrement monstrueux du monde qui court à sa perte, indifférent à toute beauté naturelle.

Vanité des Vanités...  

   Le sons de terrain à l'ouverture de "Nya fält" (Nouveaux champs, titre 6) nous font ressouvenir de l'humain. Tout ceci est vite largement recouvert par une carapace de bourdons grondants, comme une chape disant la vanité de ce monde agité, submergé par d'autres vagues. L'orgue plane au-dessus, ramène le bruit humain à sa juste place. "Solens stråle nästan nådde" (le rayon du soleil presque atteint, titre 7), c'est d'abord un bourdon énorme, noir frangé de lumière, le rayon du soleil, peut-être. Il n'y a plus que lui, en pleine expansion. Un soleil noir, énorme, un abyme cosmique dans lequel il avance note après note enveloppé d'un halo trouble... Il n'y a plus que l'Aube Crépuscule ("Gryning Skymningsljus", titre 8), cet intervalle entre la nuit et la nuit qui est ce qui reste de jour dans le grand Nord. C'est un chant très ancien qu'entonne l'orgue, sans doute l'écho d'un air folklorique, qui revient en boucle dans cette longue composition de plus de treize minutes. La mélodie est littéralement enchâssée dans un cocon tourbillonnant, pulsant, traversé de voix déformées, de déchirures : absolument envoûtant !

-----------------------

Un superbe disque d'ambiante sombre, auquel l'orgue donne une dimension métaphysique grandiose.

 

Paru en octobre 2024 chez Lamour Records (Gävie, Suède) / 8 plages / 56 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

Lire la suite

Rédigé par Dionys

Publié dans #Ambiante sombre, #Orgue, harmonium en majesté

Publié le 4 Novembre 2024

   J'étais parti pour un inventaire des disques dont j'ai rendu compte. Mais il y en avait tellement, que j'ai décidé d'opérer une sélection de sélection, en somme. Même Steve Reich, mon adoré Steve Reich, est passé à la trappe, c'est dire. Que les autres "oubliés" me pardonnent en songeant au sort du Maître ! J'ai voulu souligner des tendances, tout en réaffirmant la variété des horizons musicaux présents dans ce blog. La couleur et la taille des polices des compositeurs ne sont pas indifférentes. La présence du rouge dans chaque bloc dit assez que le classement a ses limites. Tous les disques sont beaux, très beaux, sublimes...

   Liens vers les articles sur les titres des disques. Pour alléger l'ensemble, j'ai renoncé aux illustrations de couverture (sauf pour le premier groupe) et aux extraits musicaux.

56 disques / 40 maisons de disques.

Les disques de l'année 2022Les disques de l'année 2022
Les disques de l'année 2022Les disques de l'année 2022Les disques de l'année 2022

  1/. Le cœur se fend, vole l'âme...

Reinier van Houdt              drift nowhere past / the adventure of sleep  

                                                                                                          (elsewhere mlusic)  

All That We See or Seem    (sans titre)                                (Miasmah Recordings)

Svarte Greiner                      Devolving Trust                             (Miasmah Recordings)

Christopher Cerrone          The Air Suspended                       (New Focus Recordings)

Annkrist  [réédition]                      Enchantée                                         (Cristal Iroise)

 

2/. Éliane ma sœur, à la recherche du Son des Sons...

Éliane Radigue & Frédéric Blondy   Occam XXV             (Organ Reframed)

Quentin Tolimieri                  Monochromes                            (elsewhere mlusic)

Jürg Frey                              Lieues d'ombres                        (elsewhere mlusic)

Cyprien Busolini / Bertrand Gauguet  Miroir                    (Akousis Records)

Greg Davis                              New Primes                                   (Greyfade)

 

3/a. Lointains intérieurs...

Jozef van Wissem             Behold ! I Make All Things New   

                                                                                                     (Incunabulum Records)

Giulio Aldinucci             Real                                            (Karlrecords)

Aviva Endean                       Moths & Stars                            (Room 40)

Martin Taxt                      Second Room                                 (Sofa Music)

Linnéa Talp                       Arch of Motion                             (Phanatosis Produktion)

Gammelsæter & Marhaug      Higgs Boson                      (Ideologic Organ)

Yves Daoust                       Docu-fictions                                  (empreintes DIDITALes)

Ale Hop                        Why Is It They Say A City Like Any City.   (Karlrecords)

 

3/b. La langue incante :  "il n'y eut plus que des forêts défaites"...

Sophia Djebel Rose          Métempsychose                       (Red Wig / Oracle)

3/c. Musiques à vif, Visions du Chaos...

Christine Abdelnour & Andy Moor      Unprotected Sleep

                                                                                       (Unsounds Records)

OLO                              Neige Noire                                     (Midira Records)

Simona Zamboli                    A Laugh Will Bury You           (Mille Plateaux)

 

4/a. Le piano des grands artistes fait nos délices...

William Susman  (piano : Nicolas Horvath)           Quiet Rhythms Book I                                                                                                           (Nicolas Horvath Discoveries)

Stephan Ginsburgh           Speaking Rzewski                      (Sub Rosa)

Philip Glass (piano : François Mardirossian) Études pour piano      
                                                                                                                              (Ad Vitam)

Alan Hovhaness (piano : François Mardirossian)

                                          Œuvres pour piano                        (Ad Vitam)         
Hans Otte / John Cage (piano : Kristine Scholz)               

                                       K. S. plays Otte and Cage              (Phanatosis Produktion)

4/b. Le piano encore, lentement ou pas, seul ou pas...

Richard Carr            Landscapes and Lamentations            (Neuma Records)

Robert Haigh                   Human Remains                          (Unseenworlds) 

Anastassis Philippakopoulos   piano 1 piano 2 piano 3       (Wandelweiser Records)

Nick Storring                   Music from Wéi 成为                     (Orange Milk Records)

 

5/. Fresques électroniques et acoustiques

Yann Novak            Reflections of a Gathering Storm         (Playneutral)

Madeleine Cocolas             Spectral                                    (Room40)

Gintas K                                    Lèti                                                                                                                                      (Crónica)

Instruments of Happiness      Slow, Quiet Music In Search of Electric Happiness                                                                                                  (Redshift Records)

Nick Vasallo                        Apophany                                   (Neuma Records)

Maria Moles                      For Leolanda                              (Room40)

Christina Giannone              Zone 7                                     (Room40)

Jana Irmert                    What Happens at Night                  (Fabrique Records)

Lawson & Merrill             Signals                                        (Neuma Records)

Siavash Amini & Eugene Thacker    Songs for sad poets     (Hallow Ground)

Luca Forcucci                        The Room Above                     (mAtter)

Christoph Dahlberg            Blackforms                              (Teleskop), acoustico)

[Compilation ]                     Epiphanies                               (Hallow Ground)

Tom Lönnqvist                    Aria                                           (Mille Plateaux)

 

6/. Vertiges, pulsations, envoûtements...

Slagr                                    Linde                                           (Hubro Music)

Mannheimer Schlagwerk   The Numbers are dancing     (Solaire Records)

John Mcguire                    Pulse Music                             (Unseen Worlds)

Radboud Mens                 Continuous Mouvement           (ERS Records)           

Nihiti                                 Sustained                                 (Lo Bit Landscapes)

Maninkari                       Inner Film                                  (autoproduit)

William Fowler Collins        Hallucinationg Loss     

                                                                          (Sicksicksick Distro / Wertern Noir Recordings)        

 

7/. Le ciel brûle comme du Métal fondu...

Nadja / Aidan Baker            Nalepa                                       (Midira Records)

Houses of Worship                   Migration                                (Midira Records)

The Leaf Library + Teruyuki Kurihara   Melody Tomb    (Mille Plateaux) 
 

8/. Mystérieuses semblances mélancoliques

Benedikt Schiefer              Universal Kiss                   (autoproduit)

 

---------------------------

Terminer sur un baiser universel ! Je vous souhaite de charmants*embrasements !

charmants : au sens premier du verbe "charmer" !

Lire la suite

Rédigé par Dionys

Publié dans #Classements, #inactuelles

Publié le 21 Octobre 2024

Mazza Vision - Ohm Spectrum

Claude Pailliot et Gaëtan Collet, deux musiciens  s'intéressant aux arts électroniques et membres fondateurs de Tone Rec et Dat Politics, se lancent avec Ohm Spectrum dans un nouveau projet baptisé Mazza Vision. Si l'électronique est bien présente avec synthétiseur et échantillonneur, elle côtoie des sons de terrain, des instruments acoustiques comme la guitare, l'orgue, la basse, l'accordéon, et surtout la batterie, ce qui est peu fréquent dans ce domaine. C'est même cette dernière qui donne le son particulier de cet album, un drôle de rock ambiant, atmosphérique et doucement allumé. Avec de longues traînées d'orgue ("Sun Riser, titre 2), une tendance glitch sur "Dynamic Field" (titre 1) aux textures brouillées, leur musique crée des paysages sonores vacillants, dynamiques, mélodieux, qu'on se surprend à réécouter avec grand plaisir. Le début très expérimental de "Pulse Random Fix" (titre 3) cède vite la place à un voyage interplanétaire aux irisations tournoyantes, batterie et autres percussions découpant la trajectoire en multiples tronçons à fleur de bourdon !

"Flicker Day" (titre 4) s'abandonne à des climats étranges et colorés :  synthétiseur trouble et orgue presque diaphane chantent un rituel d'envoûtement accompagné de picotements percussifs et d'un cœur qui bat. Ce serait du rock, un rock psychédélique dans les allées irréelles du Temps. "Monogram" (titre 5) est le titre le plus étonnant, au début véritable raga avec voix de chant Dhrupad, que l'intrusion bruyante de la batterie ne parvient pas à casser tant les autres instruments composent comme une tresse harmonique, puis se fondent dans une pulsation douce et veloutée au ras de bourdons somptueux. C'est une immense corolle qui s'évase lentement dans la splendeur de l'aube...

   Le dernier titre, "Hot Noise Circle", greffe sur un début bruitiste une comète d'orgue et de sons électroniques étirés ponctuée par une batterie d'abord sage, puis sèche et claquante.

-------------------

Un album séduisant d'ambiante étrange, un peu illuminée, mâtinée de souvenirs de rock et de touches expérimentales.

Paru en septembre 2024 chez Sub Rosa Label (Bruxelles, Belgique) / 6 plages / 38 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

Lire la suite

Publié le 18 Octobre 2024

Une pièce musicale,

une photographie personnelle

I

Porte à Patmos / Photographie personnelle © Dionys Della Luce
Porte à Patmos / Photographie personnelle © Dionys Della Luce

 

Lire la suite

Rédigé par Dionys

Publié dans #Ambiante sombre, #Phtographies personnelles

Publié le 17 Octobre 2024

Ekin Fil - Sleepwalkers
Ekin Fil - Sleepwalkers
   Somnambules jusqu'à la fin des temps...

    Septième opus de la musicienne turque Ekin Fil chez The Helen Scardale Agency, Sleepwalkers (Somnambules) est un astéroïde à déguster dans le noir pour en capter tous les rayonnements. Voix éthérées perdues, nuages épais d'effets, de  distorsions, composent un paysage nébuleux tapissé de bourdons (drones), à mi-chemin du rêve et du cauchemar. L'incroyable enchevêtrement sonore de "Stone Cold" (titre 2), dans la lignée d'un Tim Hecker, est paradoxalement (si l'on songe au titre) en proie à une lente combustion, puis à un embrasement de textures brouillées. Dans "Reflection", deux orgues noyés dialoguent au milieu de vagues noires, avec une étrange voix, d'abord déformée puis naturelle, qui semble leur répondre. Je pense en écoutant cette musicienne installée à Istanbul à la fameuse citerne basilique construite sous le règne de l'empereur Justinien. On dirait que la musique vient de là, des profondeurs mythiques... 

    La version 2 du morceau éponyme (titre 4), confronte la voix fragile d'Ekin (je suppose) à une nappe ondulante saturée de bourdons, piquetée de fines vibrations percussives : de toute beauté ! Le grondant et doucement grandiose "Gone Gone" nous emporte loin dans sa traîne lente aux mille voiles. Le monde n'a jamais existé qu'en rêve !

Paru en juin 2024 chez The Helen Scardale Agency (Californie) / 5 plages / 40 minutes environ

Pour aller plus loin

- album en écoute et en vente sur Bandcamp :

Lire la suite